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Une des promesses de campagne de François Hollande était le prélèvement des impôts à la source.
Une des promesses de campagne de François Hollande était le prélèvement des impôts à la source.
©Flickr

Le Nettoyeur

Après les Assises de la fiscalité des entreprises mercredi, Matignon installe ce vendredi matin le groupe de travail chargé de réfléchir à une remise à plat de la fiscalité des ménages.

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry est journaliste pour Atlantico.

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Une des promesses de campagne de François Hollande était le prélèvement des impôts à la source. Certains espéraient que cette promesse pourrait être appliquée. Aujourd'hui, le gouvernement l'a enterrée.

Il semble qu'avec son virage social-libéral, François Hollande a décidé de piquer les idées de la droite... Surtout les mauvaises idées. Avec la baisse de la dépense et la fusion des régions, le prélèvement de l'impôt sur le revenu à la source est typique de ce que j'appelle “les fausses bonnes idées des réformateurs.”

Kézako ? Les “réformateurs” c'est le nom que j'ai inventé pour ceux, le plus souvent à droite (mais pas que), qui n'ont qu'un seul mot à la bouche : “réformer.” Il faut réformer la France, le problème de la France c'est qu'elle est irréformable, etc. Et bien sûr, “tout le monde sait” quelles sont les réformes à faire. Ces “réformateurs” sont souvent appelés “libéraux” par les non-réformateurs, mais les réformateurs, s'ils prennent parfois ce nom, n'y tiennent pas trop : et c'est normal ; en fait, leurs idées ne sont que rarement libérales. A la place, ils ont souvent des mots comme “compétitivité” à la bouche et pensent que le marché et les entreprises, c'est la même chose. Bref : vous voyez le genre.

Donc, une des marottes des réformateurs, c'est le prélèvement à la source. Pourquoi ? Parce que c'est plus “simple”! (Ah.)

Mais aussi (et ça fait frétiller le réformateur) parce que ça permettrait de supprimer des postes de fonctionnaires. En effet, avec le prélèvement à la source, ce n'est plus aux fonctionnaires de contrôler le revenu des individus, c'est à leurs employeurs. Ca coûterait beaucoup moins cher de prélever l'impôt. Et puis on pourrait “dégraisser” Bercy.

Quel est le problème ?

Le problème, c'est que c'est vraiment regarder le problème de la fiscalité par le plus petit bout de la lorgnette. Un réformateur, vous lui dites que ça supprime un poste de fonctionnaire, il vous nationalise tout un secteur.

Voilà la chose qu'il ne faut pas dire, mais qui est vraie : il faut que l'impôt fasse mal.

La France finance un Etat proprement gargantuesque. Une raison à ne pas sous-estimer pour laquelle c'est possible est que l'Etat est très doué à rendre l'impôt inodore et incolore, de manière à ce que le contribuable qui finance cette redistribution ne se rebelle pas. La France est le pays qui a inventé la TVA. La France est également le pays où les charges sur les salaires sont les plus élevées - et qu'est-ce que les charges sinon un impôt sur le revenu prélevé à la source ?

Et on voit là tout le problème ! Les salariés n'ont pas l'impression que les charges qu'ils payent viennent de leur poche. J'admets volontiers que je ne peux pas le démontrer, mais je suis persuadé que si on versait aux salariés toute leur rémunération (ce qui est plus encore que le salaire “brut”) et qu'on intégrait les charges dans l'impôt sur le revenu, il y aurait une révolte fiscale en France du jour au lendemain. Les gens se rendraient enfin compte de ce qu'ils payent, et pour quoi.

Cette idée de retenue à la source est vraiment contre-productive et un exemple typique des fausses bonnes idées des réformateurs.

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