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François Fillon : on attendait de Gaulle, on a une candidature à la Coluche
©JOEL SAGET / AFP

One man show

Le maintien de François Fillon n'a tellement pas de sens qu'il doit en avoir un. Je propose la performance d'art contemporain ou la provocation situationniste à la Coluche.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Il y a une théorie qui m'est venue pendant la nuit et je voulais la partager avec vous : l'entêtement de François Fillon à se maintenir a désormais davantage à voir avec une performance d'art contemporain ou une provocation situationniste à la Coluche qu'avec de la politique proprement-dite.

Et Fillon, au fond, n'est plus vraiment un « candidat à la présidentielle », au sens d'un individu représentant un courant d'idées, soutenu par un appareil et ayant de réelles chances de l'emporter, mais plutôt une sorte d'artiste conceptuel dont le projet est de nous amener à nous interroger sur notre rapport à la démocratie, aux institutions, à la justice, à la folie médiatique ou même au sens de la vie.

Un peu comme une Orlan, par exemple, qui modifie son corps par la chirugie dans le cadre de son combat féministe, ou un Paul McCarthy, qui érige des « butt plugs » gonflables place Vendôme pour dénoncer on ne sait quoi parce que l'art contemporain, parfois, avouons-le, c'est tout de même du pur foutage de gueule...

Même ses interventions télévisées ou ses meetings finissent par ressembler à des « happenings » où c'est ce qui est induit, plutôt que ce qui est montré, qui a vraiment de l'importance. Tenez, l'autre jour, il convoque la presse, la fait lanterner une demi-heure en direct sur BFM-TV et iTélé, et, au lieu d'annoncer qu'il jette l'éponge et rentre au pays des rillettes, ce qui semblait évident pour tout le monde, explique au contraire que c'était juste pour dire bonjour et que sa campagne se passe très bien, ça va, merci. Circulez y a rien à voir ! Et ce dimanche, c'est une poignée de mercenaires de la « manif pour tous » qu'il réunit place du Trocadéro pour conspuer la justice au nom de l'ordre républicain qu'il était censé vouloir rétablir.

Allez comprendre !

Il est possible, et même certain en fait, que François Fillon ait été, à un moment, le porteur d'un projet politique contestable mais légitime validé par une primaire à quatre millions d'électeurs. Il est patent qu'il n'est plus, aujourd'hui, qu'un type empêtré dans de sales affaires de captation d'argent public, de trafic d'influence et d'abus de biens sociaux dont le maintien façon Fort-Chabrol est le meilleur moyen de faire échouer le retour de son camp aux affaires. Du point de vue de LR, et au vu du rythme auquel ses supporters se font la malle, la solution est devenue le problème.

Mais il s'en balance, l'artiste. Et même, il s'en réjouit, si ma théorie est fondée et qu'il a volontairement transformé sa campagne en remake de celle de Coluche en 1981. La seule vraie candidature anti-système, quoi... Ça ne serait d'ailleurs pas une si mauvaise chose au bout du bout : le comique en salopette, lui, avait su se souvenir que les meilleures plaisanteries sont aussi les plus courtes.

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