En Nouvelle-Calédonie, La France insoumise conflictualise même le droit de vote<!-- --> | Atlantico.fr
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La violence urbaine, voie de garage pour le processus démocratique ?
La violence urbaine, voie de garage pour le processus démocratique ?
©Theo Rouby / AFP

Globe-trotters

Après Montargis, Mayotte, Gaza et Malmö, le « Tout conflictualiser Tour » fait étape à Nouméa. Tout ça n'est pas très Pacifique...

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Ça ne bastonne à Nouméa que depuis 48 heures, mais les Insoumis sont déjà en place pour jeter de l’huile de coco sur le brasero. Je ne sais pas qui est le « tourneur » qui pro­gramme leurs récitals, mais on peut dire qu’il a du nez pour le choix dans la date…

D’un autre côté, leur parolier en chef est tellement doué que ses lyrics s’adaptent à toutes les situations sans avoir à en modifier la moindre strophe et ça facilite pas mal l’in­tendance : que ça crame à Montargis, à Mayotte, à Gaza ou à Malmö, et c’est toujours la même rengaine sur ces dominants capitalo-colonialistes qui, par leurs provocations, forcent des marxistes qui s’ignorent à danser la carmagnole en en appelant au Grand Soir. 

Ce n’est même plus aller vers « l’Orient compliqué avec des idées simples », c’est carré­ment quadriller la planète avec des idées fixes.

La seule comparaison qui vaille pourtant entre Moyen-Orient et Pacifique Sud, pour s’ar­rêter à cet exemple, c’est qu’il faut un minimum de background et de subtilité pour com­prendre ce qui s’y joue. Et dans cet archipel du bout du monde, où l’on rabâche régulière­ment par la voie des urnes et depuis bientôt 40 ans qu’on veut rester marié à la France en dépit d’un « corps électoral » réduit aux acquêts, c’est pour le divorce le plus acrimonieux possible qu’on milite côté gauche radicale.

Michel Rocard, un Premier ministre dont la vocation était, à l’inverse de celle de Mélen­chon, de tout déconflictualiser, était ainsi parvenu à déminer une situation réputée inso­luble dès 1988, transformant un quasi-conflit armé en processus démocratique au long cours dont l’issue serait déterminée par trois référendums successifs organisés en marge d’un rééquilibrage des rapports de force institutionnels et socio-écono­miques entre communautés...

Résultat, ce territoire pauvre, fondamentalement inégalitaire et ethniquement ségrégué, s’est métamorphosé en une région au PIB par habitant à peine inférieur à celui de la Métropole, talonnant celui de la Nouvelle-Zélande, et laissant sur place celui de ses voisins immédiats indépen­dants, certes, mais jusqu’à dix fois moins prospères. Les institutions sont devenues in­comparablement plus inclusives, pour les Kanaks (40 % de la population) comme pour le reste d’une population ethniquement très diverse et, si d’immenses difficultés persistent, elles ne sont plus si différentes de celles des « économies de comptoir » comparables, c’est à dire de ces territoires faiblement peuplés, géographiquement isolés, produisant peu et important beaucoup. 

Le genre de problème qu’on règle plus facilement par la coopération démocratique et la bonne volonté qu’en édifiant des barricades ou en balançant des boulons sur des CRS, et certainement pas en interdisant à un électeur sur cinq, fut-il né sur place ou implanté depuis au moins dix ans, d’avoir voix au chapitre. 

La Fi, jusqu’ici partisane du droit de vote pour tous, étrangers compris, et légendairement réfrac­taire aux privilèges conférés par la seule référence aux ancêtres, aurait-elle été contaminée par @Fdesouche ?

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