Ecole de l'entrepreneuriat : et si c'était en réalité une bonne idée ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Fleur Pellerin souhaite lancer une école de l'entrepreneuriat.
Fleur Pellerin souhaite lancer une école de l'entrepreneuriat.
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Moins bête qu'il n'y paraît

Fleur Pellerin, ministre déléguée aux PME et à l'Innovation, a proposé la création d'une école de l'entrepreneuriat qui faciliterait la création d'entreprises aux personnes plus vulnérables sur le marché de l'emploi.

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry est journaliste pour Atlantico.

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A (re)lire sur ce sujet : Ecole d'entrepreneuriat : entre les entrepreneurs potentiels et les administrations en charge de l'économie, qui aurait le plus à apprendre ?

Lorsque Fleur Pellerin a lancé l'idée d'une école de l'entrepreneuriat, beaucoup dans le monde des entrepreneurs ont ri. L'idée que l'entrepreneuriat peut s'apprendre sur les bancs de l'école, comme on apprendrait la physique ou l'histoire, a peu d'arguments pour elle. Et, plus généralement, ça ressemblait à une caricature de la vision de la société à la française, où le statut découle des études qu'on a fait à 18 ans, et où il n'y a pas de salut hors du diplôme. Certains ont fait remarquer que presque toutes les grandes écoles françaises et de nombreuses universités ont aujourd'hui des formations en entrepreneuriat, et que ce n'est donc pas une nouveauté.

Mais à y regarder de plus près, cette idée a du mérite. En effet, dans l'interview au Figaro où elle lance l'idée, voici ce que dit Fleur Pellerin : “elle pourrait prendre la forme d'une plate-forme largement dématérialisée, ouverte à tous les profils - y compris ceux qui n'ont pas fait d'études - et à tous les âges. Ce serait une école pour tous où l'on trouverait aussi bien des formations de droit ou de compatibilité que des techniques pour créer son site Internet ou choisir la forme juridique de sa société. Cela pourrait prendre la forme d'un partenariat public-privé”.

En fait, Fleur Pellerin pense moins à une “Ecole Nationale de l'Antrepreneuriat” qu'à une sorte d'université en ligne ou, mieux, une sorte de portail d'informations pour donner des outils à chacun.

Cette idée a plusieurs avantages. D'abord, elle se rapproche de la vision de l'enseignement supérieur que devrait adopter la France. Comme je l'ai écrit, la révolution de l'enseignement supérieur qui se dessine passe par Internet, et c'est un train que la France devrait prendre, et même anticiper.

Ensuite et surtout, ça ne peut pas faire de mal. Une critique possible de l'idée de Fleur Pellerin est que ce qu'elle propose existe déjà. Contrairement à ce que pensent les hauts fonctionnaires, l’initiative privée marche vraiment bien, et il y a pléthore d'informations pour lancer son entreprise. Oui, mais cette information est disparate, très souvent en anglais (pas gênant pour les startuppers, mais ils sont loin d'être le seul public concerné par l’entrepreneuriat), pas toujours mise à jour ou même correct (je pense aux diverses informations juridiques/fiscales qu'on peut trouver ça et là). Bref, il y a un “trou” dans le marché. Pour le combler, il faudra un bon produit, et rien ne garantit que le gouvernement ou son “partenariat public-privé” pourra nous en sortir un. Certes, mais au pire, ça ne fera pas de mal. Et au mieux, ça peut être un outil carrément utile. Ca vaut le coup de tenter quelque chose.

C'est peut être même une bonne chose parce que, tant que Fleur Pellerin se concentre à faire son école de l'entrepreneuriat, elle ne peut pas faire de mal ailleurs. Les PME et l'entrepreneuriat ont souffert de l'action du gouvernement : politique d'austérité, augmentations diverses d'impôts, fracassage du statut d'autoentrepreneur, mise à mal de l'état de droit... Puisqu'il semble qu'en France le gouvernement est obligé de toujours s'agiter, qu'il s'agite au moins sur quelque chose qui ne peut pas faire de mal !

Cette idée devra éviter les nombreux écueils qui se dessinent devant lui : une vision trop “verticale”, sorte de CNED de l'entrepreneuriat avec des diplômes, plutôt qu'une vision “horizontale”, plateforme apportant des ressources à chacun ; une mauvaise exécution, créant un problème inutile.

Mais, en tous les cas, l'idée a du mérite. Tous les entrepreneurs devraient espérer que l'école de l'entrepreneuriat de Fleur Pellerin sera un succès. Et sinon, au pire, ça ne nous fera pas de mal.

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