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DSK en caleçon, Sarko en espèces, Hollande et Ségo à oilpé
©DR

Revue de presse des hebdos

Des gouttes de sang dans le caleçon de DSK, des espèces sonnantes et trébuchantes pour le candidat Sarkozy, des révélations sur le couple Hollande/Royal… A huit mois de la présidentielle — un mois de la primaire, ça balance sec et dru. Et ça ne rassure guère.

Barbara Lambert

Barbara Lambert

Barbara Lambert a goûté à l'édition et enseigné la littérature anglaise et américaine avant de devenir journaliste à "Livres Hebdo". Elle est aujourd'hui responsable des rubriques société/idées d'Atlantico.fr.

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On préfère vous prévenir : c’est la semaine des boules puantes. DSK “ blanchi ”, on espérait un coup de frais, quelque chose qui sentirait bon la lessive. Caramba, encore raté ! A huit mois des présidentielles, un mois seulement des primaires socialistes, le moins qu’on puisse dire, c’est que les coups volent déjà très, très bas. On pourrait en rire : après tout, tout le monde, à gauche comme à droite, en prend pour son grade, et puis, c’est le jeu, hein ? De là à faire de l’élection une partie de grand Guignol trash, faut voir. “ Et vite ”, comme dirait “ L’Express ”.

DSK : “ le malaise ”

Dix jours après la libération de Dominique Strauss-Kahn, dont il n’avait pas dit un mot la semaine dernière, “ L’Express ”, donc, remet le couvert et sort ce jeudi le rapport du procureur Cyrus Vance. Soit huit pages d’un document d’allure passablement barbante dans lequel on s’est plongé, pour dire la vérité, pas mal à reculons… Aiguillonné par le titre de la couverture — “ DSK : le malaise ” — et le chapô de l’article — “ Dans la perspective d’un retour, l’ex-patron du FMI doit s’expliquer. Et vite ” —, bien obligé, on s’y est collé. Et on a beaucoup maugréé : arrivé à la sixième page, on n’avait toujours rien appris que l’on ne savait déjà, à savoir que “ l’affaire n’existait que par le témoignage (de Nafissatou Diallo et que celle-ci ayant “ menti ”), elle disparaissait avec lui ”. 19ème ligne du premier paragraphe du rapport, qui, on n’a pas compté, mais en compte beaucoup…

Du sang dans le caleçon de DSK

Quid des deux pages restantes ? En voici un aperçu, dont on vous laisse juges : l’analyse de “ la moquette du couloir intérieur de la suite ” ainsi que celle du “ papier peint du mur de ce couloir ” où “ la plaignante avait affirmé que l’acte sexuel était intervenu ” a révélé “ des traces de sperme et d’amylase et contenait un mélange d’ADN de la plaignante et de l’inculpé. (…) Un prélèvement pénien fait sur l’inculpé contenait des traces de sperme et de l’ADN de l’inculpé. Il en va de même d’une tache sur le caleçon qu’il portait et qui fut saisi peu après son arrestation. Deux petites taches de sang situées sur son caleçon contenaient des traces de son ADN, de même qu’une petite tache de sang humain trouvée sur le drap du dessus de son lit d’hôtel. Ces taches se sont révélées être sans lien avec l’incident incriminé étant donné que, au moment de son arrestation, l’inculpé souffrait d’un problème dermatologique provoquant des saignements sur ses mains. Ce problème et ces saignements furent immédiatement observés par les inspecteurs ayant procédé à son arrestation et apparaissent sur les photos des mains de l’inculpé prises au moment de son arrestation. La plaignante n’a jamais dit qu’elle saignait au moment de l’incident ou que lui ou elle avait une quelconque blessure qui aurait pu saigner. De même, aucune trace de sang n’a été trouvée sur la plaignante ou sur ses vêtements ”. C’est sûr, maintenant, on y voit plus clair. 

Nafissatou portait deux paires de collants.

Faut-il continuer ? Les tests effectués sur les collants de la victime présumée — “ au moment de l’incident, (scoop !), la plaignante portait deux paires de collants (l’une plus foncée que l’autre) ” — ne sont guère plus probants. Tout au plus, on notera que “ vingt-huit jours ” avant que Kenneth Thompson “ informe les procureurs que la plaignante souffrait violemment de l’épaule et qu’elle avait besoin d’un traitement médical immédiat la rendant indisponible pour toute audition ”, Nafissatou, “ lorsqu’elle était à l’hôpital, a indiqué souffrir d’une douleur à l’épaule gauche, qu’elle évaluait à cinq sur une échelle de dix auprès de l’infirmière. Ainsi qu’il est indiqué dans son dossier médical, la douleur s’est clairement atténuée au fil des heures passées dans la salle des urgences ”. Même chose pour l’examen gynécologique de la plaignante, au terme duquel l’infirmière dépêchée par l’hôpital Saint-Luke’s-Roosevelt “ ne pouvait affirmer si la rougeur observée (sur son vagin) était la conséquence directe de l’accident ”. 

Eclairant, le long rapport de Cyrus Vance ? Pas vraiment. Restent les détails, chic et subtils. Reste, aussi, une interrogation sur la valeur de l’information qu’on nous distille. Le rapport médical de Nafissatou Diallo — publié par “ L’Express ” le 18 août — ne faisait-il pas état d’un “ traumatisme ” permettant de conclure à une “ agression ” et un “ viol ” ?

Sarkozy “ payé en espèces ”

“ L’Express ” aurait-il mangé du lion ? En même temps qu’il publie le rapport de Vance, et nous fait toucher le fond du caleçon de DSK, l’hebdomadaire publie les bonnes feuilles d’un document accablant sur les “ techniques d’élimination ” du président — de Nicolas Sarkozy, oui, oui. Signé Fabrice Lhomme et Gérard Davet, grands reporters au “ Monde ”, “ Sarko m’a tuer ” (Stock) livre le témoignage d’une dizaine de “ victimes du sarkozysme ”. Parmi elles, Isabelle Prévost-Desprez, “ présidente de la 15e chambre du tribunal de grande instance de Nanterre, chargée puis dessaisie de l’affaire Bettencourt ”. “ “ Les témoins avaient peur de parler sur PV à propos de Nicolas Sarkozy, confie la juge. (…) L’un d’eux, hors procès verbal, m’a dit qu’il avait vu des remises d’espèces à Sarko ”. La magistrate va plus loin : “ Je suis certaine que Metzner (NDLR : avocat de la fille de Liliane Bettencourt) aurait fait citer l’infirmière de Liliane Bettencourt, qui a confié à ma greffière, après son audition par moi : “ J’ai vu des remises d’espèces à Sarkozy, mais je ne pouvais pas le dire sur procès-verbal ”. Bref, ce procès représentait pour l’Elysée un risque majeur, il y avait 90 % de chances pour que ce soit déflagratoire. Il fallait me faire dessaisir, par tous les moyens. Il était impératif de me débarquer ” ”.

La comptable de Bettencourt forcée au silence

Le témoignage de Claire Thibout, “ ex-comptable de Liliane Bettencourt ” fait encore plus frémir. Après avoir révélé aux enquêteurs que “ de Maistre (gestionnaire du patrimoine de Liliane Bettencourt, NDLR) lui avait demandé de retirer 150 000 euros destinés à Eric Woerth pour le financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy ”, Claire Thibout “ part se mettre au vert ”, chez des cousins, à Fourques, “ un patelin minuscule, dans le Gard ”. “ Le lendemain matin, (…) elle trouve un message de son avocat lui disant qu’elle doit rentrer à Paris, que la police la cherche d’urgence. Puis un gendarme sonne et lui enjoint de contacter la brigade financière. Inquiète, elle appelle, mais le policier de la BF est parti déjeuner. Elle décide donc de (…) prendre un train pour Paris. A peine montée en voiture, son portable sonne : “ Restez là où vous êtes, on vous donnera la marche à suivre ”, lui intime un policier. Retour vers Fourques, donc. “ Et là, je découvre, ahurie, deux cars de CRS et plusieurs estafettes de gendarmerie devant la maison de mes cousins ! ” Et alors, et alors ?

“ Finalement, au bout de plusieurs heures d’une attente angoissée, Claire Thibout est informée par téléphone qu’une équipe de la BF va descendre de Paris tout spécialement. (…) “ Ils m’ont fait peur, ils étaient quatre hommes et une femme et ont surgi par la cuisine plutôt que par l’entrée principale. Ils ont dit à mes cousins de “ dégager ”, puis m’ont lancé : “ Vous savez pourquoi on vient ”. Flippant, non ? Suffisamment pour se rétracter, ce qu’a fait la dame : “ Je me suis dit, s’agissant du passage sur Sarkozy : “ Je ne peux pas assumer ça ”. Donc, je me suis contentée de dire qu’il “ pouvait avoir touché ”, car, comme je l’ai toujours dit, je n’avais jamais été le témoin direct d’une remise d’espèces à un politique ” ”.

Hollande, fils d’ “un père d’extrême-droite ”

Ca balance, ça balance… Même dans “ Le Nouvel Observateur ” ? Une semaine après la publication des bonnes feuilles du “ Choc ” de David Revault d’Allonnes et Fabrice Rousselot (Robert Laffont) dans lesquelles on apprenait, notamment et surtout, que Martine Aubry était une “ chieuse ” qui “ cassait les burnes de DSK ” (voir la revue de presse du 25 août), le news publie ce jeudi les extraits de “ François Hollande. Itinéraire secret ” de son “ collaborateur ” Serge Raffy (Fayard). Après Aubry, l’hebdo “ de gauche ” va-t-il se payer la tête du leader de la course aux primaires ? Telle était notre question. En découvrant la couverture, pas forcément flatteuse, consacrée au socialiste, et titrée “ Hollande secret ”, on est, en effet, pour dire vrai, resté un peu coi. Mais à quoi joue “ L’Obs ” ?, se demandait-on. Aurait-il décidé de saper les primaires ? Et de saborder définitivement le PS ?

A la lecture du premier extrait du livre, le doute ne s’est pas dissipé. Au contraire. Raffy le révèle : le père de Hollande était… “ d’extrême droite ” : “ Georges Hollande a été candidat malheureux en 1959 aux élections municipales de Rouen sur une liste d’extrême droite, écrit-il. Ses penchants pour l’avocat Jean-Louis Tixier-Vignancour, ancien camelot du roi, croix-de-feu, sont connus de tous. Tout comme son aversion profonde pour le général de Gaulle. Georges, en 1944, a été mobilisé quelques mois et garde de cette période une certaine fidélité au maréchal Pétain. Il a un mépris profond pour ceux qu’il appelle “ les résistants de la dernière heure ”. Durant la guerre d’Algérie, il ne dissimule pas ses sympathies pour l’OAS. Il les clame même haut et fort. A Rouen, son caractère bien trempé lui joue parfois des tours. Dans les milieux feutrés de la bourgeoisie locale, ses coups de menton agacent ”.

Ségo/Miss Glaçon

Grillé par son père, Hollande ? Le reste des extraits, en vérité, est tout à son “ crédit ”. “ François Hollande n’est surtout pas un idéologue, écrit Raffy. (…) Au fond, il ne croit et ne veut consacrer son énergie qu’à la stratégie de François Mitterrand : entraîner le PC dans la conquête du pouvoir et former cette Union de la Gauche qui terrorise tant la droite française ”. A l’ENA, où il crée le Comité d’action pour la réforme de l’ENA, visant à “ redistribuer une partie des avantages des “ nantis ” sur une caisse commune qui se chargera de les reverser aux stagiaires les plus désavantagés ”, il se heurte à “ Miss Glaçon ”, alias Ségolène Royal, qui, nommée à la Martinique où “ elle bénéficie d’une maison de fonction et de tous les petits avantages d’un fonctionnaire éloigné de la métropole ”, refuse de “ verser son obole ”. “ Pourquoi donc, elle qui a fait tant de sacrifices depuis des années, irait-elle se livrer à un quelconque acte de charité pour des gens qui sont nés avec une cuillère d’argent dans la bouche ? Elle l’écrit à François Hollande sur un ton ferme et définitif : “ Si l’on doit tout remettre à plat, alors, il faut prendre également en compte la scolarité depuis le bac ”. Elle n’a pas tort ”.

Ségolène prête à renoncer à la présidentielle 2007 pour “ son homme ”

De ces premiers contacts, un peu rudes, est née leur idylle, sur laquelle les extraits cités ne disent rien. On apprend en revanche que lorsque Ségolène a été nommée ministre, elle a vainement plaidé “ le cas de François ” auprès de François Mitterrand. On en apprend également plus sur “ Valérie ” Trierweiler, ses deux maris, comment la “ copine ” est devenue une “ compagne ” et comment, surtout, Ségolène Royal “ a entamé une opération “ reconquête ” de son homme. “ Nous savions qu’elle était prête à s’effacer en juin au profit de François s’il rompait définitivement avec la journaliste, confie un proche de François Hollande. Nous étions stupéfaits de cette proposition. François, le premier ” (…) Absurde, bien sûr. Pourtant, de nombreux partisans du premier secrétaire du PS prennent alors son bureau d’assaut et le supplient : “ Epouse-la ! Epouse-la… pour le parti… ” Le député-maire de Tulle, cette fois, ne tergiverse pas. Sa réponse claque comme un clap de fin : c’est non ”.

Le “ pacte ” Ségo/François

D’après Serge Raffy, “ la descente aux enfers de DSK (…) a renvoyé leurs querelles de “ divorcés ” au rang des petites banalités du quotidien. Leurs enfants n’auront pas à choisir entre l’un ou l’autre. Ces derniers sont bien décidés à attendre tranquillement le résultat des primaires. Ils se sont réunis et ont pris une position claire : ils soutiendront celui, ou celle, qui sera le ou la candidate socialiste à l’élection présidentielle ”. S’appuyant sur un autre livre, signé Marion Mourgue et Rosalie Lucas (“ Martine Aubry. Les coulisses d’une ambition ”, L’Archipel), “ VSD ” dit à peu près la même chose : “ Un proche de François Hollande assure qu’ils ont conclu un accord de soutien l’un envers l’autre après le 9 octobre. Chacun serait d’autant plus serein pour signer le pacte qu’il est persuadé d’arriver en tête ”.

Gâte-sauce, “ Le Point ” ? Si l’hebdomadaire confirme que Hollande et Royal “ se sont (bel et bien) vus en juillet, comme l’ont révélé dans leur livre les journalistes Marion Mourgue et Rosalie Lucas ”, il note qu’“ Ils ont parlé politique, sans pour autant faire alliance (…). Les rapports se sont tendus. (…) Depuis, Ségolène Royal multiplie les boules puantes à l’endroit de son ex-compagnon. Il est, dit-elle, à la tête du département (la Corrèze) le plus endetté de France, ce qui est vrai, mais n’est pas de son fait ; il est “ le substitut de DSK ”, donc illégitime ; et, quand on lui demande qui remportera la primaire, Royal répond, bravache : “ Que la meilleure gagne ! ” Quand on vous parlait de boules puantes… Le pire, c’est qu’avec tout ça — ces histoires de caleçon, d’argent liquide et de couple, qu’on aurait pensé réservées aux magazines "people", on n’a pas eu le temps, ni l’espace, de vous parler de l’essentiel, à savoir : la crise. C’est peut-être fait exprès, qui sait ?

A lire, encore, et peut-être en premier (mais c’est moins croustillant, pas vrai ?)…

“ Poker menteur aux Etats-Unis ” : “ C’est la médiocrité de la classe politique qu’a sanctionnée Standard & Poor’s en abaissant d’un cran le rating de la dette américaine ”, explique “ Challenges ”. Une leçon à retenir pour la France, dont Nicolas Baverez, argh !, dit qu’elle “ se présente comme une grosse Grèce, dont le déclin est proche de devenir irréversible ” (“ Le Point ”). Sur le sujet, on conseille “ La taxe sur les mégariches déçoit. La tranche est si limitée que le rendement sera symbolique ”, “ Les cadeaux les plus ruineux seront préservés ” et l’interview de Jacques Attali dans “ Challenges ”, à balancer avec celle de l’économiste Philippe Askenazy (“ Les Inrocks ”) et “ La leçon des Gracques aux socialistes ” (“ Le Point ”). Oui, ça fait du boulot ! Mais ça remet les idées en place, et il est temps.

Plus drôle, quoiqu’assez triste, au final : “ Bernadette, garde-Chirac ” (“ Le Nouvel Obs ”). Où l’on apprend que “ Bernie ” prend un peu (trop ?) sa revanche sur Jacques. Le tout, à la veille d’un procès dont on ne sait toujours pas s’il aura lieu avec ou sans Chirac, passablement affaibli.

Sur la Libye : “ Tripoli : l’an 1 de la liberté ” (“ L’Obs ”), “ La Libye panse ses plaies ” (“ Inrocks ”), “ Avec les nettoyeurs de Tripoli ” (“ Le Point ”) et “ Kadhafi : l’or et le sang ” (“ VSD ”).

En vrac : “ Palestine : un état au forceps ” (“ Nouvel Obs ”), “ Apple : jobs en moins, défis en plus ” (“ Challenges ”), “ Lagardère : affaires sérieuses ” (“ L’Express ”), “ La fabrique de la haine ” à propos du documentaire de Paul Moreira sur les “ propagandistes islamophobes ” qui ont influencé le “ tueur d’Oslo ” (“ Les Inrocks ”).

A ceux que les news de la semaine auraient quelque peu refroidi — il y a de quoi, et c’est pas fini ! —, on conseille la lecture du “ Spécial Vins ” du “ Nouvel Obs ”. Par les temps qui courent, le sang de la terre, y’a que ça de vrai. Même s’il ne faut pas forcément en abuser…

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