Daech : comment mène-t-on cette nouvelle guerre totale (et globale) ? ; La Grèce, à quoi joue-t-on : à un autre Lehman Brothers ou à une partie de Poker ? Shakespeare joué à Avignon : un pèlerinage païen<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Daech : comment mène-t-on cette nouvelle guerre totale (et globale) ? ; La Grèce, à quoi joue-t-on : à un autre Lehman Brothers ou à une partie de Poker ? Shakespeare joué à Avignon : un pèlerinage païen
©

Revue de presse des hebdos

Et aussi : Abu Bakr al-Baghdadi, c’est lui "le cerveau de l’Etat islamique" ; 6 mois après l’attentat de "Charlie" : le délitement ? ; Un referendum là où est née la démocratie… une folie ?

Sandra Freeman

Sandra Freeman

Journaliste et productrice, Sandra Freeman a animé des émissions sur France Inter, LCI, TF1, Europe 1, LCP et Public Sénat. Coautrice de L'École vide son sac (Éditions du Moment, 2009), elle est la fondatrice du média internet MatriochK.

 

Voir la bio »

Abu Bakr al-Baghdadi, c’est lui "le cerveau de l’Etat islamique"

Le Point met sa photo en une cette semaine avec ce titre : "L’homme qui fait la guerre au monde". Son visage ? On le connaît mal. Il paraît qu’il y a très peu d’images de lui.

Son nom ? Abu Bakr al-Baghdadi. Son rêve ? Régner sur un califat et 1 milliard de fidèles. Son profil ? Difficile à dessiner. "L’homme est un mystère", recadre Le Point après enquête, "tout ce qu’on sait c’est qu’il est né il y a 40 ans", qu’il a fait des études assez poussées à Bagdad, qu’il a plusieurs épouses (l’une d’elles aurait d’ailleurs accouché il y a quelques jours). "Le FBI a mis sa tête à prix pour 10 millions de dollars".

Et d’ailleurs, "lorsqu’il se déplace à l’intérieur de son petit empire, Baghdadi porte une cagoule. Il redoute d’être trahi".

Et ça a bien failli, nous révèle le magazine dans lequel on apprend qu’il y a quelques mois, "une cellule spécialisée dans la traque des plus hauts responsables de Daech" - Le groupe Faucon -  a failli avoir la tête de "l’ennemi public numéro 1 d’une bonne partie de la planète". Raté. Ils ont pu intervenir mais trop tard. Peut-être a-t-il été blessé mais "personne ne sait aujourd’hui dans quel état il est".

"Ce n’est pas la première fois qu’il tourne l’armée irakienne au ridicule", rappelle Le Point. L’an passé en prenant Mossoul en quelques heures (en juin 2014, donc), il avait réussi un exploit : "mettre en échec la deuxième division de l’armée irakienne et ses 12000 hommes". Cette opération éclair, qui s’est soldée par la proclamation du califat,  lui a entre autres permis de mettre la main en quelques heures sur un véritable trésor de guerre : "400 millions de dollars qui dormaient dans les coffres d’une banque de la ville"…

En Mai dernier, il y a aussi eu la prise de Palmyre… Petit à petit, il parvient à étendre son influence, "fait éclater les frontières entre l’Irak et la Syrie", "installe une sorte de djihadistan"… ce que Ben Laden n’avait pas réussi à mettre en place, rappelle Le Point.

Quid de ses méthodes ? "Glocales" !

En quoi la stratégie développée par "l’administration de la sauvagerie" rompt-elle avec le djaïnisme d’Al-Qaida ? Pour l’Obs, le chercheur Nabil Mouline répond à cette question et analyse le programme du nouveau califat. Tout est une question de territoire. Il explique : "Pour les leaders historiques d’Al Qaida, il fallait déterritorialiser le combat, penser de manière globale, et s’attaquer en priorité à l’ennemi lointain incarné par la puissance américaine". C’est en effet sur ce principe qu’ont été conçus les attentats du 11 Septembre. Mais aujourd’hui, on voit autrement : "Abu Bakr Naji, lui, veut au contraire reterritorialiser l’action djihadiste en proposant un stratégie que j’appelle glocale : on pense toujours globalement mais on agit d’abord localement".

6 mois après l’attentat de "Charlie" : le délitement ?

L’Obs propose d’ailleurs - en une du journal - de revenir sur les "six mois en enfer" - après l’attentat de "Charlie Hebdo". "Les survivants racontent". Aujourd’hui, "Charlie" ne se fait plus au café du coin, mais sous protection policière et assistante psychiatrique. L’Obs retrace les grandes dates : le 8 janvier "sous le choc", dès mi-janvier, les premières fausses notes quand "Richard Malka a appelé à la rescousse Anne Hommel, une spécialiste de la communication de crise". Mais "entre la communicante de DSK et de Jérôme Cahuzac et la bande d’anarcho-libertaires, c’est le choc des cultures". Puis "l’équipe découvre au JT de France 2 que Riss se présente désormais contre le nouveau directeur de la publication". Plus tard, la "guerre éclate", et "certains montent un collectif". Ils demandent, entre autres, le "blocage des dividendes" ou, "être associés au capital". Il y aura plus tard "l’affaire Zineb", menacée un temps de licenciement … A tout cela, se rajoute en avril, "l'exaspération", l’amertume des familles, qui demandent "au ministère de la Justice que soit constitué un comité de sages pour procéder à la répartition des dons", explique Arnauld Champrenier-Trigano, président de l’association des proches de victimes et gendre de Maryse Wolinski.

Bref, comme le titre L’Obs : "Les nerfs à vif", la famille Charlie se délite.

… Et "l’union nationale" semble aussi se déliter ?

Et au-delà de la rédaction de "Charlie", les 6 mois passés semblent avoir entamé l’union nationale. Les essais et violentes prises de position ces dernières semaines en sont des exemples. "L’Express" pose d’ailleurs la question au ministre de l’Intérieur dans ce numéro paru hier. Réponse de Bernard Cazeneuve sans ambiguïté sur la responsabilité de chacun : "L’union nationale ne relève pas d’une posture politique ? C’est une obligation éthique. La capacité de résilience d’un pays dépend de sa lucidité face au risque et de sa capacité à se rassembler autour de l’Etat. Certains acteurs irresponsables, pour des raisons d’intérêts politique et personnel, ne se conforment pas à une telle éthique. Il faut alors être responsable pour plusieurs, voire pour tous."

Comment se battre contre cette "guerre totale" ?

C’est un peu cela l’enjeu de L’Express qui met aussi "Daech" en couverture cette semaine. Il recadre la problème qui se pose à nous : « Les frères Kouachi en janvier, Sid Ahmed Ghlam en avril, Yassin Salhi en juin…" "La radicalisation des futurs terroristes a été repérée mais leur dangerosité n’a pas été évaluée à sa juste mesure", y écrit-on. Le magazine pose et tente de répondre clairement à ce qui est fait aujourd’hui.

La prévention, est-ce une mission impossible ? Selon l’enquête de L’Express, "Les structures d’alerte et de déradicalisation mises en place en France depuis un an fonctionnent plutôt bien mais elles se heurtent à l’immensité de la tâche".

Comment détecter les pulsions djihadistes avant passage à l’acte ? "Depuis la création au printemps 2014 du numéro vert 0 800 005 696 permettant de donner l’alerte, cette plateforme téléphonique a enregistré 2400 signalements". En plus, 2300 noms ont été transmis par les préfectures… En tout : "Quelques 4700 personnes au total dont 35% de femmes et 25% de mineurs dont la radicalisation inquiète la famille, les profs, les avocats, les policiers".

Une fois les profils repérés, quelle action ? Il y a des cellules créées dans chaque département et depuis quelques semaines, une "brigade mobile de déradicalisation" pilotée par le CPDSI de Dounia Bouzar se tient à la disposition de ces équipes départementales, parfois dépassées, pour leur transmettre sa "méthode de désembrigadement à la française" qui s’appuie notamment sur les témoignages de "rescapés".

La prévention à la française, c’est quoi encore ?

La formation : "2500 fonctionnaires de différents ministères ont déjà appris à détecter les signes avant coureurs de radicalisation". 9000 autres devraient être formés avant 2017. Dans les municipalités et dans les prisons, on s’y met.

Voilà pour les différents territoires. Et du point de vue de l’Etat ?

A Bernard Cazeneuve, qui est interviewé dans l’Express dans ce numéro,  d’éclairer sur les moyens mis en place et leur efficacité : "La loi sur  le renseignement, par les moyens techniques et humains dont elle autorise la mobilisation, permettra de renforcer l’efficacité de nos dispositifs préventifs. Nous rehaussons les moyens les moyens de nos services avec notamment la création de 1500 emplois depuis janvier, s’ajoutant aux 500 hommes et femmes recrutés chaque année dans les forces de sécurité depuis le début du quinquennat

Par ailleurs 233 millions d’euros sont investis sur trois ans dans ces mêmes services, pour en assurer la modernisation. Enfin nous avons initié une nouvelle manière de travailler, associant toytes les forces de sécurité et les préfets dans la détection des signaux faibles. C’est une évolution culturelle3.

Est-ce que tout cela est efficace aujourd’hui aux vues de l’acte terroriste en Isère ?

La réponse apportée est clairement que aui. C’est celle du ministre de l’Intérieur: "Dans la semaine qui a précédé l’attentat en Isère, la DGSI a procédé à 14 arrestations d’individus représentant un danger extrême."

"Chaque jour, nous procédons à la mise hors d’état de nuire d’individus désireux de frapper notre pays (…) La fragilité psychologique, voire psychiatrique, de certains d’entre eux facilite le passage à l’acte. Et il peut y avoir des gens qui passent à travers les mailles du filet."

Un referendum là où est née la démocratie… une folie ?

Autre actualité majeure cette semaine dans la presse. L’Europe !

"Ils sont fous, ces Grecs !" Dans son édito des Inrockuptibles, Fréderic Bonnaud sourit en coin : "C’est tout de même exaspérant, écrit-il, ces gens qui se permettent de vous donner des leçons de démocratie ! Comme si c’était eux qui l’avaient inventée…" "En choisissant l’option referendum pour répondre au blocage des négociations avec les institutions, Alexis Tsipras a d’ores et déjà réussi un coup de maître et donné une leçon de politique à ses interlocuteurs de Bruxelles ou Washington".

"L'Europe n'y survivra pas"

Dans Marianne, on rappelle au contraire, que "devant la décision du gouvernement grec d'organiser un referendum sur les diktats financiers imposés par Bruxelles, les dirigeants européens se mobilisent pour discréditer la consultation du peuple". Ainsi, retourne-ton l’enjeu de la question posée au peuple grec : "Alors que la question posée aux Grecs est l'approbation ou non des propositions des créanciers, l'objectif est de faire croire que l'enjeu est tout autre : Si les Grecs disent non, ce sera non à l'Europe", clame ainsi Jean-Claude Juncker.

D’ailleurs Marianne se sent particulièrement engagé et investi par ce moment historique. Le magazine rappelle que "Sauver la Grèce, c'est sauver l'Europe". D’où cet appel des politiques et des intellectuels : Claude Bartolone, Jean-Christophe Cambadélis, Henri Guaino, Rama Yade, Thomas Piketty. Tous signent et avertissent : "Si les opinions retiennent de cette crise que l'expression démocratique d'un peuple ne compte pour rien (…) l'image de l'Europe n'y survivra pas."

La Grèce : un autre Lehman Brothers ? Une partie de Poker ?

Challenges, en couverture, titre sur "Le grand saut dans l’inconnu" et les risques du "non" grec. Dans ses colonnes, la parole est largement donnée à Pascal Lamy, un des concepteurs de l’euro, au côté de Jacques Delors. Sa lecture est moins alarmiste et selon lui, "la zone euro est immunisée" : "le pari d’Athènes d’organiser un referendum est un jeu tactique, une étape dans une partie de poker. Les enchères montent".

Peut on craindre un risque de contagion comme après la faillite de Lehman Brothers ? "Non, la zone euro est désormais financièrement et économiquement immunisée d’un défaut grec qui ne ferait que rendre la suite plus difficile pour eux".

Si le non passe ? "Tsipras aura réussi son pari et gagné du poids politique dans la suite de la négo".

Si le oui gagne ? "Il sera marron".

Le conseil de Lamy : "Leur problème à résoudre est dix fois moins compliqué en restant dans la zone euro qu’en s’en extrayant. Il faut aller au-delà de la négociation actuelle, de la restructuration des finances publiques et ne pas rester sous le réverbère".

L’Europe sur tapis vert : du gâchis

Dans L’Obs, Matthieu Croissandeau a "une impression de formidable gâchis" au sujet du bras de fer entra Alexis Tsipras et ses partenaires européens. "cinq ans après le déclenchement de la crise de la dette grecque, l’Europe n’a jamais paru aussi impuissante et fragile", constate-t-il, avant de rajouter : "se réinventer oui… mais pas à pile ou face, ni sur tapis vert."

Tsipras : homme politique ou activiste d’extrême gauche ?

Dans L’Obs, on en dit aussi un peu plus sur la figure de Tsipras : en privé ses plus farouches adversaires l’’admettent, "il est un homme extrêmement gentil, très sympathique". Seulement voilà, pour un éditorialiste grec, "Il n’est pas un homme politique, c’est un activiste d’extrême  gauche. Et ce sont deux choses très différentes. il ne sait pas estimer les rapports de force". En fait, ce qui lui est reproché, c’est son manque d’expérience : "il n’a jamais vraiment travaillé et n’a aucune expérience de l‘économie réelle. Alors il a beaucoup de professeurs autour de lui, mais aucun manager", s’inquiète la milliardaire Gianna Angelopoulos, interrogée par le journal.

"Shakespeare" (star de l’été)  : un pèlerinage païen, notre Histoire !

Et pour terminer, sachez que toute la presse parle aussi de Shakespeare qui se place comme la star de l’été grâce à la programmation du festival d’Avignon : "Richard 3", "Antoine et Cléopâtre" et le "Roi Lear". Trois pièces sont à l’honneur.

Pour "Télérama", "on pourrait presque parler d’un pèlerinage païen" ; "c’est que l’élisabéthain pressent, suggère et annonce nos gouffres politiques et intimes d’hier comme de demain. En racontant son siècle et ses turpitudes, c’est l’histoire entière des Hommes qu’il donne à voir. Comme dans la Bible mais sans Dieu", rajoute le magazine.

Dans les Inrocks, on souligne l’engagement du théâtre dans la société et son rôle politique en citant le texte écrit par Olivier Py, le directeur du festival… lui qui "persiste dans sa volonté de conjuguer  poésie et politique".  Ainsi, constate-t-il : "il aura fallu la tragédie du mois de janvier pour que la classe politique convienne que la culture et l’éducation sont l’espoir de la France (…) Le mot culture s’est élargi d’un coup aux définitions fondamentales de la République, de la laïcité, de la citoyenneté  et de la fraternité."

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !