Comment la guérilla biomorphique subvertit les heures, pourquoi on torture sur le bûcher des vanités et quand les papillons draguent à l’ombre des marguerites : c’est l’actualité des montres… <!-- --> | Atlantico.fr
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Cinq bulles de cristal pour piloter les heures à bord de ce vaisseau interplanétaire conçu pour les poignets humanoïdes : une des montres les plus stupéfiantes de ces dernières années…
Cinq bulles de cristal pour piloter les heures à bord de ce vaisseau interplanétaire conçu pour les poignets humanoïdes : une des montres les plus stupéfiantes de ces dernières années…
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Mais aussi ce temps qui s’affirme au-delà des aiguilles, le pop-art qui éclabousse les poignets et l’éclat de rire d’une Maxi Swiss plus suisse que nature…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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HERMÈS : Massacre ostentatoire et barbarie statutaire…

Sans le bracelet qui permet de l’accrocher au poignet, une montre-bracelet est un objet inutile, une voiture sans roues, un avion sans ailes. D’où l’intérêt que les amateurs portent à leurs bracelets. C’est la demande des consommateurs qui a imposé aux marques les bracelets NATO d’inspiration militaire . Ces consommateurs ont exigé des belles écailles carrées sur les bracelets en « crocodile » – qui n’étaient que de l’alligator. Autant dire que le sujet est sensible. Cette ruée sur les peaux de reptile a poussé les maisons de luxe à investir dans des tanneries, puis, en amont, dans des élevages – les fameuses « fermes à crocodiles ». Les activistes pro-animaux de la PETA (People for Ethical Treatment of Animals : une ONG américaine qui avait notamment mis à mal le marché de la fourrure) ont réussi à filmer ce qui se passe dans des fermes à crocodiles liés à la maison Hermès. C’est accablant pour une marque de luxe qui affiche par ailleurs de vraies valeurs de respectabilité et de responsabilité. Impossible de visionner ce reportage vidéo (ci-dessous) sans être écoeuré, puis révolté par ce qui se passe dans ces élevages où la cruauté la plus barbare semble relever du règlement intérieur. Tout ça pour des bracelets de montres de luxe et des sacs à main que s’arrachent les célébrités : malheureux Niloticus ou Mississippiensis, auquel on fait la peau juste pour le plaisir de gainer notre bûcher des vanités en cuirs ostentatoires et en dépouilles statutaires…

MB&F : La tentation biomorphique d’une horlogerie de guérilla urbaine…

La dernière fois que nous vous avons parlé de cette HM6 (Horological Machine n° 6), la montre n’avait pas encore été récompensée par le prix « Best of Best » des célèbres Red Dot Awards – le trophée mondialement le plus prestigieux dans l’univers du design. Il faut dire que cette HM6 explose à peu près tous les compteurs de l’horlogerie futuriste, tant par ses formes que par le style dans lequel ses fonctions ont été repensées : une structure aux formes fluides, désormais sculptées dans l’or rose (du « 5N+ » – le + indiquant l’adjonction d’une dose de palladium, pour la stabilité de la couleur dans le temps) et dix hémisphères de saphir pour dévoiler les fonctions mécaniques, celles qui donnent l’heure comme celles qui règlent le mouvement automatique : les turbines en dôme à l’arrière, le tourbillon volant au centre, le rotor en « astérohache » [les nostalgiques de Goldorak comprendront] sous la montre. On ne va pas entrer dans les détails : tentez quand même d’essayer cette HM6 si vous êtes du côté de chez Chronopassion (271, rue saint-Honoré, à Paris) : vous serez épatés par la facilité avec laquelle cette montre se pose sur le poignet. Ce jouet biomorphique est évidemment la réminiscence des séries de science-fiction visionnées à haute dose pendant l’enfance du créateur, Maximilian Büsser, le Che Guevara du rétro-futurisme au poignet [il en a le charisme christique, et même la beauté, disent les dames]. C’est le rebelle qui s’est enfin trouvé une cause – celle de dynamiter les codes de la montre traditionnelle pour la propulser dans l’hyperespace d’un XXIe siècle autrement plus rigolo. Là, avec cette HM6, on passe en vitesse lumière…

CHRISTOPHE CLARET : La marguerite amoureuse de ses papillons…

Deux papillons – une demoiselle posée sur son pétale de marguerite (les heures), un monsieur voletant autour du cadran sur son pistil de fleur (les minutes) – et quelques diamants, jetés comme des bulles de champagne autour du cadran, pour créer l’illusion d’une fable naturaliste. Sympathique, mais déjà un peu trop vu alors que les horlogers suisses découvrent, comme un démon de midi, les « métiers d’art » de la décoration des montres. Romantique incorrigible, Christophe Claret a voulu aller plus loin : le cadran de sa montre indique normalement trois chiffres (3, 6, 9), mais, si on appuie sur le poussoir à deux heures, le cadran bascule de quelques dixièmes de degrés et révèle la phrase qui tue sur un fond de nacre : « Il m’aime passionnément ». En fait, deux disques en saphir invisible sont superposés : le micro-décalage de l’un opère le dévoilement de l’autre. Un vrai tour de magie optique ! Au verso de la montre, un rotor à énigme complète ce dispositif de dialogue amoureux : selon que les rubis de la masse oscillante (taillée en pétales) se posent ou non sur le cœur rouge, vous aurez la réponse à la question existentielle : « He loves me. He loves me not » (version anglo-saxonne du « Je t’aime, un peu, beaucoup, etc. »). Ça, c’est de la poésie mécanique !


HUBLOT : La pop-artisation des poignets va éclabousser l’été…

Ne cherchez la montre de l’été : vous l’avez sous les yeux ! La nouvelle série des Big Bang Pop Art est la seule montre qui va rendre jalouse les copines [pensez donc : elle n’est pas encore arrivée en France !] et qui va convaincre les copains que la mode du « All Black » horloger (boîtier noir, cadran noir, aiguilles noires, bracelet noir) a du plomb dans l’aile. Zéro faute dans cette interprétation exclusivement féminine des codes du Pop Art, avec des couleurs dissonantes qui parviennent à consonner par leur complémentarité. L’harmonie des pierres, des à-plats chromatiques et de l’or poli (41 mm) est parfaitement maîtrisé. Il en existe six versions différentes, ce qui limitera les risques de télescopage autour de la piscine – mais il faut se dépêcher avant que tout Deauville et tout Saint-Tropez ne soit ainsi pop-artisé…


M-WATCH : La montre suisse dont vous avez toujours rêvé sans en prendre le risque…

Plus suisse que cette M-Watch, tu meurs ! C’est pour ça qu’on en apprécie le pied-de-nez aux convenances guindées de la Suisse qui « se la pète ». Lancée par le groupe Mondaine (auquel on doit la fameuse montre des chemins de fer suisses, si belle que Apple en avait copié le cadran), cette M-Watch Maxi Swiss est une montre Swiss Made, rouge et blanc comme il se doit, avec la croix qu’il faut et à la bonne heure suisse en mode électronique. Son plastique rouge (42 mm) est un clin d’œil à une Swatch déjà trentenaire, mais c’est aussi une manière de tirer la langue aux « montres suisses » qui ne se rêvent plus qu’en or, platine et diamants. Bref, pour moins de 50 euros, on peut à la fois affronter le regard suspicieux des douaniers français et la lueur de jalousie dans les yeux de ceux qui croient encore que l’identité suisse est une question de zéros sur l’étiquette. Pas belle, la vie en Maxi Swiss ?

RESSENCE : Le nouvel âge d’un temps sans aiguilles…

Comment concevoir une montre sans aiguilles qui donnerait quand même l’heure selon les codes traditionnels ? Pas facile, mais le jeune créateur indépendant belge Benoît Mintiens a relevé le défi. Sa Type 1 est tout simplement bluffante, par le rendu esthétique autant que par l’ingéniosité mécanique, mais aussi par le prix, contenu au-dessous de la vingtaine de milliers d’euros quand n’importe bandit de grand chemin horloger (suisse) en exigerait le double ou le triple. Comment lire cette heure qui se positionne au-delà des aiguilles du temps ? Sur le cadran, à droite : un compteur classique de douze heures, dont le disque central porte une flèche : ce sont les heures. Comme des planètes autour d’un soleil, ces heures « satellitaires » vont tourner autour du cadran, sans jamais cesser d’indiquer la bonne heure : les minutes – représentées par la grande flèche noire, elle aussi en giration – accompagneront ce mouvement planétaire. En rotation dans le même élan, les secondes feront elles aussi le tour du cadran, avec la flèche de leur disque central, ainsi que les jours de la semaine, avec les deux plages du samedi-dimanche comme repères. Le tout sous une sorte de dôme en cristal dont la conception très élaborée élimine les reflets parasites. Sans la moindre généalogie helvéto-mécanique, sans la moindre formation horlogère de base et sans la moindre arrogance manufacturière, Benoît Mintiens vient de réinventer l’art de lire l’heure : retenez bien son nom, c’est un génie dont les montres seront dans les musées horlogers de l’avenir…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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