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Bygmalion, scoop ! : les accusations explosives de Jérôme Lavrilleux, Sarkozy : acculé au retour… et à une défaite programmée ?, la France "humiliée" : pourquoi nous en sommes "arrivés là"
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Revue de presse des hebdos

Mais aussi les secrets de la "folle campagne 2012" de l’ex-président, la plainte d'Anticor contre Guillaume Peltier dans l’affaire Bygmalion, le droit de vote des étrangers renié par le gouvernement, qui en avait fait l'une de ses promesses phare et, et, et… les politiques français, Marine Le Pen comprise, malades du "mensonge". Y’a du lourd, du gras — mais aussi du fin, dans la revue de presse des hebdos !

Barbara Lambert

Barbara Lambert

Barbara Lambert a goûté à l'édition et enseigné la littérature anglaise et américaine avant de devenir journaliste à "Livres Hebdo". Elle est aujourd'hui responsable des rubriques société/idées d'Atlantico.fr.

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Une petite brève piquante, pour se mettre en jambe et se mettre tout de suite dans le bain ? D’après “ Le Nouvel Observateur ”, “ Le Conseil constitutionnel se félicite aujourd’hui d’avoir invalidé les comptes de campagne de 2012 de Nicolas Sarkozy. Même ceux qui hésitaient devant le risque d’une déflagration politique mesurent ce qui serait advenu si une majorité ne s’était pas dégagée en faveur de cette décision. “ On aurait dit que le Conseil couvrait. Ou, pire, qu’il n’avait rien vu ”, observe son président Jean-Louis Debré ”. Avec la déflagration Bygmalion, vous imaginez un peu, heu, heu ? Hou, ce qu'ils sont drôles, ces gens-là !

Bygmalion, suite : Anticor porte plainte contre Guillaume Peltier

Et puisque nous voilà, bon gré mal gré, installés au cœur du sujet, “ Le Point ” nous informe d’un “ nouveau rebondissement mardi dans l’affaire Bygmalion : cette fois, c’est Guillaume Peltier, le vice-président démissionnaire de l’UMP, un proche de Jean-François Copé et de Nicolas Sarkozy, qui fait l’objet d’une plainte depuis décembre de la part d’une association de lutte anti-corruption, Anticor. Le domicile de Peltier a été perquisitionné à Neung-sur-Beuvron (Loir-et-Cher) par la police judiciaire, qui cherche à réunir les éléments d’un favoritisme dans l’attribution d’un marché public à Menton, dans les Alpes-Maritimes. Sa société, Com I+, et Bygmalion auraient toutes deux bénéficié d’un marché portant sur des sondages et des analyses commandités par la ville de Menton sans les procédures d’appel d’offres règlementaires. Les deux contrats portaient sur plus de 15 000 euros et dépassaient, à ce titre, le seuil au-delà duquel le maire, l’UMP Jean-Claude Guibal, aurait dû organiser un appel d’offres concurrentiel. Les contrats ont été morcelés, passant ainsi au-dessous du seuil. L’ont-ils été de concert ? C’est toute la question ”, conclut le mag.

La “ firme Copé ” contre “ les Sarko boys ”

Mais passons au plus important, dans cette histoire : les accusations portées à l’encontre de Nicolas Sarkozy par le “ clan Bygmalion ”. “ En 2012, résume “ Le Nouvel Obs ”, la “ firme Copé ” en a remplacé une autre : celle des “ Sarko boys ” de 2007. Tous rêvent de voir leur champion un jour à l’Elysée et en attendant leur parrain veille à ce que les affaires de ses amis prospèrent. Ont-ils imaginé ensemble un système pouvant les servir au cœur de la campagne présidentielle ? Ou les amis de Copé se sont-ils retrouvés dépassés par une campagne démesurée que Jérôme Lavrilleux, (directeur de campagne adjoint), grisé par le pouvoir, n’a pas su arrêter ? C’est la version livrée aujourd’hui par plusieurs cadres de Bygmalion ”. Et, en clair, ça donne quoi ?

“ Ou la boîte fait des fausses factures, ou elle coule. Si on dit non, Sarkozy est fini ”

A “ L’Obs ”, l’un de ces cadres, “ sous couvert d’anonymat, raconte : “ Fin mars 2012, nous n’avions toujours pas été payés et nos prestataires attendaient. Franck Attal, le patron d’Event & Cie, la filiale événementielle de Bygmalion qui fait les meetings, va voir Lavrilleux et ce dernier lui dit : “ On ne va pas pouvoir vous payer sur les comptes de campagne. Donc ce qu’on va faire, c’est que, comme l’UMP a organisé des conventions, vous facturerez des prestations là-dessus ”. Certaines de ces conventions ont bel et bien existé, précise “ L’Obs ”, d’autres n’ont jamais eu lieu, comme l’a révélé “ Libération ”, déclenchant une enquête préliminaire et une perquisition le 26 mai dernier dans les locaux de Bygmalion. Quand en mars 2012 Franck Attal revient de ce rendez-vous avec Jérôme Lavrilleux, “ il est livide, poursuit ce cadre de Bygmalion, mais à partir de là, c’est simple : ou la boîte fait des fausses factures, ou elle coule. Si on dit non, Sarkozy est fini. Les deux fondateurs, Bastien Millot et Guy Alves se réunissent. Et ensuite, c’est Bastien qui gère avec Lavrilleux ”. Résultat ? Le surcoût en meetings — de l’ordre de 11 millions — est selon cette version indûment imputé à l’UMP ”.

Quand Nicolas “ Survivor ” veut “ une surprise chaque jour ” pour retrouver “ le lien avec les Français ”

Vrai ? Faux ? “ Une chose est sûre, reprend l’hebdo : pour reconquérir les Français, Nicolas Sarkozy a vu les choses en grand. Moins de dix jours après sa déclaration de candidature, l’animal revigoré par son entrée en campagne s’emballe devant son conseil stratégique où siègent François Fillon, Jean-François Copé, Rachida Dati et Bruno Le Maire qui en a fait le récit dans “ Jours de pouvoir ” : “ L’autre (François Hollande, ndlr), il joue les petits bras et en finale il faut pas jouer petit bras… Notre campagne, ça doit être une suite de nouvelles campagnes. Une surprise chaque jour. 2007, c’était l’Empereur, 2012, ce sera Survivor ”. Pour sa guerre éclair, explique “ Le Nouvel Obs ”, “ Survivor ” mise sur de grands moments de communion avec le peuple : des meetings spectaculaires censés marquer sa stature présidentielle et qui collent si bien à la culture bonapartiste de feu le RPR. “ Sarkozy n’avait plus le lien avec les Français et il a eu le sentiment de le retrouver avec ces meetings, il a repris goût à ça et en a demandé d’autres, raconte une ancien membre du QG. Nous, on vivait avec le sentiment d’une improvisation permanente ” ”.

“ Il y avait un deal politique, le camp Sarko achetait la paix sociale en filant le truc à l’agence de Copé ”

“ Le clou du spectacle, raconte encore le journal, ce fut le meeting de Villepinte, le 11 mars. Officiellement, il a coûté 3 millions d’euros ! (…) Un podium s’avançant dans la salle, inspiré directement de celui du soir de la victoire de Barack Obama, pour que le candidat-président s’exprime au cœur de la foule. “ Sauf que celui d’Obama était carré, précise un ancien de la campagne. Nous, on l’a commandé arrondi pour que ce soit moins agressif, pour donner l’impression d’un rassemblement autour de Sarkozy ”. Un gouffre financier. Ce jour-là, l’UMP prétexte la tenue d’un conseil national en matinée pour prendre en charge la moitié des frais. Une répartition retoquée par la suite par le Conseil constitutionnel qui a annulé les comptes de campagne de Nicolas Sarkozy pour ce qui était, alors, un dépassement de 466 000 euros. A Villepinte, Bygmalion et Agence Publics se partagent les marges. “ On nous fait comprendre qu’il fallait que les mecs de Bygmalion en soient et que ce n’était pas négociable, se souvient un ex du pôle meetings. Il y avait un deal politique, le camp Sarko achetait la paix sociale en filant le truc à l’agence de Copé ” ”.

Le drôle de compliment de Nicolas Sarkozy à Jérôme Lavrilleux, le jour de sa décoration de l’Ordre du mérite

“ “ C’est vrai qu’à un moment on s’est dit que le président était très gourmand en meetings, reconnaît un (…) conseiller (du candidat d’alors), interviewé par “ L’Obs ”. Mais, le 26 avril, l’expert-comptable nous a dit qu’on en était à 19 millions sous les plafonds, et il avait les factures ”. Et Nicolas Sarkozy ? S’il ne se préoccupait pas du compteur au jour le jour, il est trop vieux routier de la politique pour feindre de ne rien comprendre à son financement, observe le mag. Mais comme tout président, candidat à la charge suprême, il avait autour de lui un cordon sanitaire. “ Personne ne pouvait lui dire : “ Chef, faites attention ! ” Sa réponse aurait été : “ Démerdez-vous ” ”, tranche un ami. Décorant à l’automne 2012 Jérôme Lavrilleux de l’Ordre du Mérite dans ses bureaux rue de Miromesnil, le nouveau retraité lui troussa même ce compliment : “ Voilà un homme qui a le talent de ne pas embêter les personnes pour qui il travaille avec des problèmes qu’elles n’ont pas à connaître ” ”. Ah, bé, pour une chute, c’est une belle chute, ça, madame… !

Jérôme Lavrilleux : avant les confidences publiques, les confidences privées…

Que pense Jérôme Lavrilleux de tout ça ? Pas que du bien, à en juger par les confidences explosives qu’il fait ce jeudi au “ Point ”… Histoire de gagner du temps, parce qu’il en dit, des choses, l’ancien directeur de campagne adjoint de Nicolas Sarkozy…, on va passer sur la confidence qu’il glisse à l’oreille de la journaliste Anna Cabana — et de quelques centaines de milliers de lecteurs… — selon laquelle il aurait “ eu envie d’en finir ”, la veille de leur entretien. Le 28 mai, en effet, Lavrilleux aurait “ reçu un SMS du député Sébastien Huyghe l’informant qu’un journaliste lui avait demandé si Bastien Millot, le fondateur de Bygmalion, et lui “ étaient encore ensemble ”. “ C’était trop, c’était la goutte d’eau qui a fait déborder… ”, commente-t-il. A ceuze que cette révélation émouvrait, Jérôme Lavrilleux le dit haut et fort : “ Je n’ai jamais été l’amant de Bastien. C’est ridicule ! ” Ce point étant fait, et si on passait aux choses sérieuses, hmmm ?

Lavrilleux “ soupçonné de tout sauf d’être inoffensif ”

Petite précision — ou réserve ? — du “ Point ”, avant d’aller plus avant, “ A l’UMP, Lavrilleux est soupçonné de tout — d’être plus fin que Copé, plus manipulateur, plus vicieux, plus habile, un grand marionnettiste en somme, à moins que ce ne soit un père Joseph, le capucin de Richelieu — sauf d’être inoffensif. “ Redoutable ”, ils disent tous, avec sur les lèvres le goût du fantasme, de la fascination répulsion, aussi, pour ce grand homme trop mince qui a su comme nul autre se rendre indispensable non seulement à Copé, mais aussi à Sarkozy ! ” Hou, on dirait que le temps s’est soudainement rafraîchi, qu’on est passé du mode privé larmoyant au mode public réfrigérant, et… que l’air, saturé, a tout d’un coup viré au glacial…

“ Quand les enquêteurs vont voir que je n’ai pas pris de fric, ça va être un problème ”

“ La décision d’aller se confesser le lundi soir sur le plateau de (Ruth Elkrief) de BFMTV, Lavrilleux l’a prise le dimanche, il n’a prévenu son ex-patron que deux heures avant. “ Contrairement à Jean-François Copé, qui a cru jusqu’au bout qu’il pourrait rester, je savais qu’il serait obligé de partir le mardi matin, au terme du bureau politique, c’était inéluctable. Mais je ne voulais pas qu’il ait à partir pour quelque chose qu’il n’avait pas fait ”. (…) L’honneur, il ne pense qu’à ça. Ne parle que de ça. C’est la seule fierté qui lui reste. Or il a besoin d’être fier, lui, Lavrilleux. “ Je ne peux pas être l’idiot utile du village. Quand les enquêteurs vont voir que je n’ai pas pris de fric, ça va être un problème ”. (…) Son patrimoine tient en quelques lignes, répète-t-il : il est propriétaire d’une maison à la campagne, près de Saint-Quentin, qu’il retape chaque week-end avec son père de 71 ans. (…) “ Je l’ai achetée en 2006 et payée 400 000 euros. J’ai pris un crédit de vingt ans. J’ai 20 000 euros sur un livret A, 30 000 euros sur mon compte courant. J’ai 100 euros d’actions dans une société civile. Voyez, je m’en suis foutu plein les poches. Au bout de vingt-deux ans d’activité professionnelle ! Ils pourront venir retourner chaque latte de mon parquet, je n’ai rien à cacher, rien de rien. ” ”

Quand Lavrilleux charge Eric Cesari, directeur général de l’UMP

Jérôme Lavrilleux, poursuit “ Le Point ”, “ en veut à ceux qui ne font pas comme lui : Guillaume Lambert, actuel préfet de Lozère et ex-directeur de la campagne de Sarkozy, et Eric Cesari, le directeur général de l’UMP. “ Je n’ai pas une tête à chapeau, menace Lavrilleux. J’ai le sens de l’honneur, mais pas de l’abnégation. Cesari va faire croire qu’il était là juste pour s’occuper des serpillières et des balais. Il me charge. J’ai lu dans “ Le Figaro ” qu’il avait déclaré n’être au courant de rien. Je l’ai vu quelques minutes la semaine dernière. Il m’a dit être très en colère contre Copé, qui semblait vouloir se défausser sur d’autres. J’ai compris qu’il avait opté pour la lâcheté. Je ne me suis pas énervé. Je ne m’énerve jamais ” ”.

“ C’est Guillaume Lambert qui devrait être à la une de tous les journaux ”

“ Lavrilleux a la colère froide. Celle qu’il nourrit à l’endroit de (Guillaume) Lambert est glacée, note Anna Cabana. “ Lambert devrait être à la une de tous les journaux. Lambert, c’est ce monsieur dont la compétence est universellement reconnue et qui, quand il était chef de cabinet du président de la République, a envoyé son patron faire le meeting de Toulon, le 1er décembre 2011. Vous savez, cette réunion publique payée par l’Elysée qui a été un des motifs d’invalidation des comptes de campagne par le Conseil constitutionnel. C’est Lambert qui s’occupait de ça à l’Elysée. Et ca, ça échappe à tout le monde ! ” ”

“ Ca n’ira pas jusqu’à Sarkozy. Il n’y a jamais rien qui va jusqu’à Sarkozy ”

“ Qu’importe, remarque “ Le Point ”, si nombreux sont ceux qui pensent, comme cet ancien ministre, que “ Jérôme a basculé du côté obscur de la force ”. Lui se voit comme un pur et dur. “ Une fois qu’on m’aura sali, ils saliront Cesari, et après ils se feront Lambert. Ca n’ira pas jusqu’à Sarkozy. Il n’y a jamais rien qui va jusqu’à Sarkozy. On est là pour ça, hein ? ” Rictus désespéré. “ C’est nos métiers, non ? Il y a celui qui conduit la voiture et il y a celui qui se fait des taches de cambouis sur son bleu de travail ” ”.

Ce que Lavrilleux aurait pu révéler sur Sarkozy s’il n’avait pas été “ d’une correction extrême ”

Jérôme Lavrilleux le rappelle, malgré tout, à toutes fins utiles via “ Le Point ” : “ Lui qui, depuis la campagne, était en contact direct et régulier avec Sarkozy — il lui parlait plus souvent que Copé ne le fit jamais —, lui à qui l’ancien président avait, le 15 octobre 2012, remis les insignes de chevalier dans l’ordre national du Mérite, n’a eu “ aucune nouvelle de Sarkozy depuis le premier article du “ Point ”. Cela ne m’a pas empêché d’être d’une correction extrême. J’aurais pu dire à Ruth Elkrief : “ La ventilation des comptes, ça s’est déroulé dans le bureau d’Eric Césari avec Guillaume Lambert et quelques autres personnes. Je n’étais pas là. Une des personnes présentes m’a garanti qu’elle avait informé Nicolas Sarkozy ” ”. Oh, oh… on dirait que c’est pour toi, ça, Nicolas…

L’UMP faite de “ gens morts de l’intérieur ”, de complexés et de raclures

Mais il n’y en a pas que pour “ Nicolas ”… “ Le problème dans ce milieu, confie encore Jérôme Lavrilleux au “ Point ”, c’est qu’il y a des gens morts de l’intérieur : Baroin, Juppé. Copé ne l’est pas. Fillon non plus, lui il est complexé de l’intérieur, il est dans l’auto-émasculation tout en ayant besoin de prouver sa virilité. Wauquiez, c’est une raclure. NKM, ce n’est pas une belle personne. Le Maire est très sympa et vivant, alors qu’il a l’air d’un poisson froid. Sarkozy, c’est le plus vivant de tous, mais à quoi ça sert ? ” ”

Sarkozy résolu à “ s’y coller ” : le retour est acté

A quoi ça sert ? On peut effectivement se poser la question alors que, scoop ?, “ l’ex ” a, cette fois, c’est sûr, décidé de revenir. Pourquoi c’est sûr ? Parce qu’il n’a pas le choix, nous dit “ L’Obs ”. Mais commençons par le commencement… “ Mercredi 28 mai, 13 heures, entame l’hebdo. Entre les œufs brouillés aux asperges et le dessert au caramel auquel il ne touche pas, Nicolas Sarkozy n’y va pas par quatre chemins. “ Il va falloir que je m’y colle ”, dit-il. Un bref silence accueille ses propos. (…) L’un des sénateurs (présents) a peur de ne pas bien comprendre : “ Tu veux dire que tu vas prendre l’UMP ? ” —“ Evidemment. Si je veux revenir, il faut que je reprenne le parti ”. Sarkozy enchaîne : “ Vous n’imaginez quand même pas que je vais laisser le parti se déliter comme ça. Bon, dans l’état où il est, ça ne m’amuse pas plus que ça, mais il le faut ”. Second silence. “ Je préparerai tout ça au mois d’août ”, conclut-il ”.

“ C’est l’UMP maintenant ou bien ce ne sera rien du tout ”

“ L’UMP seul marchepied pour 2017 ? s’interroge “ L’Obs ”. Lui-même en est convaincu. “ C’est l’UMP maintenant ou bien ce ne sera rien du tout ”, a-t-il concédé la semaine dernière devant l’un de ses très proches. Aveu de taille. Malgré la sérénité dont il sait faire preuve devant la plupart de ses visiteurs, Sarkozy a donc senti que le chemin du retour se compliquait. Sa longue tribune sur l’Europe, quatre jours avant le scrutin des européennes, a fait flop. Accro des sondages, il ne lui a pas échappé non plus qu’ils lui étaient un peu moins favorables ces derniers temps. Bien sûr, il reste de loin le candidat favori des sympathisants UMP pour 2017, mais sa cote accuse une légère baisse depuis quelques semaines. Tandis que celle d’Alain Juppé monte régulièrement… Alors, oui à la présidence de l’UMP. Et vite ! ”

Juppé à quasi égalité avec Sarkozy — et c’est “ Valeurs actuelles ” qui le dit !

Vite, oui, c’est peu de le dire, parce qu’à en croire “ Valeurs actuelles ”, et pour reprendre l’expression de “ L’Obs ”, “ le candidat favori des sympathisants UMP pour 2017 ”, ne l’est plus tant que ça… Qui l’eût cru ? Un an quasi après s’être fait le porte-voix de Nicolas Sarkozy (voir la RP du 7 mars 2013), “ V.A. ” publie en effet un sondage Ifop qui doit rendre vert de rage son ex-champion. “ C’est le sondage qui peut rebattre les cartes, tonitrue l’hebdo. Et qui, déjà, contredit tous les pronostics. A la question de la personnalité qu’ils souhaitent “ voir élue à la présidence de l’UMP ” cet automne,les sympathisants du parti (dont les militants seront appelés à voter) placent Sarkozy (28 %) et Juppé (26 %) dans un mouchoir de poche : seuls deux points les séparent ! Fillon, lui, est largement distancé : 11 % seulement ”. Ben, dis donc…

Sarkozy rejeté par ses électeurs de 2012 comme par ceux… de Marine Le Pen

“ L’ultradomination de Sarkozy chez les sympathisants UMP est aujourd’hui clairement remise en cause par Juppé ” indique Jérôme Fourquet de l’Ifop dans “ VA ”. En témoigne, poursuit l’hebdo, le très faible écart entre les deux hommes parmi ces sympathisants UMP, mais aussi au sein des propres électeurs de… Sarkozy en 2012 : seuls 29 % d’entre eux — moins d’un tiers — souhaitent voir celui-ci présider à nouveau l’UMP, contre 25 % qui choisissent Juppé. (…) Même chez les électeurs de Marine Le Pen, où Sarkozy a toujours été le deuxième choix, Juppé, mais aussi Fillon (25 % chacun) se voient préférés à lui, 10 points derrière, pour prendre les commandes de l’UMP… ”

Bygmalion : “ l’affaire Sarkozy ” de trop

Pour expliquer une telle dégringolade, “ Valeurs actuelles ” avance deux explications. Il y a d’abord, et bien évidemment, “ le scandale Bygmalion, présenté par certains, et pas seulement à gauche, comme une nouvelle “ affaire Sarkozy ”. “ Dans nos études précédentes auprès des sympathisants UMP, les affaires glissaient sur lui comme la pluie sur les plumes d’un canard, rappelle Fourquet. Il en sortait même, la plupart du temps, renforcé. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Nombre de militants ayant participé au renflouement du parti à la suite de l’invalidation de ses comptes de campagne lui reprochent, à tort ou à raison, d’avoir profité des surfacturations de l’UMP. Cette affaire d’argent renvoie aussi à son image bling-bling ”. Sa stratégie est aussi en cause : “ Dans cette période de fortes turbulences que connaît le pays, beaucoup lui en veulent de son éloignement simplement ponctué de “ cartes postales ” qui apparaissent décalées par rapport aux problèmes des Français dans leur vie quotidienne ” ”.

Quand le gouvernement enterre une autre de ses promesses de campagne

Et pendant ce temps, quelles nouvelles du gouvernement ? “ Une semaine après la débâcle électorale, constatent “ Les Inrockuptibles ”, Bernard Cazeneuve juge inutile de défendre le droit de vote des étrangers non communautaires aux élections locales : “ Ce n’est pas la peine ”. La cinquantième promesse de campagne du candidat Hollande en 2012 avait pourtant été présentée comme l’une des mesures sociétales phare du quinquennat. Un engagement encore renouvelé par le Président le 6 mai : “ Ce texte sera de nouveau proposé après les scrutins pour que, dans la préparation (des élections) qui viendront dans six ans, il puisse y avoir cette réforme ”, avait-il indiqué. Mais, au nom de l’absence de majorité constitutionnelle, le ministre de l’Intérieur classe désormais le dossier parmi les “ questions dont on sait qu’on n’a pas les moyens de les résoudre ”. “ Nous devons nous concentrer sur l’essentiel de ce que nous pouvons faire immédiatement avec la majorité dont nous disposons : le redressement des comptes du pays, la croissance, annonce-t-il mercredi 28 mai dans l’émission “ Questions d’info ” sur LCP ”.

Avec cet énième renoncement, “ c’est la chronique d’une mort annoncée ”

Et “ Les Inrocks ” de poursuivre : “ “ Chaque fois que l’extrême droite éternue, la gauche s’enrhume ”, s’indigne Noël Mamère, interrogé au téléphone. Le député, rapporteur en 2000 d’une proposition de loi constitutionnelle sur le vote des étrangers, est accablé. Il enrage contre l’absence de réaction des élus de gauche : “ La France, et la gauche, sont victimes du syndrome de Mithridate. On a l’impression qu’on est sous psychotropes. Le FN depuis des années nous inocule le poison de la lutte contre l’immigration. Jusqu’où la gauche va-t-elle aller dans le renoncement à ses valeurs ? Elle ne trouve plus l’énergie de réagir à l’inacceptable. Alors même que la gauche n’est jamais aussi respectée par ses électeurs que lorsqu’elle respecte ses valeurs. C’est la chronique d’une mort annoncée ” ”.

“ Pourquoi nous ? ”

Et si on prenait un peu de champ — ou de hauteur ? On peut toujours essayer, hmmm ? “ La démocratie est-elle au bout du rouleau ? ” se demande “ Le 1 ”, le nouvel hebdo du mercredi qui se déplie (voir la RP du 10 avril). Plus que la tribune de Michel Rocard joyeusement intitulée “ Le grand air du désenchantement ”, c’est l’article du sociologue et politologue Dominique Schnapper qui nous a arrêté. “ Pourquoi nous ? ” s’interroge le chercheur. “ Pourquoi la France cède-t-elle à un vote extrême (…) ? Pourquoi la France qui fut à l’origine du projet européen apparaît-elle comme “ l’homme malade ” de l’Europe, malade dans son économie, malade politiquement ? ” Passé l’argument crise, montée des individualismes et autres manifestations de la déliquescence de la vie politique… Dominique Schnapper avance une explication à laquelle nous n’aurions pas forcément pensé, mais qui mérite réflexion : la France, dit-il, est “ humiliée ”. Hou, en voilà une idée !

La France humiliée

“ La France, plus que les autres pays européens, est humiliée et, comme tous les humiliés, on peut penser qu’elle se replie sur elle-même d’une manière aussi pathologique que décontextualisée, écrit le sociologue. Elle avait élaboré son roman national sur l’idée que la grande Révolution avait inventé la modernité politique, la nation et les droits de l’homme, elle avait une vocation universelle, elle était un modèle pour le monde. Son déclin, comme celui de toute l’Europe, l’atteint directement dans ce qui donnait sens au grand récit par lequel elle voulait exister dans le monde. (…) Plus il devient clair que, même à l’intérieur de l’Europe, leur rôle diminue, plus les Français se réfugient, pour compenser, sur leurs intérêts personnels et immédiats. Ils refusent tout projet commun qui puisse les réunir en donnant un sens à la vie collective. L’humiliation est l’un des sentiments les plus forts qui animent les individus comme les collectivités ”.

La scène politique française construite sur le mensonge

A l’humiliation de la France, Dominique Schnapper ajoute un autre facteur explicatif à la situation dans laquelle nous nous trouvons. “ Ce qui est le plus important encore, précise-t-il, c’est que la scène politique ne correspond pas aux véritables enjeux. Obsédée par l’opposition droite/gauche héritée du passé, elle rend impossible la collaboration des partis de gouvernement. Le mode de scrutin majoritaire renforce leur opposition et impose à la droite républicaine d’écouter le Front national et à la gauche de céder aux revendications de “ la gauche de la gauche ”. La scène politique semble donc une parodie, un jeu d’ombres. Le changement de gouvernement ne se traduit pas par un changement de politique. Les candidats aux élections sont contraints à mentir sur l’analyse de la situation et sur leurs intentions. On ne peut pas demander aux hommes politiques d’être des héros, ils doivent mentir pour être élus. Mais comment les Français après des décennies de cette parodie n’en viendraient-ils pas à voter pour ceux qui, seuls, semblent offrir une véritable alternance ? En sorte que se pose la question : le discours politique n’est-il pas devenu trop mensonger ? ” Bonne question…

Quand les hommes politiques, Marine Le Pen comprise, se paient de mots pour ne pas poser les vrais problèmes

“ Les régimes totalitaires étaient fondés sur le mensonge imposé par la force. Mais, tragiquement, les démocraties ne cèdent-elles pas à une forme de mensonge qui consiste à se payer de mots — au sens propre comme au figuré —, pour ne pas poser les vrais problèmes ? demande Dominique Schnapper. Les “ éléments de langage ” ne débouchent-ils pas sur un mensonge par omission et par traduction dans le langage châtié du “ politiquement correct ”, qui est finalement une autre forme de mensonge ? Mme Le Pen parle de “ laïcité ” pour désigner des mesures hostiles aux pratiques des musulmans, elle évoque le “ patriotisme ” pour couvrir des projets de fermeture économique et intellectuelle d’une “ patrie ” sans rapport avec la réalité des échanges de toute nature qui unissent les Français aux autres Européens. Elle ne fait que caricaturer dramatiquement bien des débats. Quand les mots ne veulent plus rien dire, la démocratie est en danger. (…) Si des hommes politiques avaient le courage de dire la vérité — même en risquant de ne pas être réélus —, peut-être pourraient-ils à nouveau susciter la confiance des citoyens. Il ne faut pas mépriser le démos ”. Il ne faut pas le mépriser, en effet, car on en voit tous les effets… Messieurs les politiques, à bon entendeur, salut… Et bonne semaine à vous, les goulus de l’info !

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