Bruxelles valide le budget de la France pour 2014 : anatomie d'une mascarade budgétaire<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
"Pierre Moscovici aurait supplié la Commission de ne pas donner un avis négatif sur le budget de la France."
"Pierre Moscovici aurait supplié la Commission de ne pas donner un avis négatif sur le budget de la France."
©Reuters

Le Nettoyeur

Il est parfois des événements qui sont comme un oignon : il faut en retirer les couches une par une pour vraiment le comprendre. Et parfois on a des oignons de stupidité.

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry est journaliste pour Atlantico.

Voir la bio »

Ainsi, prenons l'événement de ce matin : Bruxelles aurait "validé" le budget de la France pour 2014, mais avec des réserves.

Retirons les couches de l'oignon une par une...

  • Première couche : pourquoi serait-ce à la Commission européenne de “valider” le budget des États-membres ? En quoi la France peut-elle être encore considérée comme un Etat si elle n'a plus ni autonomie monétaire ni autonomie budgétaire ? (Il y a une couche au sein de cette couche, qui est que les parlements peuvent aller à l'encontre de la “validation”...mais au prix de sanctions...)
  • Deuxième couche : selon quels critères est-ce que la Commission “valide” ce budget ? Ah mais oui, les objectifs de déficit... La mentalité est toujours celle de l'austérité, alors que des pays comme les Etats-Unis et surtout le Japon montrent qu'une politique de relance est possible.
  • Troisième couche : comme l'a montré l'exemple de la France et des pays du Sud de l'Europe, même si la préoccupation principale est les déficits et la dette, pas la croissance et l'emploi, le fait est qu'une politique d'austérité accroît les déficits et la dette. Le déterminant principal du déficit est la croissance : si croissance élevée, plus de revenus des impôts et moins de dépenses sociales, donc déficits plus faibles. En plus du fait que la Commission a le mauvais objectif, elle a aussi les mauvais moyens pour atteindre cet objectif.
  • Quatrième couche : toutes ces prévisions budgétaires sont fondées sur des objectifs de croissance sans doute fantaisistes, et en tous les cas non crédibles (qui sait ce que sera la croissance en 2015 ? La seule vraie réponse est : personne).
  • Cinquième couche : commentant le budget de la France, José Manuel Barroso aurait dit que le niveau de la fiscalité française atteint “les limites de l'acceptabilité”. C'est certainement vrai, mais à qui la faute ? Qui impose à la France de réduire ses déficits à court terme et n'imagine que l'austérité comme voie de sortie de crise ? Comment s'étonner ensuite que le gouvernement français augmente les impôts autant qu'il le peut ?
  • Sixième couche, peut-être la plus nauséabonde : l'attitude du gouvernement français. Pierre Moscovici aurait supplié la Commission de ne pas donner un avis négatif.Mais pourquoi le ministre des Finances de la République française devrait-il se soucier, ou se plier par avance, à ce qu'il convient d'appeler des diktats ? La France étant une démocratie, son Etat a une légitimité à lever l'impôt et la responsabilité de ses décisions en la matière revient à son peuple. Quelle est la légitimité de la politique de Bruxelles ? Surtout étant donné que, pragmatiquement, elle est fondée sur une fausse idéologie ? Pourtant le ministre des Finances s'est félicité du verdict de la Commission, parlant d'une “certification du sérieux budgétaire de la politique française.” Alors que ni la politique ni le certificateur ne sont sérieux et que le certificateur n'est pas légitime à certifier.

Bel oignon.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !