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Brigitte Macron, l'atout "brise-glace" du Président, bientôt privée de sa liberté chèrement conquise? ; Laurent Wauquiez trouve le fils (le vrai) de son père politique sur sa route ; Emmanuel Macron : il avait tout prévu en secret depuis longtemps
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Revue de presse des hebdos

Et aussi : Rabibochages chez Les Républicains ; Macron, "les années Rothschild"

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Avec Emmanuel Macron en couverture, seul ou avec son épouse Brigitte voire  en compagnie de François Hollande, les news magazines de cette semaine, qualifiés de  "numéros historiques", ont presque un  air de déjà-vu au premier abord, car plusieurs avaient salué l'arrivée en tête du premier tour de l'ancien ministre de l'Economie en lui consacrant leur couverture dès le lendemain du premier tour du scrutin présidentiel. Marine Le Pen et l'avenir du Front National n'ont droit qu'à la portion congrue.  Dans les kiosques, on retrouve donc le nouveau président de la République, visage grave à la une de l'Express avec le titre "Le Kid" (-Kid étant la traduction littérale de jeune garçon) qui contraste avec le sérieux du visage du président de la République. Ici le mot "Kid" est lourd de sens et veut dire: "est ce que vous réalisez l'exploit du gamin?" Le nouvel élu esquisse un sourire à la Joconde sur la couverture sur fond tricolore de l'Obs ; il affiche un visage serein sur la photo sur fond noir de celle du Point, ou encore levant un  bras en signe de victoire, l'autre main prise dans celle de son épouse Brigitte qui l'embrasse en une de Paris Match. Emmanuel Macron est  concentré se tenant le menton à la Une de Marianne qui avertit: "Le plus dur est à venir";  tonalité similaire pour le titre de la  Une de Valeurs Actuelles qui a choisi la photo du nouveau Président de la République au côté de François Hollande à la cérémonie du 8 mai à de l'Arc de Triomphe, pour annoncer "Saison 2, Et pour Macron les ennuis commencent". Traduire : Macron, c'est Hollande bis .

Une inexpérience politique fascinante

Mais les "ennuis" ne sont-ils pas la rançon de la consécration électorale ? Car "Emmanuel Macron, ce jeune homme pressé a réussi un pari absolument phénoménal" s'extasie Marianne...pour qui, "au-delà de son âge, c'est "son inexpérience politique qui est fascinante. Le président l'a emporté, faisant fi des vieux appareils politiques. C'est le dépassement du clivage droite-gauche qui a servi de moteur a son aventure menée tambour battant" note le magazine qui insiste cependant sur le "pays fracturé et la défiance civique", mais qui pense que le succès d'Emmanuel Macron incarne comme une  dernière chance de sursaut". L'Express évoque un parcours " époustouflant" et rappelle que " pas plus tard qu'il y a un an, ils étaient nombreux encore, à parler du "petit Emmanuel". Chaque journal y va de son portrait plus ou moins flatteur du nouvel élu. C'est un  séducteur "doté d'une capacité de persuasion hors norme, il est toujours à l'écoute des gens" disent ceux (nombreux) qui sont tombés sous le charme. "Quand il a décidé de séduire une personnalité qui peut servir sa carrière, il ne s'économise pas et donne l'impression à son interlocuteur qu'il est la personne la plus importante du monde", note l'Obs citant le livre portrait d'Anne Fulda "Un jeune homme si parfait". Pour l'Express, si Emmanuel Macron est "chaleureux", il sait aussi se montrer "envahissant : dès qu'il occupe un poste, il tente d'en élargir les frontières. Le cas de la Grèce est révélateur: il est ministre de l'Economie et non  des Finances -poste occupé par Michel Sapin, mais s'implique dans la crise qui frappe ce pays en juin 2015.De manière positive aux yeux de Yanis Varoufakis, alors ministre des Finances (qui a signé une tribune dans le Monde le 3 mai). Mais intempestive pour Michel Sapin qui le lui fait violement savoir".

Emmanuel Macron  est aussi un homme prudent et "secret" qui décide seul. L'Obs qui reconstitue la saga du parcours politique d'Emmanuel Macron, raconte que "le 28 juillet 2015, Emmanuel Macron invite, pour un  déjeuner confidentiel ses intimes, ceux du premier cercle. "Manu", comme ils le surnomment, entre la poire et le fromage leur annonce tranquillement la nouvelle: il sera candidat à l'élection  présidentielle. Un peu abasourdis ses proches l'interpellent: "Tu penses à 2022 bien sûr? -  Non, non", répond l'hôte de Bercy ,"là, maintenant, en 2017. Il y a urgence à agir. Et vite. Hollande sera empêché et la gauche va sortir en lambeaux de ce quinquennat. Donc logiquement la droite va gagner et risque de mener des réformes qui peuvent réussir et la maintenir au pouvoir pendant dix ans, voire plus. Il faut bouger, se mettre en mouvement. Oui, je serai candidat, je  vous l'affirme". Lorsqu'il a décidé de lancer son  mouvement en avril 2016 , seuls une poignée de collaborateurs étaient au courant. Personne d'autre ne le savait. François Hollande sera vaguement mis au parfum, le 2 avril, entre deux portes, à l'Elysée. Macron a peur des fuites. A la différence de Hollande, il se méfie des journalistes comme de la peste. Idem pour sa démission du gouvernement "personne au Château n'était au courant... (Et François Hollande, comparé au docteur Frankenstein à qui la créature a échappé, a longtemps cru qu'il serait son " rabatteur" de voix  pour 2017). "Un fonctionnement en vase clos transposé au sein d'En Marche !" où le candidat n'était plus très à l'écoute à la fin de la campagne "et n'a pas entendu les mises en garde de plusieurs de ses amis avant la soirée du premier organisée à la Rotonde", glisse l'Obs...(A ce propos, d'après un  écho publié dans le même journal, Emmanuel Macron avait voulu réserver le premier étage de l'établissement, mais le patron a voulu lui faire plaisir aux bons clients que sont les Macron et a privatisé tout le restaurant pour eux). Quant à Jacques Attali qui accorde une interview à l'Express, il reconnait qu'il le "voyait plutôt élu en 2022". Et lorsqu'on  demande à l'ancien conseiller de François Mitterrand si Emmanuel Macron a quelque chose de mitterrandien, il répond" la culture peut-être, l'obsession politique, l'art de constituer une équipe...et quelque chose de  sarkozyste ?",il répond " le culot sans doute".

Banquier, c'était avant

Le Point a enquêté sur "les années Rothschild", (2008 à 2012 )où Emmanuel Macron fut banquier d'affaires à la Banque éponyme. "Le passage  est éclair, mais à l'échelle de son (encore) courte vie professionnelle, ces quarante quatre mois  comptent triple et marquent Macron au fer rouge. Ce passé de financier, ses ennemis et ses adversaires -Marine Le Pen tête, ne cesseront de le lui jeter à la figure. Le désormais président de la République a toujours assumé sans ciller". Il avait été recommandé à David de Rothschild par l'avocat d'affaires Jean-Michel Darrois et par Jacques Attali (impressionné par Emmanuel Macron qui fut le rapporteur de la commission pour la libération de la croissance qu'il a présidée à la demande de Nicolas Sarkozy).En 44 mois, Emmanuel Macron aura gagné 2,8 millions d'euros. A cette aune, il aurait assurément fait un  excellent banquier d'affaires. Ces jours-ci, dans la maison Rothschild, on éprouve de la fierté d'avoir couvé le petit "Emmanuel". Le patriarche David a contribué, dans la limite légale, au financement du mouvement En Marche! Olivier Pécoux, le directeur général, a organisé des diners de levées de fonds. Mais Emmanuel Macron pensait déjà à la politique et vos mags racontent avec force détails les étapes de sa démarche menée méthodiquement, étape par étape, pour accéder à la fonction suprême.

Demandez le programme

Et maintenant, que va-t-il se passer, s'interrogent vos mags ? Ces derniers multiplient les portraits des 100 avec qui il veut réformer la France (l'Obs, Marianne), se demandent sur quoi va déboucher son alliance avec François Bayrou (l'Express), s'interrogent sur l'avenir du PS et  le cas de Manuel Valls, et se demandent surtout si son projet de recomposition politique va réussir (l'Express). Valeurs Actuelles qui n'est évidemment pas tendre pour le nouveau président "le plus libertaire de la Ve République...qui prend le risque d'un destin cruel", dessine le tableau d'un paysage dévasté ". A l'instar de ses confrères, le mag spécule sur les  législatives et passe au crible les questions que tout le monde se pose aujourd'hui :"En Marche ! peut-il décrocher la majorité absolue? La droite peut-elle imposer une cohabitation? Le FN confirmera-t-il sa percée? (ndlr: le journal était imprimé avant le retrait de Marion Maréchal Le Pen), La France insoumise transformera-t-elle son essai?". La réponse est dans les urnes ... du mois prochain.

Brigitte Macron, et maintenant l'autocensure?

Que serait Emmanuel Macron sans son épouse Brigitte ? Depuis des mois les magazines people glosent sur le couple atypique que forme le nouveau président avec son ancien professeur de théâtre dont il est tombé à jamais amoureux lorsqu'il était lycéen à Amiens. "Et Brigitte créa Macron", est le titre d'un article paru il y a un  dans la revue Pop Story" que l'Express reproduit cette semaine pour conter la saga de la nouvelle première dame. "L'affaire est connue, amplement commentée : elle est née vingt quatre ans avant son conjoint", écrit Le Point, qui consacre un  long portrait à la première dame, mère de trois enfants, qui a divorcé pour vivre avec son ancien élève. Elle est très présente aux cotés de son mari tout au long de la campagne, parce que "c'est lui qui la réclame, et non elle qui s'impose"."Là où Emmanuel travaille, Brigitte veille. Si Emmanuel Macron n'est pas manchot en relations humaines, Brigitte est en  la matière championne toutes catégories. Brigitte, c'est une "brise-glace", d'après Bernard Montiel... Ce qui la distingue des mondaines, c'est qu'elle se souvient des conversations et des prénoms des enfants" abonde un interlocuteur. "Ce couple est animé d'une indifférence complète au regard d'autrui. Ils sont difficilement atteignables" écrit encore le Point, citant François Sureau."Surement plus cicatrisés que d'autres, les époux Macron s'apprêtent désormais à subir bien des avanies, tant ce quinquennat promet déjà de leur être une épreuve. La femme du président s'est préoccupée de sa place. Elle a également multiplié les appels à Carla Sarkozy dont elle estime qu'elle fut la dernière des premières dames. "Le paradoxe, c'est qu'elle, qui a conquis dans d'énormes difficultés et souffrance, sa liberté, se prépare à vivre de nouveau l'autocensure, le contrôle, la médisance. Elle va redevenir corsetée" réfléchit Philippe Besson. Mais d'après un autre intime, Pierre Ferracci, "elle sait que ça va être difficile, elle n'a pas peur. Elle croit tellement qu'il est fait pour le job". Et le mag de conclure sur le mode interrogatif " Et elle, est-elle faite pour le job?" .D'après le portrait élogieux qu'il en fait, la réponse semble positive.  

Bataille d'héritiers

Les observateurs politiques ont les yeux rivés sur la 1ère circonscription de la Haute-Loire, dont Laurent Wauquiez est toujours le député ; mais il doit choisir entre sa circonscription et la présidence du conseil régional de la région Auvergne-Rhône Alpes, en vertu de la règle du non cumul des mandats. C'est Valeurs Actuelles qui évoque ce cas compliqué. Pour Laurent Wauquiez qui briguera la présidence de L.R à l'automne, le choix est cornélien: s'il renonce à la députation, son siège a de fortes chances d'être conquis par Jean-Noël Barrot, 33ans, fils de Jacques Barrot ( décédé en 2014), qui fut lui-même le père spirituel de Laurent Wauquiez  qu'il a fait élire lorsqu'il a été nommé Commissaire européen en 2004). Jean-Noël Barrot se présente avec l'étiquette MODEM qui appartient maintenant à la majorité présidentielle. Donc si Laurent Wauquiez renonce à la région, les deux héritiers (naturel et spirituel) vont s'affronter dans les urnes. S'il renonce à la députation, ce sera sans doute un siège perdu pour Les Républicains, au profit d'En Marche !. Il ne lui reste que quelques jours pour choisir, les candidatures à la députation doivent être déposées le 18 mai au plus tard ! 

Echos de campagne

Rabibochages chez Les Républicains: Jean-François Copé était très, très fâché avec François Baroin depuis qu'il avait été contraint à la démission au moment de l'affaire Bygmalion, ils ne se serraient plus la main. D'après Valeurs Actuelles, cette époque est révolue. Ils sont à nouveau en phase. Copé (-qui n'est pas candidat) , soutient Baroin qui conduit la bataille des législatives pour L.R.

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