Benoît Hamon, liquidateur de la "gauche de gouvernement"<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
Benoît Hamon, liquidateur de la "gauche de gouvernement"
©Reuters

Au secours, le surmoi marxiste revient !

Benoît Hamon cherche davantage à transformer le PS en MJS pour vieux qu’à s’installer à l’Élysée. C’est que gouverner pour de bon, c’est compliqué, c’est sale, et il faut se prendre la tête avec les frondeurs à chaque revirement pragmatique de mi-mandat.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

Voir la bio »

J’ai regardé Hamon dans « l’Émission politique » de France 2 l’autre soir pour voir où il en était depuis la primaire, et mes craintes d’ancien membre du PS (j’avais adhéré cinq minutes en 2007 pour booster Ségolène et parce qu’il y avait un gros discount sur les cotisations) se sont révélées fondées. Le type est en train, benoîtement si j’ose dire, de faire faire un tel retour en arrière à la gauche dite « de gouvernement » qu’on la voit mal y retourner un jour, au gouvernement...

Ce n’est pas qu’il ne me soit pas sympathique, bien au contraire, et son projet de distribution générale de cadeaux tous azimuts est même très attrayant pour qui aime ouvrir des paquets colorés sous un sapin, mais il sonne tellement à côté de la plaque qu’on se demande ce qu’est vraiment son objectif : devenir président ou transformer le parti en MJS pour vieux.

La caricature standard de l’opposition droite-gauche, c’est une bande de gentils progressistes qui ne pensent qu’à dépenser luttant contre un gang de méchants conservateurs qui ne pensent qu’à serrer des ceintures. Et Hamon et Fillon, pour le coup (pour le coût ?), se sont vraiment bien trouvés.

Car que veut faire notre camarade candidat, globalement, si on l’écoute avec attention : recruter davantage de fonctionnaires parce que la France en manque passablement ; accueillir tous les réfugiés économiques qui en feront la demande et leur donner l’autorisation de travailler même s’il pense qu’il n’y a plus de boulot pour personne de toute manière ; imposer davantage les entreprises et les classes moyennes ; décourager l’investissement industriel en taxant la technologie ; continuer de faire la manche auprès des fonds de pension étrangers qui financent nos déficits tout en les prévenant qu’il pourrait ne pas les rembourser ; supprimer l’état d’urgence parce que c’est anxiogène ; ne pas trop ennuyer les religieux fondamentalistes parce que ça les braque…

Enfin, comme c’est un gars intelligent qui a lu des livres, voyagé et géré des ministères, on suppose qu’il ne veut pas vraiment faire tout ça pour de bon parce que ça serait presque aussi catastrophique que la mise en œuvre du programme de Marine Le Pen, mais plutôt qu’ilprétend vouloir faire tout ça parce qu’il présume que c’est ce que demande le vrai peuple de gauche parti rejoindre l’hologramme de la France insoumise.

Son plan (pas si) secret serait donc de corbyniser le PS au maximum, foutre à la porte Cambadélis pour lui piquer son bureau de Solferino, nommer Jérôme Guedj comme adjoint, et se remettre dans une confortable posture d’opposant pour émettre des communiqués indignés sur le retour aux heures les plus sombres de notre histoire et les dérives du néo-libéralisme à chaque fois que le président Macron prendra une décision.

On pourrait penser que c’est dommage, le PS ayant eu tant de mal, à force de tournants pragmatiques de mi-mandat, à exorciser son fameux surmoi marxiste, mais on peut aussi se dire que c’est juste que ce parti a dépassé sa date de péremption comme moteur du réformisme en France, sa marginalisation, sinon sa disparition, n’ayant plus vraiment d’importance.

D’ailleurs, le seul reproche que je puisse avoir à lui faire, battu pour battu, c’est de jouer les « raisonnables » sur le seul point de son programme qui amenait effectivement de la nouveauté conceptuelle au débat français, son « revenu universel » ayant tellement été vidé de sa substance qu’il est progressivement devenu le clone du « salaire étudiant » inventé par l’UNEF.  Mais bon, voter l'Hamon pour nous protéger de Laval, c'est râpé.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !