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Diabolisation des opposants et intoxication sur les enjeux économiques sont-elles les deux mamelles du pouvoir hollandais ?
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Chroniques du pot aux roses

Manuel Valls a "déconseillé" aux familles avec enfants de participer à la Manif pour tous du week-end dernier à cause des risques de débordements. "La vérité m'oblige à dire mon inquiétude" face aux "menaces de débordements de groupes extrémistes", a déclaré le ministre de l'Intérieur.

Serge  Federbusch

Serge Federbusch

Serge Federbusch est président du Parti des Libertés, élu conseiller du 10 ème arrondissement de Paris en 2008 et fondateur de Delanopolis, premier site indépendant d'informations en ligne sur l'actualité politique parisienne.

Il est l'auteur du livre L'Enfumeur, (Ixelles Editions, 2013) et de Français, prêts pour votre prochaine révolution ?, (Ixelles Editions, 2014).

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1 - Convertis : quand les socialistes découvrent les charmes de la basse police et de la diabolisation des opposants

De semaine en semaine, Manuel Valls, dont le bilan sur le front de la délinquance est aussi ectoplasmique qu’une méduse ambitionnant de boucher le port de Marseille, ville apaisée comme le reste de la France depuis mai 2012, donne l’impression de vouloir caricaturer feu Raymond Marcellin. Rappelons, pour les jeunes générations, que ce ministre de l’Intérieur à poigne surnommé par la gauche « Raymond la matraque » inscrivit à son tableau de chasse, durant les années 1970, plus d’une dizaine de mouvements d’extrême-gauche et quelques uns d’extrême-droite, qu’il fit dissoudre. Il adorait faire embarquer les manifestants de fin de cortège dans les paniers à salades. Souvent, il s’agissait de badauds. Son discours anxiogène annonce trait pour trait celui de Valls : « Manifestants, restez chez vous car il est dangereux de défiler ! » Bref, le genre de prudence suggérée pour que s’y noie la liberté.

On retrouve dans la parole de « Manuel la matraque » la sempiternelle rengaine sur les casseurs, dont l’action, quoiqu’ultra minoritaire, est complaisamment mise en vedette par des médias qui s’ingénient au même moment à débusquer l’homophobe et le fasciste parmi des centaines de milliers de manifestants. Il n’est pas étonnant, dans ces conditions, que les télévisions d’aujourd’hui soient aussi sympathiques à ces opposants que ne l’était naguère l’ORTF aux adversaires du gaullisme. Bref, tout se joue à fronts renversés et les blogueurs et internautes du Nouvel Obs et de Libé prient pour que les forces de l’ordre cassent du catho.

Plus inquiétant est l’appel récurrent lancé par les communistes, ces grands amis de la démocratie et de la liberté, et relayé par certains députés du PS, à la dissolution de mouvements politiques. Valls l’a envisagé pour le « Printemps français » avant de se raviser, d’une part parce qu’il n’y a pas grand chose à lui reprocher et d’autre part et surtout parce que ce n’est même pas un parti ou une association constitué. Une telle interdiction aurait eu un véritable parfum poutinien.

Degré supplémentaire franchi dans la répression : les centaines d’interpellations musclées et de mises en gardes à vue sur de bénins prétextes, dont la lettre d’un jeune officier de réserve raflé au Président de la république résume parfaitement les conditions. De cette massive opération de basse police qui se solda quelques jours plus tard par des remises en liberté faute de tout délit établi, il fut question très timidement dans la presse.

Dernière manifestation d’intolérance hebdomadaire : Mou-Président entend priver ceux qui lui tiennent tête du droit d’invoquer la résistance. Il a pris la mouche au lycée Buffon dont il venait honorer les martyrs.

Rendons lui cette grâce que, bien qu’il obtempère aux injonctions économiques de Berlin, Hollande n’est certes pas comparable à Pétain. Comme lui, il s’adapte aux circonstances en faisant le dos rond mais, fort heureusement, lesdites circonstances d’aujourd’hui sont moins dramatiques que celles de 1940. Pour autant, il n’est nulle part de mètre-étalon ni de critère absolu de ce qu’est la résistance.

Elle prend parfois des détours étonnants. Se dresser contre la lente agonie de notre société et la mise sous tutelle de notre démocratie par une oligarchie déphasée peut prétendre à cette appellation avec une certaine légitimité.

Si nos éminences ne parviennent plus, jusqu’en 2017, à quitter leurs palais sans être conspuées, elles vont trouver le temps long et de nombreux prétextes à un durcissement policier...

2 - Chômage Academy

La diversion homomatrimoniale en fin de cycle, Super-Normal agite derechef l’épouvantail du vote des étrangers aux élections locales. Hélas pour lui, dès le lendemain, Goodyear annonce qu’il n’y a aucun repreneur pour son site d’Amiens Nord, Spanghero supprime 240 emplois et IBM fait état de 1260 réductions de postes en France d’ici 2014. Ce mur des réalités est cruel aux opérations d’intoxication politicienne.

Le socle sondagier présidentiel d’environ 30 % de satisfaits - des électeurs qui ont pour le PS la foi du charbonnier - ne bougera qu’à la marge dans les mois qui viennent et aucun subterfuge ne pourra vraiment le faire progresser. Tenir en espérant, au mieux, que la crise contraigne les Allemands à nous renflouer ou, au pis, que l’explosion de l’euro redistribue les cartes : telle est désormais la seule perspective du pouvoir. Mais son immobilisme ne fait qu’accroître la difficulté de la réforme de la France, quand elle devra enfin être accomplie.

3 - L’opinion est stable

Les sondages ont le mérite de la constance. 58 % des Français sont pour l’ouverture des «salles de shoot» , 58 % sont favorables au mariage homo et 54 % sont d’accord avec le vote des étrangers aux élections locales. Ils ont eu un prix de gros ou quoi ?

Enfin... de demi-gros : 30 % sont satisfaits du président comme nous venons de le voir.

4 - Barreaux en furie

D’ordinaire plutôt modérée, la profession d’avocat, qui souffre beaucoup de la crise ces derniers temps, est saisie d’une véritable frénésie critique à l’endroit de l’Etat PS. Christian Charrière-Bournazel, président du Conseil national des barreaux, fulmine contre l’interdiction d’exercer une activité de conseil quand on est député, le monopole donné aux associations agréées pour l’introduction des actions de groupe qui vide cette idée d’une part de sa consistance, la création une taxe sur le chiffre d’affaires des professionnels du droit pour financer l’aide juridictionnelle, alors que les avocats plaident souvent à perte ce type de dossiers, etc. « Ce n’est pas seulement injuste, c’est injurieux » écrit ce robin rebelle qui fustige, dans une lettre ouverte à tous ses collègues : « La décadence économique française et le recul de notre pays sur l’échiquier mondial (qui) devraient conduire ceux à qui nous avons confié notre sort à redonner confiance dans l’avenir par l’exaltation des énergies de tous. »

Dame Taubira préfèrerait sans doute qu’on lui reparle de mariage pour tous ...

5 - Perle éducative sur Médiapart

Trouvée, au sujet du rapport de la Cour des comptes qui démontre l’inutilité des 60 000 créations d’emploi promises par Hollande au ministère de l’éducation nationale, cette remarquable formule, sous la plume d’un certain Francis Daspe, président de la « Commission nationale éducation du Parti de Gauche » (défense de rire) : « une attaque à peine voilée contre les statuts des personnels, pourtant boucliers de l’intérêt général. »

Cette assimilation du statut des fonctionnaires à l’intérêt général est une énonciation pure et parfaite de la pensée bureaucratique et syndicale. Face à la démoniaque mondialisation, la « gauche » française, la plus dogmatique d’Europe, répète dévotement son credo.

Décidément, la religion socialiste se bat pour l’indissolubilité des engagements et ne jure désormais que par le mariage, tous les mariages.

6 - Solidarité bien ordonnée

Puisque les budgets publics sont en berne et qu’il faut que les riches soient mis à contribution, les familles dites aisées vont bientôt voir leurs allocations réduites.

Dans le même ordre d’idées, on pourrait s’attendre à ce que le plus riche des partis, le socialiste, voit sa dotation publique diminuée pour faire bonne mesure. La solidarité, c’est maintenant !

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