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Attentat en Israël : "Je suis Tel Aviv ?" Dans tes rêves !
©Reuters

Il y a terrasse et terrasse

Un type qui se fait mitrailler en prenant l'apéro à la fraîche à Tel Aviv est-il d'abord une victime ? Mahmoud Abbas lui-même en est convaincu, nos médias beaucoup moins...

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Il n'y a guère eu que le PIR, le fameux "mouvement décolonial anti-mixité", pour se réjouir carrément du mitraillage de quatre personnes à la terrasse d'un bistrot de Tel Aviv, mais on peut dire que la presse française a été longue à la détente (hum...) sur ce coup.

Parce que le bistrot en question était situé à un jet de pierre (re-hum) du ministère de la Défense, et sur la foi d'une dépêche AFP bâclée, l'info a d'abord été que des coups de feu avaient été tirés contre le QG de l'armée israélienne. Le Figaroa modifié son titre par la suite et requalifié en attentat ce qu'il présentait comme un "incident" dans le corps du texte, mais d'autres ne sont pas donnés autant de peine...

Et pour le lecteur distrait, une attaque de civils en goguette en tout point identique à celles du 13 novembre à Paris est devenue un nouvel épisode de l'interminable et incompréhensible conflit israélo-palestinien, des arabes et des juifs se mitraillant les uns les autres comme ils aiment bien le faire, chacun sait ça.

D'ailleurs, de l'attentat, voire de l'incident, Mediapart n'en a même pas parlé du tout, se contentant de publier une dépêche Reuter insistant sur la réaction manifestement disproportionnée des autorités de l’État hébreu. Quant au Monde, c'est de la "punition collective" des Palestiniens privés de sauf-conduits en Israël qu'il commence par s'indigner...

Je ne ferai pas, à nouveau, le vœu pieux que nos journaux se mettent à considérer la victime israélienne d'une attaque terroriste de la même manière que la victime française d'une attaque terroriste – sans doute parce que je ne suis pas pieux moi-même et surtout parce que c'est un combat perdu d'avance – mais je me dis qu'il serait bon de se souvenir qu'un terroriste est un terroriste n'importe où ; quel que soit le contexte ou le discours qu'il tient pour légitimer sa barbarie.

Et qu'un civil prenant l'apéro à la fraîche, à Paris, à Tel Aviv, à Bruxelles, à San Bernardino, à Sousse ou à Ankara, est juste un civil prenant l'apéro à la fraîche. Le type qui lui tire dessus ne sait ni qui il est, ni ce qu'il pense, ni ce que sont ses choix politiques ou religieux. Il est juste venu le descendre à l'aveugle. C'est le principe même du terrorisme.

Vraisemblablement, de nouvelles avancées dans le processus de paix entre Israéliens et Palestiniens amélioreraient la situation et limiteraient l'éclosion de nouvelles vocations chez les pratiquants de kalachnikov urbaine. Même le maire de Tel Aviv en est convaincu. Mais s'il faut désormais aller chercher chez Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne, une condamnation plus ferme et plus spontanée de ces actions que chez nos médias, on a le droit de se dire découragé.

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