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Après la Grèce… l’Italie ?
©Reuters

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Le marché italien va réagir très fortement à la situation grecque. Si la Grèce fait défaut, l’Italie retombera durement en récession. Mais si un accord est trouvé, l’Italie a mis en place les conditions d’une reprise qui devrait être profitable à toutes ses entreprises.

Alain Pitous

Alain Pitous

Alain Pitous, Directeur Général Adjoint Associé de Talence Gestion (@alainpitous).

Talence Gestion est une société de gestion de portefeuille indépendante spécialisée dans la gestion sous mandat pour les particuliers et la gestion de fonds commun de placement en actions.

Précédemment, il a été pendant 5 ans (2009-2014) Deputy CIO d’Amundi (850 Milliards d’Euro sous gestion) et gérant du fonds Amundi Patrimoine de 2012 à juillet 2014.

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La semaine boursière a été sous influence quasi unique des nouvelles provenant de Grèce. Ce n’est pas étonnant, pour 2 raisons :

La situation grecque est binaire : soit, grâce à un accord, dont on distingue mal les contours à ce stade, la situation revient à ce qu’elle était il y a quelques mois, soit la Grèce se dirige vers un défaut de paiement. L’épilogue est proche : fin juin tout devra être joué, ce qui bien sûr amplifie la nervosité et les amplitudes de marchés.

La situation est donc vu comme "simple" par les opérateurs : un accord et les marchés reviendront rapidement vers les plus hauts récents, un défaut et le spectre de l’été 2011 viendra de nouveau hanter les marchés !

Nous restons pour le moment sur notre ligne de conduite adoptée depuis plusieurs semaines : prudence et recherche d’opportunités quand les marchés entrent en zone de stress. Nous pensons toujours qu’une solution destinée à sauver la face et gagner du temps sera trouvée, ce qui d’ailleurs ne justifiera pas un emballement excessif du marché.

En clair : après l’épisode grec, que nous espérons dénoué cette semaine, les "fondamentaux" reprendront le dessus.

Quelle que soit l’issue en Grèce, l’Italie devrait selon nous être particulièrement concernée :

- Si la Grèce fait défaut, l’Italie a tout du candidat idéal pour une attaque en règle des marchés dans la foulée.

- Si la Grèce sort de l’ornière, l’Italie devient un modèle de reprise sur lequel les investisseurs vont probablement revenir fortement.

Dans le cas d’un défaut évidemment, le jeu de domino classique sur les marchés va lourdement affecter l’Italie. Les obligations d’Etat du Sud vont être vendues massivement, dans le sillage du défaut grec, entraînant une hausse des taux. Le système bancaire grec tombera dans la foulée de l’Etat grec et entrainera les systèmes bancaires du Sud dans une zone de très fortes turbulences. Du coup, il y aura :

- Moins de crédit disponible pour les entreprises ;

- Une panne d’investissement ;

- De incertitude économique ;

- Un nouveau ralentissement économique avec le scénario social terrible de hausse accru du chômage.

Dans ce cas de figure, l’Italie, encore sous le choc de la crise de 2008-2011, serait particulièrement affectée.

A l’inverse, dans notre hypothèse optimiste d’un accord à minima en Grèce, la situation italienne présente de nombreux attraits dans une optique 2016-2017. Les atouts de l’Italie sont nombreux : elle reste malgré tout la 2ème économie industrielle en Europe derrière l’Allemagne et la 5ème dans le monde. Il s’agit d’une industrie très diversifiée : elle va de l’équipement électronique et industriel aux technologies en passant par les biens de consommations, la mode ou les transports Diversifiée, compétitive, avec une balance commerciale excédentaire, l’économie Italienne est donc bien positionnée pour profiter à plein du petit vent de reprise qui souffle sur l’économie européenne.

L’Italie avait durement souffert de 2008 à 2012, comme toute l’Europe du Sud : la fragilité du système bancaire dans cette période a restreint la capacité de crédit, ce qui a logiquement diminué les possibilités d’investissements des entreprises de la péninsule. La situation commence à s’inverser : après une baisse de près de 10% en 2012 et 6% en 2013, l’investissement commence à repartir en 2015, et la tendance pourrait s’accélérer en 2016. Le chômage a commencé à baisser un peu et la consommation repart également.

Sur le plan politique, Matteo Renzi a réussi à assurer une certaine stabilité et à enclencher de nombreuses mesures destinées à accompagner et pérenniser ce début de reprise. Les marchés ont salué cet ensemble d’éléments depuis le début d’année : la marché italien a largement surperformé en 2015, mais subi des contrecoups violents dès que les nouvelles de Grèce sont moins favorables. Nous ne conseillons donc pas d’acheter le marché italien dès cette semaine mais, à condition que la situation grecque s’éclaircisse, certaines valeurs pourront être à surveiller.

Quelques exemples :

- Dans la finance, Intesa ou Generali, qui ont su toutes les deux se restructurer et faire évoluer leur modèle dans un contexte difficile. Elles pourraient profiter d’une situation domestique meilleure ;

- Enel : société qui distribue du gaz et de l’électricité à 60 millions de clients dans le monde devrait voir ses résultats fortement monter dans les prochaines années. Malgré la surperformance du titre depuis le début d’année, il y a encore un potentiel à moyen-terme.

L’Italie va réagir très fortement à la situation grecque : un défaut en Grèce et l’Italie retombera durement en récession, et si un accord est trouvé, sans tomber dans un optimisme déplacé, l’Italie a mis en place les conditions d’une reprise qui devrait être profitable à l’économie et aux entreprises Italiennes.

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