Alexandre del Valle : "Les vrais ennemis de l'Occident ne sont pas forcément ceux qu’on croit"<!-- --> | Atlantico.fr
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Il est temps de sortir de cette dangereuse nouvelle guerre froide qui ne profite à personne puisque si la Russie est affaiblie par les sanctions, l'Occident n'a aucun intérêt à voir la Russie se jeter dans les bras de la Chine qui attend son heure.
Il est temps de sortir de cette dangereuse nouvelle guerre froide qui ne profite à personne puisque si la Russie est affaiblie par les sanctions, l'Occident n'a aucun intérêt à voir la Russie se jeter dans les bras de la Chine qui attend son heure.
©PRAKASH SINGH / AFP

Géopolitico-scanner

Dans son dernier ouvrage, "Les vrais ennemis de l'Occident" (L'Artilleur), Alexandre Del Valle, affirme que si l’Occident s’est révélé incapable de combattre l'islamisme, son "vrai ennemi" extérieur et intérieur, cela n'a pas été le fruit d'une naïveté ou de la seule culpabilisation post-coloniale, mais découle d'erreurs stratégiques et de considérations économicistes qui ont abouti à des choix d'alliances "contre-natures" ou "contre-civilisationnelles".

Alexandre del Valle

Alexandre del Valle

Alexandre del Valle est un géopolitologue et essayiste franco-italien. Ancien éditorialiste (France SoirIl Liberal, etc.), il intervient dans des institutions patronales et européennes, et est chercheur associé au Cpfa (Center of Foreign and Political Affairs). Il a publié plusieurs essais en France et en Italie sur la faiblesse des démocraties, les guerres balkaniques, l'islamisme, la Turquie, la persécution des chrétiens, la Syrie et le terrorisme. 

Son dernier ouvrage, coécrit avec Jacques Soppelsa, Vers un choc global ? La mondialisation dangereuse, est paru en 2023 aux Editions de l'Artilleur. 

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Atlantico : Pourquoi avez-vous choisi le terme assez direct et controversé, d'ennemi ?

Alexandre Del Valle : Premièrement, parce que la désignation des Amis (au sens d'alliés ayant des intérêts convergents) et des Ennemis (qui nous menacent dans notre existence et dans nos intérêts vitaux) est fondamentale en politique et en géopolitique. Deuxièmement en référence à Karl Popper, à qui je dédie cet ouvrage, le grand épistémologue et politologue qui, comme Raymond Aron, définissait la "société ouverte" - pluraliste et démocratique qui est la nôtre - comme l'exact contraire de la société totalitaire. Toutefois, on constate depuis des décennies que les termes de "sociétés ouvertes", de pluralisme et de tolérance sont très souvent instrumentalisés par ceux qui sapent la cohésion et la survie mêmes de nos sociétés, à commencer par George Soros et son ONG Open Society Institute, qui ne cesse de prétendre que les "vrais ennemis" de l'Occident seraient, d'une part, sur le plan extérieur, la Russie (et ses alliés) et, d'autre part, sur plan intérieur, les adeptes d'idées patriotiques et identitaires, les "populistes" réduits ad hitlerum, dont le tort suprême ne serait pas d'être des "fascistes" réels mais tout simplement des opposants au projet utopique de société "sans frontières".

Les adeptes de ce "géopolitiquement correct" (nommé Mc World par le grand sociologue américain Benjamin Barber) haïssent donc par dessus tout non pas ceux qui nous menacent existentiellement-identitairement, mais au contraire tous ceux qui chez nous ou à l'extérieur s'opposent le plus au Village Global et à la pénétration de l'ennemi principal islamiste. Au sein de la civilisation européenne-chrétienne, ce "récalcitrant" est bien sûr la Russie post-soviétique, qui prône, à l'inverse de l'Occidentisme, un retour à l'identité chrétienne-européenne, à la fierté nationale, au multipolarisme et à la realpolitik, exacts opposés du moralisme occidental droit-de-l’hommiste. Sur le plan intérieur, outre les terroristes - face minoritaire et immergée de l'Iceberg islamiste – ce ne sont donc pas les mouvements et prédicateurs islamistes prosélytes conquérants - qui refusent sur notre sol nos valeurs et toute forme d'intégration - qui sont désignés comme ennemis suprêmes, mais tous ceux qui tentent d'empêcher la dilution de l'identité européenne autochtone et refusent que nos sociétés ouvertes deviennent un laboratoire d'une nouvelle Tour de Babel consumériste multiculturaliste.

Troisièmement, je commence mon livre par le rappel de ce que c'est réellement qu'un Ennemi, au sens militaro-stratégique et non idéologico-moral du terme : l'ennemi n'est pas celui qui ne respecte pas les droits de l'homme ou nos valeurs démocratiques et pluralistes, comme le font croire nos élites politiquement correctes hypocritement moralistes (comme François Hollande appelant à traîner Vladimir Poutine devant la Cour Pénale Internationale en raison des bombardements d'Alep). Ce n'est pas celui qui ne pense pas comme nous ou qui refuse notre vision individualiste et libérale de la démocratie, pour la bonne raison que l'on ne peut pas l'imposer au reste du monde non-occidental lorsqu'il n'en veut pas. L'ennemi réel n'est même pas le "terrorisme", la "global terror", ou "l'extrémisme violent", contrairement à ce que font croire les élites anglo-saxonnes très islamiquement correctes et obligées des pétromonarchies sunnite du Golfe et du Pakistan, car le terrorisme n'est qu'un mode d'action. L'ennemi islamiste réel ne se limite pas au terrorisme, mais englobe en fait l'ensemble de la mouvance islamiste sunnite néo-impériale-califale qui s'appuie sur une lecture politisée certes mais orthodoxe de l'islam et de la violence légale de la Charià.

L'ennemi réel est en fait l'entité vivante, concrète, qui projette de mettre en danger notre population, notre territoire, nos valeurs fondamentales et nos intérêts vitaux, donc celui qui forme, arme, alimente et diffuse son idéologie islamiste théocratique totalitaire de façon légale et aux quatre coins du monde grâce aux milliards de pétro-gazo-dollars de nos étranges "alliés"- faux amis vrais ennemis du Golfe. L'ennemi est certes aussi le terroriste qui vient nous combattre dans notre pré carré jusque sur nos terrasses et dans nos églises, mais il est avant tout à identifier dans celui qui l'a formé idéologiquement et qui a profité pour cela de notre ouverture et de notre tolérance pour venir prêcher la haine de nos valeurs sur notre propre sol. Notre ennemi n'est pas le dictateur (même horrible) qui réprime des révoltes, fait la guerre à son voisin, ou écrase des groupes islamistes révolutionnaires barbares chez lui, comme la Syrie de Bachar al-Assad ou jadis la Libye de Kadhafi et même l'Irak de Saddam Hussein, quoi que l'on pense moralement de ces régimes dictatoriaux. Car le moralisme est le contraire de la démarche stratégique.

Il est temps de redéfinir nos vrais amis et ennemis, de renouer des rapports amicaux et constructifs avec la Russie et les régimes arabes souverainistes en guerre contre l'islamisme et que nous avons stupidement agressés ou réprimandés en nous immisçant dans leurs affaires internes (Algérie, Syrie, Egypte, etc.), puis de cesser de relayer avec zèle tous les pays revanchards de l'Est de l'Europe et du Caucase qui voudraient lancer l'Otan dans une folle guerre contre Moscou. Il est temps de sortir de cette actuelle dangereuse nouvelle Guerre froide qui ne profite à personne puisque si la Russie est affaiblie par les sanctions, l'Occident n'a aucun intérêt à voir la Russie se jeter dans les bras de la Chine qui attend son heure...

Est-ce possible que des dirigeants occidentaux très bien informés par différents services performants se soient trompés au point de laisser progresser sur le sol de nos démocraties occidentales - comme vous l'affirmez - une menace aussi grave que celle de l'islamisme radical, puis refusé de le combattre au niveau mondial, jusqu'à l'encourager en plusieurs points du globe face à un "autre ennemi" et lequel ?

Vous avez raison de dire que nos dirigeants sont très bien informés ! Mais à défaut d'être naïfs, ils sont liés à des Etats islamistes sunnites qui sont autant "nos alliés" (pétro-gazo-monarchies sunnites du Golfe, Pakistan, Turquie néo-ottomane, etc.), sur le plan énergétique et géo économique, qu'ils sont clairement nos ennemis à long terme sur le plan géocivilisationnel et stratégique... Cela paraît étonnant, mais si l'on définit l'Occident comme l'ensemble des économies de marché capitalistes unies non pas par des valeurs civilisationnelles mais par l'atlantisme et un projet universel-cosmopolite et économiciste, une alliance avec des monarchies islamistes-salafistes officiellement non-terroristes ou une Turquie néo-ottomane, ceux-ci étant parfaitement intégrées au système économique mis en place par cet Occident, peut paraître plausible en apparence et surtout à court terme... A cette aune, l'intérêt de la civilisation occidentale judéo-chrétienne, et donc de nos cultures nationales naturellement menacées par l'islamisme prosélyte totalitaire et conquérant, semble être le dernier des soucis de nos dirigeants habités par le seul impératif court-circuite de la réélection et pour qui les avertissements de nos services de sécurité ne sont écoutés que s'il y a des évènements tellement dramatiques que "l'Opinion publique" risquerait de se retourner contre eux électoralement...

Ensuite, je m'acharne à rappeler depuis des années que, si ce même Occident continue de désigner la Russie comme son pire ennemi stratégique malgré la fin déjà ancienne de la Guerre froide, et si l'objectif de nos stratèges atlantiste demeure l'endiguement/refoulement de la Russie post-soviétique, systématiquement rejetée malgré ses intentions au départ amicales dès 1991, il est logique qu'à cette "Erreur sur l'ennemi" (Russie) soit associée une "Erreur sur les amis" : en effet, il y a là une logique à ce que les armées occidentales aient agressé des régimes anti-islamistes et pro-russes comme l'ex-Yougoslavie, la Serbie de Milosevic, l'Irak baathiste de Saddam Hussein ou encore la Libye de Kadhafi ou même la Syrie de Bachar al-Assad (quoi que de façon non achevée), qui permettent ou permettaient tous à la Russie d'avoir un accès aux mers chaudes, à la Méditerranée ou à l'Ouest. La vielle stratégie de "muslim belt" consistant à jouer le totalitarisme vert (islamisme) contre le Rouge (ex-URSS), ou aujourd'hui contre son Etat successeur la Russie et ses alliés arabes ou autres, est loin d'avoir été abandonnée après la guerre d'Afghanistan lorsque la CIA équipait et armait les pires jihadistes salafistes. Elle est encore très active en Libye ou en Syrie, notamment, où les pays de l'OTAN ont été et sont même encore du côté des Frères musulmans et des jihadistes (excepté l'épouvantail Daech) face aux derniers régimes nationalistes arabes que nos "alliés" sunnites du Golfe veulent éradiquer comme ils ont voulu la fin de l'ex-Yougoslavie de l'Irak, de la Libye, etc.

Vous parlez dans votre livre de "pôles de l'islamisme radical", c'est-à-dire les monarchies du Golfe précitées, la Turquie, etc., comment agissent-ils et pourquoi sont-ils autant nos ennemis que les terroristes ?

L'Occident a ouvert les portes de son territoire et a offert sa propre population musulmane en pâture à des entités islamistes ennemies car expansionnistes, donc hostiles à l'intégration des musulmans et à notre civilisation, et qui bafouent ses valeurs sur son propre sol. Rappelons que la seule Arabie Saoudite - qui finance principalement le wahhabisme - a par exemple dépensé à elle seule et via entre autres la Ligue Islamique mondiale (LIM), depuis 1980, "75 milliards de dollars pour la propagation du salafisme, le financement des mosquées et des organismes de bienfaisance partout dans le monde islamique" (la LIM dispose de sièges à Bruxelles, Mantes la Jolie, etc). Ceci représente plus que tout le budget de l’URSS consacré à l’expansion du communisme pendant la totalité de la guerre froide, soit plus que ce qu'aucun Etat totalitaire, nazisme et communisme compris, n'ont jamais disposé en matière de moyens financiers... Le rôle du Qatar est connu, mais je donne dans mon livre des exemples précis de la duplicité de ces pays et de leurs intentions officielles de promouvoir chez nous et partout sur terre le projet totalitaire le plus global, dangereux et mégalomaniaque jamais conçu. Le Qatar est à ce titre le champion du double jeu, lui qui a financé des analyses qui dédouanent l’émirat et pointent du doigt les voisins saoudiens et koweïtiens alors qu’il a été le premier bailleur de la rébellion islamiste syrienne... Je cite aussi les "pôles" moins connus mais également très actifs chez nous que sont les Tablighs indo-pakistanais, la Jamaà pakistanaise, le pôle turco-ottoman, et même le koweït, moins connus que les pôles saoudiens, qatari ou frères musulmans, mais très actifs en sous-main et au sein des communautés musulmanes issues de l'immigration. Sans oublier l’importance grandissante des organisations islamiques mondiales comme la Ligue islamique mondiale, précitée, "qui a pour tâche de coordonner et de financer les activités des centres islamiques à travers le monde", ou encore l’Assemblée mondiale de la jeunesse musulmane, ONG accréditée auprès de l’ONU, et qui y est très active dans le but de promouvoir la Charià, à l'instar de "L'ONU des Etats musulmans" qu'est l'organisation de la Coopération islamique mondiale (OCI), pôle inter-étatique majeur de la promotion de la Charià dans le monde et en Europe.

En laissant faire les "pôles du totalitarisme islamiste" depuis des décennies, nos élites dirigeantes trahissent les valeurs pluralistes de nos sociétés et mettent en péril leur survie géo-civilisationnelle. Leur erreur suicidaire a été de confondre le pluralisme louable avec le multiculturalisme dangereux car inévitablement multiconflictuel. Car les deux notions ne sont pas du tout synonymes. En effet, le multiculturalisme (qui peut très bien concerner des sociétés totalitaires) fait objectivement et subjectivement le lit de l'islamisation au nom d'un "droit à la différence" et d'un relativisme culturel qui reviennent à tolérer l'intolérable, y compris ses ennemis déclarés.

Rappelons en effet que, outre les cas isolés des terroristes, les islamistes radicaux (Frères musulmans, Milli Görüs turc, Tabligh indo-pakistanais, Ligue islamique mondiale, etc.) financés par nos faux "amis-alliés" que sont le Pakistan, la Turquie, le Qatar, l'Arabie Saoudite et même le Koweit (que nous avions "sauvé" face à l'Irak de Saddam Hussein), poursuivent, de façon plus habile mais plus sûre que les islamiste-jihadistes, un même projet de conquête globale face aux "mécréants" que seraient tous les non-musulmans non-sunnites. Ils veulent étendre à terme partout leur ordre politico-théocratique, par le "jihad de l'épée", en terre de Palestine ou en Syrie-Irak (ces pôles amis de l'Occident y financent le Hamas, Ahrar al-Sham, les Frères musulmans combattants, etc.) ou par celui du "verbe". En toute liberté, en toute légalité, ils essaient ainsi d'embrigader sur notre propre sol notre population musulmane. Ces pôles officiels, respectables, oeuvrent lentement mais surement, par le "jihad du verbe" ou du droit démocratique subverti, à une logique "partitionniste larvée" visant à faire des communautés musulmanes fanatisées et rendues paranoïaques par le thème obsessionnel de "l'islamophobie" des entités séparatistes et hostiles, ce qu'il faut bien sûr éviter à tout prix en contrant cela par une politique assimilatrice ambitieuse fondée sur la fierté nationale.

Pendant que les stratèges de l'Otan nous font croire que le pire danger pour nos sociétés occidentales est la Russie de Poutine, qui "fait bombarder Alep" et aurait "envahi la Crimée", les pôles de l'islamisme radical profitent de nos libertés et des relations diplomatiques qui unissent nos pays aux leurs pour tenter de fanatiser contre nos valeurs d'accueil nos citoyens musulmans les plus réceptifs. Même des États musulmans qui ne sont pas islamistes radicaux adhèrent globalement à ce projet irrédentiste d'islamisation du monde (Maroc, très présent au sein du CFCM), opposé à nos valeurs. Ceci est clairement attesté par le fait que la quasi-totalité des pays musulmans du monde adhère à l'Organisation de la Coopération islamique (OCI) dont l'objectif déclaré est de faire régner partout l'ordre de la Charià, y compris à terme dans nos cités. Que des États utilisent la liberté religieuse pour monter des pans entiers de la population, ceci constitue la définition même d'un ennemi. 

Revenons à la Russie, quel est le lien entre le dossier de la nouvelle guerre froide contre Moscou déclarée selon vous par l'Occident, et l'islamisation de nos sociétés ouvertes par les "pôles de l'islamisme radical".

Parallèlement à la destruction (ou tentative de destruction) des derniers régimes arabes nationalistes laïques ou anti-islamistes (Irak, Libye, Syrie, etc), nous avons assisté depuis la fin de l'URSS à une nouvelle guerre froide contre la Russie qui s'est réalisée au détriment des intérêts bien compris des Européens, à qui les stratèges américains de l'Otan et leurs alliés anglais et d'Europe de l'Est (Pologne, Pays Baltes) ont fait croire que la Russie restait l’ennemi à abattre, ceci conformément à une constante de la géostratégie anglo-saxonne qu'est la théorie de l’endiguement et de l'encerclement du Heartland russe, notamment par une "muslim belt" qui inclut les pays islamiques sunnites. L’erreur de nos dirigeants occidentaux a consisté à suivre la stratégie lancée par Washington après la Guerre froide et qui visait à accentuer l'isolement-refoulement-affaiblissement de la Russie pour éviter sa réémergence en tant que grande puissance, en la ceinturant de pays musulmans (Caucase-Tchétchénie, Asie centrale, Turquie, Pakistan, pays du Golfe sunnites, etc.) et en la coupant de l'Ouest par un "European Belt" (politique d'expansion de l'OTAN et de l'UE vers l'Est, d'où les fameuses "révolutions oranges" ou de "couleurs" qui ont abouti au chaos actuel de l'Ukraine mais dont le but était de chasser du pouvoir les dirigeants pro-russes). Cette politique s’était déjà vérifiée au moment de la guerre du Kosovo en 1999, puis en Géorgie, juste avant la crise en Ukraine, où les milieux occidentaux officiels (UE, Département d'Etat américain, Endowment for Democracy, etc.) et privés (Open society de George Soros, etc) ont investi des milliards de dollars pour réduire la profondeur stratégique de la Russie de Poutine partout dans son "étranger proche".

Comment la France et l'Occident peuvent-ils contrer cette menace islamiste conquérante?

Nos sociétés ouvertes à tous les vents doivent de façon urgente réapprendre à se fermer, au sens non péjoratif du terme, c'est-à-dire à sélectionner, à hiérarchiser l'ennemi et l'ami, donc à refuser de donner sa tolérance aux ennemis de la tolérance. Il doit réapprendre à refuser l'Autre qui refuserait de s'adapter et donc réapprendre à s'aimer lui-même et se réconcilier avec son identité afin de mieux la défendre contre ses ennemis géocivilisationnels déclarés. Karl Popper qui est à tort cité par George Soros pour justifier le combat contre les souverainetés nationales et nos valeurs identitaires, a même écrit très clairement sur ce point en affirmant que c'est un devoir et non seulement un droit que de combattre - y compris de façon violente - ceux qui viennent chez nous saper nos valeurs en profitant de notre "tolérance" à sens unique. D'évidence, le premier front doit être intérieur, et il ne s'agit pas, comme l'affirment les anti-fascistes et anti-racistes professionnels, de chasser l'Autre quel qu'il soit et de semer la haine, mais au contraire de diffuser notre amour de nous-mêmes et l'offrir généreusement aux nouveaux venus, à la condition non négociable qu'ils respectent nos valeurs et identité. Cela signifie que la bataille du front intérieur n'est pas seulement sécuritaire, mais culturelle, pédagogique, psychologique. Elle consiste à relancer la puissante machine à intégrer-assimiler tout en neutralisant sans concessions et fermement les relais de nos ennemis sur notre territoire. En matière de politique étrangère, les opérations militaires extérieures ne peuvent se justifier que si nous sommes en situation de défense légitime, ou en appui à des États existants qui nous l'ont demandé, comme cela est le cas de la France au Mali ou de la Russie en Syrie par exemple. Mais en aucun cas nous devons gaspiller nos forces et discréditer nos valeurs démocratiques et humaines en allant bombarder des régimes qui ne nous ont pas agressés, comme on l'a vu avec le chaos que l'Otan a semé en ex-Yougoslavie, en Irak ou en Libye. Il s'agit donc de renouer des alliances géopolitiques réalistes, notamment avec notre allié historique russe, mais aussi avec l'Egypte, puis surtout de défendre avant tout chez nous nos valeurs démocratiques et pluralistes d'origine chrétienne-et gréco-latine (car nous ne venons pas de nulle part) avant d'aller les exporter hypocritement chez les autres...

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