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2015, année d'une nouvelle crise de l'euro ?
©Reuters

Le nettoyeur

Si le plus gros de la crise est derrière nous, aucune réforme structurelle n'a été menée au sein de l'Union européenne. Ce qui veut dire qu'une nouvelle crise est inévitable. Toute la question est de savoir quand...

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry est journaliste pour Atlantico.

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Sur l'horizon de 2015, je vois un nuage bien noir : c'est la zone euro.

En effet, l'urgence de la crise est derrière nous, mais aucun des problèmes sous-jacents n'a été réglé. Ce qui veut dire qu'un nouvelle crise est inévitable. La question est : quand ?

Le problème fondamental de conception de la zone euro n'est toujours pas réglé. Si plusieurs pays, a fortiori des pays de productivité différente, ont la même zone monétaire, cela veut dire qu'à un instant T, il y aura certains pays pour lesquels la politique monétaire sera trop généreuse, et/ou d'autres où la politique monétaire sera trop restrictionniste. Une politique trop généreuse crée de l'inflation et/ou des bulles spéculatives ; une politique trop restrictionniste crée du sous-emploi.

Dans les années 2000, l'euro a créé des bulles spéculatives dans les pays de la périphérie de la zone euro. Aujourd'hui, la politique trop restrictive condamne la zone euro au marasme économique.

Les tensions au sein de la zone euro ne sont pas accidentelles, elles sont structurelles. Et plus le marasme économique se prolonge, plus ces tensions économiques se traduisent en tensions politiques, qui menacent la survie de la zone euro.

Au départ, ce problème devait être réglé par des réformes structurelles dans les pays périphériques, qui devaient augmenter leur productivité au niveau de celui des pays du “coeur” de la zone euro. C'était l'objectif du fameux Agenda de Lisbonne (vous en souvenez-vous ?). Et, a priori, ce n'était pas idiot : qui peut dire ce qui se serait passé si, par exemple, l'énorme expansion du crédit en Espagne dans les années 2000 s'était versée dans des activités productives plutôt que dans une bulle immobilière ? Seulement voilà, les réformes en questions n'ont pas eu lieu.

Aujourd'hui, même maux, mêmes remèdes : toujours plus de réformes structurelles. Mais voilà, il est fort possible que ça soit trop tard. Sans réelle relance fiscale, et surtout monétaire, il y a fort à parier que les réformes structurelles, même si elles ont lieu - ce qui est tout sauf sûr - n'apporteront pas la croissance.

Avec ses pressions démographiques, ses rigidités sociales, une mondialisation qui empêche d'être compétitif à bas coût, et une monnaie qui rend difficile de vendre à forte valeur ajoutée, relancer la croissance en Europe n'est pas une mince affaire...

Et s'il n'y a pas de croissance, les tensions politiques continueront, jusqu'à la prochaine crise. Et si l'euro a échappé à la dissolution de justesse à la dernière crise, qui peut affirmer qu'il y échappera encore la prochaine fois ? La dissolution de l'euro est peut être encore la meilleure chose pour l'Europe sur le long terme, mais sur le court terme, les conséquences économiques seront certainement catastrophiques...

Voilà, donc, dans l'horizon économique, ce qui m'inquiète le plus pour 2015.

Cette crise aura-t-elle lieu en 2015 ? Bien malin qui peut l'affirmer. Mais elle aura lieu un jour. Et il n'y a pas moins de raisons pour qu'elle ait lieu en 2015 que pour qu'elle ait lieu à un autre moment.

Bonne année !

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