Les devoirs à la maison, un mal nécessaire ?

Même s'ils ont été officiellement supprimés en 1956 à l'école primaire, la pratique des devoirs à la maison ne s'est jamais vraiment perdue. Relançant le débat sur leur pertinence, la FCPE, principale fédération de parents d'élèves, et l'Institut coopératif de l'école moderne (Icem-Pédagogie Freinet) ont créé un blog intitulé "Ce soir pas de devoirs", sur lequel parents et enseignants sont invités à poster leurs témoignages dans le cadre d'une opération "quinzaine sans devoirs".

L'initiative vise à "faire réfléchir les enseignants et de les amener à essayer autre chose", selon Catherine Chabun, responsable nationale à l'Icem, un institut qui repose sur la pédagogie Freinet, fondée sur la libre expression des enfants. Considérés comme un facteur de discrimination et un fardeau inutile, les devoirs à la maison sont remis en cause par plusieurs parents d'élèves et enseignants.

"Les journées scolaires sont déjà très lourdes pour les enfants, ils sont fatigués, et alourdir ces journées est inutile", estime Philippe Meirieu, chercheur en pédagogie. "Les devoirs sont efficaces s'ils sont accompagnés : quand les parents, le grand frère, la grande sœur, un répétiteur, un professeur accompagnent l'élève, mais là nous renvoyons à une forme d'inégalité sociale et d'injustice très lourde", ajoute-t-il.

Pourtant, si la FCPE invite parents et enseignants à " réfléchir et à imaginer d'autres relations familles-école et d'autres moyens de communication que les devoirs et les notes", elle ne fait aucune proposition concrète.

D'autres enseignants jugent au contraire, à l'image de Jean-Michel Zakhartchouk, professeur dans un collège d'éducation prioritaire de Creil (Oise), que les devoirs forment un lien nécessaire entre l'école et la famille. "L'école ne devrait pas être uniquement le lieu où on apprend et la maison uniquement le lieu des loisirs. C'est important qu'il y ait un lien entre les deux", affirme-t-il.