L'ancien patron de la DGSE, Bernard Bajolet, a été mis en examen pour complicité de tentative d'extorsion<!-- --> | Atlantico.fr
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Bernard Bajolet quitte l'Elysée après le discours du président de la République lors de la conférence annuelle des ambassadeurs de France, le 1er septembre 2022.
Bernard Bajolet quitte l'Elysée après le discours du président de la République lors de la conférence annuelle des ambassadeurs de France, le 1er septembre 2022.
©Ludovic MARIN / AFP

Justice

Un homme d'affaires accuse le service de renseignements d'avoir fait usage de la contrainte pour lui réclamer de l'argent en 2016.

L'ex-directeur général de la sécurité extérieure (DGSE) Bernard Bajolet a été mis en examen en octobre pour complicité de tentative d'extorsion envers un homme d'affaires. Cette personne accuse le service de renseignements d'avoir fait usage de la contrainte pour lui réclamer de l'argent en 2016, selon l'AFP et d’après des informations du Monde.

Bernard Bajolet, à la tête de la DGSE d'avril 2013 à mai 2017 avant de prendre sa retraite, a aussi été mis en examen pour atteinte arbitraire à la liberté individuelle par personne dépositaire de l'autorité publique.

Un homme d'affaires franco-suisse est au cœur des accusations visant le service de renseignements. Alain Duménil accuse le service de renseignements d'avoir fait usage de la contrainte pour lui réclamer de l'argent en 2016.

En mars 2016, cet homme de 73 ans, dont le nom apparaît dans une pléthore d'affaires judiciaires et de litiges commerciaux relatifs à la gestion de ses entreprises en France et en Suisse, s'apprête à embarquer pour un vol en partance pour Genève à l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle, d'après le récit de la source proche du dossier auprès de l’AFP.

Au guichet Air France, il est contrôlé par deux fonctionnaires de la PAF (police aux frontières). Après lui avoir demandé son passeport, ils prétextent un contrôle plus approfondi et l'invitent à les suivre au poste de police situé dans le terminal 2F. Il est amené dans un local du poste de police. Deux des 7000 agents que compte la DGSE, en civil, pénètrent dans la pièce, selon la même source. Se présentant comme « l'Etat », ils lui indiquent qu'il doit rembourser 15 millions d'euros à la France.

D'après le récit qu'en fait l'homme d'affaires franco-suisse, ils auraient proféré des menaces à son encontre.

En octobre 2022, Bernard Bajolet a été entendu et mis en examen. Il explique aux juges d'instruction avoir validé le principe d'une entrevue à l'aéroport, mais ne pas être entré dans les détails de sa mise en œuvre.

Les noms des services et personnes chargées de ce dossier, ainsi que ceux des agents ayant mené l'entretien, ne seront jamais divulgués, protégés par le secret défense.

Pour l'ex-patron de la DGSE, l'objectif de cette opération était une prise de contact courte et sans contrainte, avec un homme considéré par l'institution comme insaisissable et avec qui de nombreuses tentatives de prises de contact antérieures avaient échoué.

Les journalistes du Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, ont enquêté sur cette affaire et ses ramifications. Les services de renseignement français disposaient de fonds cachés qu’ils ont imprudemment investis, ces dernières décennies, dans des sociétés fragiles. Pour récupérer cet argent, ils auraient pu menacer un entrepreneur jugé indélicat, Alain Duménil.

L’ancien directeur du cabinet de Bernard Bajolet, le général Jean-Pierre Palasset, bénéficie, pour sa part, du statut intermédiaire de témoin assisté dans ce dossier.

L’actuel patron de la DGSE, Bernard Emié, a également dû s’expliquer, en tant que simple témoin, sur les mesures d’extorsion dont se serait rendue coupable la DGSE, en mars 2016, envers Alain Duménil. Bernard Bajolet et son ancien adjoint sont soupçonnés d’avoir permis ou autorisé la mise en œuvre d’un chantage intimidant sur cet homme d’affaires qui s’était retrouvé, un peu par hasard, au début des années 2000, à devoir gérer l’argent caché des « services », selon des informations du Monde.

Devant la juge Thépaut, les principales figures du renseignement interrogées dans cette affaire ont dû se confier sur le trésor de guerre de la DGSE, sur les 23 millions d’euros accumulés depuis un siècle et dilapidés au gré d’investissements hasardeux.

Selon les hauts fonctionnaires, Alain Duménil aurait, par des manœuvres financières déloyales, récupéré, pour son profit personnel, les avoirs des services. Alain Duménil réfutez ces accusations.

« Le président de la République était au courant de l’escroquerie subie par mon service », selon le procès-verbal de Bernard Bajolet, nommé à son poste, en 2013, par François Hollande, selon les révélations du Monde.

La DGSE a néanmoins vivement démenti auprès du Monde « avoir exercé la moindre menace, séquestration ou tentative d’extorsion » à l’encontre de l’homme d’affaires Alain Duménil.

Le Monde

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