Gilets jaunes : les pratiques de maintien de l’ordre de l’ancien préfet de police de Paris, Didier Lallement, sont visées par une enquête<!-- --> | Atlantico.fr
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Un juge d’instruction va enquêter sur les pratiques de maintien de l’ordre de l’ancien préfet de police Didier Lallement lors des manifestations des Gilets jaunes.
Un juge d’instruction va enquêter sur les pratiques de maintien de l’ordre de l’ancien préfet de police Didier Lallement lors des manifestations des Gilets jaunes.
©Thomas SAMSON / AFP

"Technique de la nasse"

Un magistrat va se pencher sur la légalité des méthodes utilisées au regard du droit pénal de la gestion globale de la manifestation du 16 novembre 2019 par l’ex-préfet de police de Paris, Didier Lallement.

Un juge d’instruction va enquêter sur les pratiques de maintien de l’ordre de l’ancien préfet de police Didier Lallement, accusé par deux figures des Gilets jaunes de les avoir mis en danger en les « nassant » et en les empêchant de manifester à Paris à la fin de l’année 2019.

Ce magistrat va se pencher sur la légalité au regard du droit pénal de la gestion globale de cette manifestation, alors que la justice ne s’intéresse habituellement qu’à des pratiques individuelles comme des tirs litigieux de lanceur de balles de défense (LBD).

Dénoncée dans cette plainte, la « nasse » consiste à encercler les manifestants et les retenir dans un périmètre donné.

Le Défenseur des droits a recommandé à la mi-2020 de mettre fin à cet « encagement » qui conduit « à priver de liberté des personnes sans cadre juridique ».

En juin 2021, le Conseil d’Etat a annulé plusieurs dispositions du schéma national de maintien de l’ordre (SNMO), dont celles concernant « la nasse », contraignant en décembre le ministère de l’Intérieur à encadrer et limiter le recours à cette technique.

Deux coorganisateurs de la manifestation du 16 novembre 2019, Priscillia Ludosky et Faouzi Lellouche, sont à l’origine de cette plainte, initialement déposée en juin 2020 contre Didier Lallement et contre X pour « atteinte arbitraire à la liberté individuelle », « entrave à la liberté de manifestation » ou « mise en danger d’autrui ». 

A l’époque, plusieurs centaines de personnes s’étaient réunies à la mi-journée place d’Italie à Paris pour fêter le premier anniversaire de la mobilisation des Gilets jaunes. Le cortège devait partir à 14h00 mais à 14h19, la préfecture de police demande « l’annulation » de la manifestation pour cause d’« exactions ». 

Lors de ce rassemblement, le Gilet jaune Manuel Coisne perd un œil suite à un tir policier de grenade lacrymogène. La stèle du maréchal Juin, au centre de la place, a été dégradée.

Présent sur les lieux, le préfet de police Didier Lallement avait répondu à un manifestant : « nous ne sommes pas dans le même camp, madame ! ».

Les personnes à l’origine de cette plainte accusent le préfet et son institution d’avoir nourri la confusion et la colère en annonçant l’annulation de la manifestation après son début, puis en ordonnant aux forces de l’ordre d’encercler la place et de réprimer le rassemblement, l’empêchant d’arriver à son terme, faisant de nombreux blessés. Cette situation avait constitué en « une garde à vue à ciel ouvert de trois heures », selon eux. 

Mi-décembre 2020, Rémy Heitz, alors procureur de Paris, a répondu aux plaignants en classant sans suite leur plainte « au regard des éléments (…) sollicités » auprès de la préfecture de police qui montraient, selon lui, les « choix opérationnels limités dont la police disposait (…) et du contexte particulier dans lequel les forces de l’ordre intervenaient ».

Les deux manifestants ont demandé par une nouvelle plainte la désignation d’un juge d’instruction. Sollicité cette fois pour avis, le parquet de Paris maintient son opposition à une enquête, prenant en octobre 2021 de rares réquisitions aux fins de non informer.

Reprenant l’argumentation de Rémy Heitz fondée pour l’essentiel sur les éléments fournis par la préfecture de police, une procureure a justifié « qu’aucune qualification pénale ne pouvait être retenue ».

Mais dans une ordonnance consultée par l’AFP, un juge d’instruction parisien est passé outre ces réquisitions le 31 août et a décidé de lancer des investigations sur ces faits qui « peuvent légalement admettre une qualification pénale ».

Le Parisien

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