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Etat islamique : le poignant témoignage d'une jeune Yézidie donnée en cadeau au Califat
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Bouleversant

Le "Washington Post" a raconté ce mercredi l'histoire d'une adolescente de 14 ans "donnée en cadeau" à un commandant du groupe djihadiste.

"Je suis une jeune Yézidie de 14 ans donnée en cadeau à un commandant de l'Etat islamique. Voilà comment je me suis enfuie." Cette histoire c'est celle de Narin (dont le prénom a été modifié pour éviter d'éventuelles représailles) telle que la rapporte ce mercredi le Washington Post. Un témoignage, recueilli par Mohammed A. Salih,  journaliste kurde basé à Erbil, dans le Kurdistan irakien, qui montre en partie les atrocités menées par le Califat en Irak et en Syrie. En voici quelques passages. 

"Le 3 août dernier, ma famille s'est enfuie de son village de la plaine de Ninive avec un peu d'argent et quelques vêtements, avant l'arrivée des dihadistes de l'Etat islamique. Alors que nous faisions une pause dans le désert, nous avons été entourés par des militaires qui étaient vêtues des uniformes de l'Etat islamique" renseigne la jeune Narin au quotidien américain. Et d'ajouter : "Plusieurs personnes se sont mises à crier, nous avions peur pour nos vies. Je ne me suis jamais sentie aussi impuissante du haut de mes 14 ans. Il n'y avait rien que nous puissions faire".  

La petite Yézidie poursuit : "Les djihadistes nous ont séparés par sexe et par âge ; les jeunes hommes d'un côté, les jeunes femmes de l'autre. Un dernier groupe était consisté  de personnes âgées qu'ils ont dépouillé de leurs biens et abandonné dans une oasis." Ensuite, "les jeunes femmes et jeunes filles ont été placées dans des camions. Quand les véhicules ont démarré, nous avons entendu des coups de feu, et compris plus tard qu'ils avaient tué les jeunes hommes, dont faisait partie mon frère âgé de 19 ans et qui s'était marié six mois plus tôt".

Narin explique ensuite qu'ils sont arrivés dans une petite ville située non loin de Mossoul, près de la frontière syrienne. Il y avait déjà sur place bon nombre de femmes yézidies, elles aussi capturées par l'Etat islamique.  Leurs pères, frères et maris avaient également été tués. Dans son témoignage, l'adolescente explique que les djihadistes les ont forcés à se convertir à l'islam. "Nous avons refusé. Ils étaient furieux. Ils nous ont insulté en disant que nos croyances étaient maudites". Une autre fois, "ils nous ont dit que nous étions des païens et en punition nous ont enfermés dans un bâtiment pendant 20 jours. Nous dormions à même le sol et ne mangions qu'une seule fois par jour" assure Narin. "Chaque matin, un membre de l'Etat islamique venait pour essayer de nous convertir, mais nous avons toujours refusé".  

Elle et son amie Shayma ont ensuite été offertes "en cadeau" à deux membres de l'Etat islamique dans le sud de l'Irak, près de Bagdad. "Ils voulaient faire de nous leurs épouses ou leurs concubines" indique-t-elle au Washington Post. Et de détailler : "J'ai été 'donnée' à Falloujah à un gros homme à la barbe noire d'une cinquantaine d'années, apparemment d'un grade élevé, qui m'a ordonné de me convertir, en vain. Il a tenté de me violer plusieurs fois, sans y réussir. Il m'a insultée, battue, donné des coups de pied et des coups de poing. Il ne me nourrissait qu'une seule fois par jour."

Mais grâce à des téléphones portables donnés pour qu'elles appellent leurs familles respectives, Narin et Shayma ont pu contacter "Mahmoud, ami sunnite d'un cousin" de cette dernière et élaborer un plan pour s'enfuir. Pour cela, "je me suis servie de couteaux de cuisine afin de briser les serrures des deux portes de la maison" dans laquelle Narin était enfermée. Habillées de longues abayas noires, à l'heure de la prière du soir, elles ont marché pendant 15 minutes dans la ville. Puis Mahmoud les a retrouvées et les a emmenées chez lui. 

Le lendemain, il "nous a trouvé un chauffeur de taxi pour nous conduire à Bagdad, à deux heures de là. Couvertes d'un niqab, munies de fausses cartes d'identité d'étudiantes, nous avons pu passer les différents barrages routiers de contrôle, qu'ils soient tenus par l'Etat islamique ou les forces irakiennes car Mahmoud soudoyait les gardes pour nous laisser passer." 

Avec d'autres cartes d'identité, Narin prend ensuite l'avion pour Erbil. Libre, elle y retrouve son père ("le serrer à nouveau dans mes bras a été le plus beau jour de ma vie"). "Il m'a dit qu'il avait pleuré tous les jours depuis mon enlèvement (…) Mais mon calvaire était terminé, je me suis sentie renaître". 

lu sur le Washington Post

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