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Eric Woerth : "Il a suffi d'un sursaut de croissance pour que le gouvernement abandonne ses bonnes résolutions"
©Reuters

Budget 2018

Dans les colonnes de l’Express, le président LR de la Commission des finances de l’Assemblée fustige un "budget de petite continuité".

"Un déficit de l'Etat qui s'accroît dangereusement à 83 milliards d'euros, un déficit de la Sécurité sociale qui a du mal à se résorber, des dépenses publiques qui augmentent de 1,6% en valeur : il n'y a aucune raison de pavoiser. Ce n'est pas un projet de grande rupture mais de petite continuité", fustige dans les colonnes de L’Express Eric Woerth. Le président LR de la Commission des finances de l’Assemblée précise qu’il "ne conteste pas une volonté de maîtrise de la dépense" mais "l'idée qu'elle se traduise réellement". "Il a d'ailleurs suffi d'un sursaut de croissance pour que le gouvernement abandonne ses bonnes résolutions. Un relâchement qui se traduira par une hausse de la dépense publique qu'on peut estimer à 6 milliards d'euros. La baisse du déficit public est faible, essentiellement fondée sur des éléments conjoncturels et pas structurels", juge-t-il. En outre, il estime que la France est "hors des clous des règles européennes". "Rien n'est fait pour maîtriser la masse salariale de l'Etat avec seulement 1.600 suppressions de postes cette année alors qu'il en faudrait 24.000. Les crédits de nombreux ministères grimpent - et pas seulement ceux de la Défense".

"Le compte n'y est pas et c'est gâcher les opportunités que nous permet la croissance"

"Pourquoi ne pas réadapter davantage de politiques ? Où est la réforme de l'Etat ?", se demande-t-il, notant au passage que "malgré la grandiloquence dans les propos, l'histoire de France et du monde n'a pas commencé avec le nouveau président de la République". "Emmanuel Macron hérite d'une conjoncture extrêmement favorable mais au lieu de l'utiliser à plein il fait le contraire, tout comme Jospin en son temps. Il souhaite réaliser 16 milliards d'économies en tendance au lieu des 20 milliards prévus, sans dire clairement où". "Le compte n'y est pas et c'est gâcher les opportunités que nous permet la croissance", ajoute l’ex ministre du Budget.  

En outre, selon lui il n’y a pas de changement profond dans le budget qui prévoit une flat tax à 30% sur les revenus du capital et une réforme de l'ISF. "Ce n'est pas une rupture mais un retour en arrière". Quant à la réforme de l’ISF, Eric Woerth trouve que "le signal envoyé sur l'immobilier est doublement désastreux". "L'immobilier, ce n'est pas une rente mais de l'investissement. Pourquoi montrer du doigt ce secteur économique, alors qu'on a besoin de logements. Au vu de toutes les mesures anti-immobilier prises par ce gouvernement, le choc d'offre n'est pas près de se produire ! Ayons le courage de supprimer purement et simplement l'ISF".

"Ce n'est pas juste de vouloir réduire le niveau de vie des retraités"

Une autre mesure le met aussi en colère : la hausse de la CSG. Il qualifie ce projet d’"agressif" et d’"inutile". "Pourquoi opposer les Français entre eux, en allant taxer les retraités, les épargnants, les propriétaires fonciers ? Ce n'est pas juste de vouloir réduire le niveau de vie des retraités", fustige-t-il. "L'augmentation du pouvoir d'achat des salariés doit se faire par l'amélioration de la compétitivité, la création d'emplois et de richesses, et non par des transferts sociaux ou des transferts d'une catégorie de Français sur l'autre", fait-il valoir.

"En outre, avec le décalage des baisses de cotisations, plus de 4 milliards d'euros sont en réalité pris aux Français en 2018. Ce n'est pas le choc fiscal de François Hollande mais c'est quand même un choc fiscal qui concernera beaucoup de ménages modestes, surtout si on ajoute les hausses de carburants, du tabac, ou encore la diminution des APL", ajoute-t-il.  

"Fillon aurait réformé plus fort et plus clair" que Macron

Concernant la transformation du CICE en allégements directs de charges, Eric Woerth ne mâche pas ses mots et déclare qu’en réalité "le gouvernement va augmenter le coût du travail de 3,3 milliards d'euros alors que nous prônons une forte baisse". "Le Cice est transformé en allégements de charges mais son taux est réduit, et l'exécutif ne compense pas le surcroît d'impôt sur les sociétés, payé par les entreprises. La hausse du coût du travail va être particulièrement élevée pour les salaires moyens, ce qui va pénaliser l'industrie. Les entreprises sont les parents pauvres de ce budget", estime-t-il.

In fine, il pense que même si "tout président élu en 2017 était condamné à réformer (…) François Fillon aurait réformé plus fort et plus clair" qu’Emmanuel Macron. "Mais là, on reste dans un entre-deux, dans le ‘en même temps’", conclut-il.  

Lu sur L'Express

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