Discours de Wagram : quand François Hollande tacle sèchement Nicolas Sarkozy

Le discours se voulait rassembleur, il n'en était pas moins politique. Dans son discours de Wagram sur "la démocratie face au terrorisme", François Hollande s'est implicitement posé comme le meilleur rempart de la gauche face à la droite et, surtout, critiqué Nicolas Sarkozy aussi fortement que possible sans le nommer. Rappelant le fameux débat présidentiel de 2012, François Hollande s'est lancé dans une nouvelle anaphore, répondant à la phrase de Nicolas Sarkozy selon laquelle l'État de droit serait "des arguties juridiques" : 

Non, les principes constitutionnels ne sont pas des arguties juridiques.

Argutie juridique, la liberté d’aller et venir ? Argutie juridique, la liberté d’expression ? Argutie juridique, la liberté de culte ? Argutie juridique, la présomption d’innocence, bien commode à brandir quand il s’agit de plaider pour son propre compte [applaudissements nourris] ?

Non, la Constitution n’est pas un texte flexible avec des points de suspension, avec des parenthèses. Et la déclaration des droits de l’homme n’est pas un vieux parchemin que l’on devrait encadrer pour le mettre dans les salles où nous recevons le public. La Déclaration des droits de l’homme, c’est le pilier de notre vie commune avec la Constitution.

Le tacle est donc là à de multiples niveaux. D'abord, il y a le fond : François Hollande rejette la vision de Nicolas Sarkozy de ne pas laisser les principes juridiques faire obstacle à la poursuite du terrorisme. Ensuite, le chef de l'État se pose en homme d'État, défenseur de la Constitution, face à un ancien président de la République opportuniste. Et la forme : avec l'anaphore, il rappelle qu'il a déjà battu Nicolas Sarkozy. Et il y a, enfin, surtout, le tâcle sur les affaires de Nicolas Sarkozy, qui veut mettre fin à la présomption d'innocence pour les terroristes suspectés, mais la réclame pour lui sur ses affaires juridiques...