Attentats de Paris : un document exceptionnel retrace les glaçants dialogues de l'attaque du Bataclan

"Ne venez surtout pas sinon ils font tout péter". Le document est exceptionnel et glaçant. Les enquêteurs ont remis à la justice une reconstitution audio de l’attaque du Bataclan, le 13 novembre dernier. Cette reconstitution retrace le déroulement de la tragédie, se basant l'enregistrement d'un dictaphone abandonné par un spectateur et sur les échanges radio de la police. Le Parisien qui a pu en avoir connaissance a révélé certains passages ce vendredi.

"Planquez-vous !" est le premier témoignage entendu, suivi par un "Je rêve ou quoi ?" : l’incrédulité domine lorsque les trois terroristes entrent dans la salle de concert. Après sept minutes de tirs, les djihadistes se contredisent : "lève-toi ou je te tue", ordonne l'un. "Couché ou j'tire", crie Samy Amimour, le seul terroriste formellement identifié sur la bande sonore.

S’ensuit plusieurs revendications et justifications : "Vous bombardez nos frères en Syrie et en Irak. Pourquoi on est ici nous ? On est venus jusqu'en Syrie (sic) pour vous faire la même chose", déclare un djihadiste. Un autre renchérit : "Nous on est des hommes, on vous bombarde sur terre. On n'a pas besoin d'avion, nous. Voilà, vous avez élu votre président Hollande, voilà sa campagne. Remerciez-le". L'assaillant menace : "Celui qui essaie de faire le justicier je le tue."  Entre deux tirs, un terroriste clame : "L'heure de la revanche est arrivée".

Les forces de l’ordre se rendent sur place. Un premier policer pénètre dans la salle de spectacle. "Casse-toi, casse-toi enfoiré !", hurle Samy Amimour. L'homme tire, la ceinture du terroriste explose. Ses complices, Ismaël Omar Mostefaï et Foued Mohamed-Aggad, montent à l'étage, prendre une dizaine de personnes en otages. "Ne venez surtout pas sinon ils font tout péter", lance l'un d’entre eux. Après plusieurs heures de tension et de progression méthodique dans la salle, les policiers lancent l'assaut final.  "Sortez-les de là, y en a marre", déclare, à bout, un policier via sa radio à 23 h 37. Quarante minutes plus tard, l'assaut final dans la salle où s'étaient retranchés les deux terroristes est donné. Les derniers otages sont libérés.