Attentats de Paris : le directeur de l'Hyper cacher raconte les premiers moments de la prise d'otages

Patrice Oualid, le directeur du magasin se rappelera à vie de ce 9 janvier 2015. Alors qu'il a ouvert vers 8h00, il raconte au Parisien ce mercredi comment son destin a basculé vers 13h00 et cela aurait pu être pire. Face-à-face avec Amedy Coulibaly, il a pu s'échapper en prenant au passage une balle dans le bras. 

"J'étais au rayon des chips, Yohan était dans ce coin aussi, Lassana remplissait le congélateur. Je rangeais les produits, accroupi. Tout d'un coup, j'ai entendu une détonation très forte. J'ai pensé à une bombe, une grenade..." explique-t-il dabord avant d'ajouter qu'il a vu "Yohan tomber".

"C'est là que je l'ai vu aux caisses. Un Africain, habillé en tenue de camouflage. Il avait une caméra autour du cou. Il tenait un kalachnikov. (...) j'ai vu ses yeux. La mort dans son regard. J'ai compris que j'allais mourir. J'ai pensé à ma femme, mes enfants et je ne sais pas ce qui m'a pris, je suis parti vers la sortie. J'ai entendu une deuxième détonation et une fois dehors, j'ai senti quelque chose de chaud sur moi. C'était le sang, mon bras était ballant. J'ai couru vers un camion de police et on m'y a fait entrer. Je voyais tout blanc, j'entendais bam bam bam..." détaille-t-il.

Il raconte ensuite comment il a aidé la police. "Je leur ai donné mon téléphone parce qu'à l'intérieur, j'avais une application donnant accès aux caméras de surveillance du magasin" indique-t-il. "Après on m'a amené à l'hôpital et je n'ai découvert la prise d'otages, les morts, l'assaut, que le dimanche en allumant la télé... Si j'avais compris, j'aurais fait ce qu'il fallait" lance-t-il pris par les remords. "J'aurais fait ce qu'il fallait pour faire sortir tout le monde. En même temps, si j'étais resté à l'intérieur, je serais sûrement mort" ajoute-t-il.

"Moi, je suis en vie. Mes amis sont morts, ce n'est pas facile. Je suis sorti parce que je voulais sauver ma peau, alors je refais le film dans ma tête tous les soirs... Je cogite" explique Patrice Oualid. Et que va-t-il faire ? Rester en France ? Le directeur du magasin a déjà fait son choix. "Bientôt, je vais partir en vacances, en famille, en Israël. Et je pense qu'on va faire nos valises pour vivre là-bas. Je ne suis pas de la chair à canon. La France est mon pays, j'y suis né. Il y faisait bon vivre, mais aujourd'hui ce n'est plus possible" conclut-il.