"On s'occupe de l'accès aux transports, du droit au logement mais cet accès à la sexualité est un impensé total", a déclaré Jérôme Guedj, le président (PS) du département. Le lancement de cette réflexion doit être entériné lundi à l'occasion de l'adoption par la collectivité du schéma départemental en faveur des personnes handicapées. Ce plan prévoit aussi d'étendre la formation et l'information sur la vie affective et sexuelle des personnes handicapées. "Il s'agit d'une initiative citoyenne, qui brave les interdits et les tabous", s'est réjouie Pascale Ribes, vice-présidente de l'Association des paralysés de France (APF), qui souhaite désormais "l'ouverture d'un débat public sur le sujet". "Il s'agit du dernier droit à conquérir pour les personnes en situation de handicap", a-t-elle souligné, déplorant qu'il y ait pour le moment "zéro réponse".
"Une femme n'est pas le médicament d'un homme"
Pour autant, ce projet ne fait pas l'unanimité. En effet, les féministes sont "vent debout" contre cette idée et n'ont pas tardé à dénoncer une forme de prostitution. "Aujourd'hui, c'est pour les handicapés, demain ce sera pour les personnes âgées ?", s'est ainsi insurgé Anne-Cécile Mailfert, porte-parole d'Osez le féminisme. "Une femme n'est pas le médicament d'un homme", a-t-elle poursuivi, rappelant que la proposition était en l'état "illégale". En France, servir d'intermédiaire entre une personne qui se prostitue et une autre qui a recours à ses services, relève du proxénétisme. Pour Jérôme Guedj, qui se dit "opposé à la marchandisation du corps", il ne s'agit pas d'instaurer "un service public de prostitués." "Nous souhaitons réfléchir à un cadre éthique et juridique pour cette mission complémentaire de l'accompagnement des personnes handicapées", a-t-il affirmé. Les conclusions de cette réflexion ne devraient toutefois pas être connues avant la fin de l'année
Dans un avis rendu public le 12 mars, le Comité national consultatif d'éthique (CCNE) a émis un avis défavorable aux assistants sexuels pour les personnes handicapées, relevant des risques importants de dérives. Le comité préconise toutefois une formation des personnels soignants et éducatifs à la sexualité des patients. Début avril, un groupe de travail avec des associations et des juristes devrait être constitué, et des voyages d'étude notamment en Suisse et en Belgique, où l'aide sexuelle est légale, sont prévus. En attendant, le débat reste ouvert.
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