Alain Juppé tacle Nicolas Sarkozy sur le port du voile à l'université <!-- --> | Atlantico.fr
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Le maire de Bordeaux Alain Juppé
Le maire de Bordeaux Alain Juppé
©Reuters

Bataille à droite

Le maire de Bordeaux a de nouveau affirmé ses différences avec le président de l'UMP tout en affichant un discours autoritaire pour son ambition présidentielle, dans une interview au Parisien.

Alain Juppé joue à un jeu dangereux. Persuadé qu'une place existe au centre-droit, voilà des mois qu'il combat par escarmouches interposées le président de l'UMP, Nicolas Sarkozy. Alors que ce dernier promettait de ne faire "qu'une bouchée" de lui aux primaires de droite, le maire de Bordeaux prévient dans le Parisien : "gare à l'indigestion !"

Les flèches sont toujours subtiles. En témoigne, ce généreux tacle concernant le port du voile à l'université, que Nicolas Sarkozy souhaiterait interdire. "Il faut interdire tous les signes religieux à l'école, où il y a des enfants, et dans nos services publics. Mais ne faisons pas preuve d'extrémisme à tous crins. A l'université, il s'agit d'adultes." D'ailleurs, le président de l'UMP est-il dans le bon ton pour cette campagne électorale ? "Il est dans son ton, il fait campagne, il est sur le terrain. Mais, pardon de le dire, on le fait tous..." Voilà pour la réponse.

A trois jours du premier tour des élections départementales, il reste confiant dans les chances de l'opposition, malgré le spectre du Front national. "Compte tenu de l'état de l'opinion, on peut s'attendre à des scores importants du Front national" admet-il. "Mais il ne s'agit pas d'avoir peur, plutôt de le combattre. Il faut décortiquer son programme pour montrer son inanité."

Et l'ancien Premier ministre ne mâche pas ses mots pour convaincre les électeurs, surtout ceux qui aimeraient bien "essayer" par défaut le FN en 2017. "C'est un argument stupide" tranche-t-il. "On ne joue pas l'avenir de la France aux dés !" Selon lui, l'élection de Marine Le Pen comme présidente serait dramatique pour le pays. "La France irait vers la faillite, elle ne pourrait plus rembourser, ni emprunter. Et je ne parle pas de l'enjeu politique. Car la zone euro sans la France, c'est fini, l'Europe se disloque ! Et en fermant ses frontières, notre pays s'isole. Si l'on ajoute le retour au franc, la retraite à 60 ans, le rétablissement de la peine de mort, on voit bien que le FN propose de revenir à la France de 1980, les déficits en plus ! Je préfère me tourner vers l'avenir."

En tout cas, l'avenir n'est sûrement pas du côté de la gauche, selon lui. "Le président essaie de montrer que tout va mieux, que tout va s'arranger. Mais ce n'est pas la première fois qu'il dit que la courbe va s'inverser... C'est dire son degré de crédibilité politique" explique-t-il, ajoutant que François Hollande "ne pourra ignorer le messages des urnes."

Il s'est aussi avancé sur son programme de candidat à l'élection présidentielle. Classé au centre, peut-être cherche t-il désormais à convaincre les électeurs UMP qui le boudent au profit de Nicolas Sarkozy. En tout cas, le discours devient autoritaire. "Il faut d'abord que l'Etat assume ses responsabilités régaliennes" affirme-t-il d'emblée. "Sur le plan extérieur, je proposerai de mettre un terme à la réduction du budget de la Défense. Et sur le plan intérieur, que la police et la gendarmerie aient davantage de moyens. Il faudra aussi changer de politique pénale, avec un programme de construction de places de prison." Pas vraiment un discours de centriste... Et sur l'immigration, le maire de Bordeaux entend serrer la vis. "Il faudra se donner les moyens d'une lutte implacable contre l'immigration illégale" explique-t-il. "Il faudra aussi revoir les règles de l'immigration légale, et notamment mieux encadrer le regroupement familial en étant plus exigeant sur les conditions de ressources et la connaissance de la langue française." Cette fois, la bataille à droite a vraiment commencé.

Lu sur le Parisien

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