Xi Jinping ne réussit pas à retenir les milliardaires chinois qui s’enfuient et s'installent à Singapour, Londres ou New York<!-- --> | Atlantico.fr
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Le président chinois Xi Jinping prononce une déclaration conjointe avec Emmanuel Macron dans le cadre de sa visite d'État de deux jours en France, à Paris, le 6 mai 2024.
Le président chinois Xi Jinping prononce une déclaration conjointe avec Emmanuel Macron dans le cadre de sa visite d'État de deux jours en France, à Paris, le 6 mai 2024.
©SARAH MEYSSONNIER POOL / AFP

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Le phénomène est récent, mais de plus en plus de Chinois très riches quittent leur pays avec leur famille et leur fortune pour s'installer à l'étranger. Ils se sentent menacés, accusés et censurés, et souvent empêchés de continuer à travailler.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Ce mouvement d'expatriation s'est accéléré depuis le Covid car pour beaucoup, la vie à Pékin, Shanghai ou Shenzhen est devenue très compliquée.  Pour eux et leur famille. Tout d'abord, l'activité économique ne s'est pas redressée, la croissance reste trop molle, les libertés de circulation sont très contrôlées et de nombreuses initiatives sont désormais bridées, freinées voire censurées. Les étrangers expatriés en Chine sont également très nombreux à quitter le pays compte tenu des difficultés qu'ils rencontrent. 

La société Henley and Partners, spécialisée dans la migration des investissements basée à Londres, estime que plus de 13 500 Chinois très riches (avec plus de 1 milliard de dollars de fortune) auraient quitté la Chine en 2023 (soit une trentaine par jour). Ils se sont dirigés vers Singapour, Londres, les États-Unis et le Canada. 

Le magazine Forbes a identifié cette année plus de 700 nouveaux milliardaires à New York, San Francisco et Los Angeles. Mais le lieu de prédilection aujourd'hui est Singapour, où les prix de l'immobilier de luxe flambent avec parallèlement une augmentation très rapide des créations de holdings familiales ayant pour vocation de gérer les fortunes chinoises. 

Pour la plupart des avocats travaillant à Londres et à New York sur ce sujet, les demandes d'expatriation se sont généralisées et sont imputables à deux séries de facteurs. 

La première série de facteurs est évidemment politique. Depuis le Covid, il est évident que le régime s'est durci au point de décourager certains cadres dirigeants, surtout ceux qui ont réussi à constituer une fortune, qui sont trop souvent contrôlés et censurés. Leur liberté d'installation et surtout de voyager est de plus en plus restreinte. Ils rencontrent plus de difficultés dans le choix des écoles pour leurs enfants, voire des universités étrangères une fois qu'ils sont plus grands, etc. Les personnes riches et influentes sont contraintes de rester discrètes.

 La disparition de Jack Ma en 2020, icône des étudiants chinois en tant que fondateur d'Alibaba, première entreprise de e-commerce en Chine avec de nombreuses filiales à l'étranger, a beaucoup inquiété la communauté des affaires, tout comme sa réapparition surprise en 2021 au moment où il a annulé une très grosse opération financière qui lui aurait permis de reprendre le contrôle de la société de paiement en ligne avec laquelle il travaillait. Depuis, Jack Ma semble avoir disparu des écrans radar ,  Il aurait quitté la Chine pour se réfugier d'abord à Singapour, puis aux États-Unis. 

Xi Jinping, après le Covid, a renforcé son pouvoir en reprenant en main les milieux économiques qu'il considérait comme trop puissants et surtout trop influents. Xi Jinping a donc introduit des contrôles politiques dans la plupart des états-majors des grandes entreprises, ce que les patrons fondateurs ont très mal accepté. Ces contrôles ont débouché sur des accusations de malversations financières, de corruption et d'évasion de capitaux. 

La deuxième série de facteurs est plus économique, dans la mesure où l'activité industrielle n'a pas retrouvé son rythme d'avant le Covid. Beaucoup de patrons chinois se sont enrichis en installant des ateliers de fabrication de produits mécaniques (pour l'automobile) ou textiles (pour le prêt-à-porter), d'autres se sont lancés dans le numérique pour le marché intérieur et extérieur. 

Ces deux types d'activité ont subi de sérieux coups d'arrêt. 

D'abord parce que les marchés extérieurs se sont fermés pendant et après le Covid, ensuite parce que le marché intérieur ne stimule pas l'activité. Enfin, un peu comme en Occident, les patrons ont tendance à réclamer une relance intérieure ou plus de liberté pour investir, mais le pouvoir politique semble très réticent et méfiant des risques politiques quientraînerait une ouverture sur les entreprises. 

Ainsi, les créateurs d'entreprises sont bloqués et ceux qui ont fait fortune cherchent à liquider des actifs et à partir à l'étranger. 

En ce qui concerne les expatriés, l'administration cherche à les retenir voire à en attirer de nouveaux. Pékin avait annoncé une série de mesures en août 2023 puis en janvier 2024, en proposant un assouplissement des conditions d'attribution des visas et des exonérations fiscales temporaires aux étrangers réinvestissant leurs bénéfices en Chine. Xi Jinping était prêt à inviter 50 000 jeunes Américains à rejoindre des programmes d'échange et d'études au cours des cinq prochaines années, mais l' opération n'a pas rencontré le succès escompté. Pékin semble plus enclin à censurer les chefs d'entreprise qui critiquent le pouvoir plutôt qu'à soutenir leur activité.

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