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Dette publique : mais comment dit-on « cagnotte » en allemand ?
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Zone franche

Lorsque les Allemands (et les Irlandais) repèrent une « erreur de la banque en leur faveur », ils l’affectent à la réduction de la dette. Allez lutter contre un tel manque de créativité !

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Il y en a qui ont toutes les chances ! Enfin pas vraimenttoutes, puisqu’ils ont bien aussi quelques soucis par ci par là ― et qui n’en n’a pas, hein ? ―, mais tout de même…

Prenez les Allemands, par exemple. Non seulement nos voisins de palier parviennent à exploser tous leurs records d’exportations industrielles sur fond d’émergence de la Chine et d’euro sous stéroïdes mais, en plus, ils se débrouillent pour faire chuter leur taux de chômage, réduire pour de bon leurs déficits publics et renflouer les trois-quarts de l’Europe entre deux rendez-vous !

Ah, ils sont forts ! Et dire qu’on pensait que remettre à niveau l’équivalent d’une moitié d’Espagne en vingt ans les ficherait par terre… Tu parles !

Ils ont tellement de chance, en fait, que même lorsqu’ils se trompent en faisant leurs comptes ― ce qui ne leur arrive d’ailleurs normalement jamais, vous imaginez ― et bien c’est une erreur « positive ». Une erreur de bon gestionnaire. Pas une erreur de comptable margoulin dont on découvre qu’il tapait dans la caisse, quoi...

Non, chez eux, une erreur constatée, ça permet de réduire la dette de 55 milliards d’euros d’un seul coup d’unseul. Et tout ça parce qu’un type avec une calculette quelque part dans un bureau d’une banque nationalisée pendant la crise financière de 2008 a éternué sur son tableau Excel et oublié d’additionner une partie du magot ou quelque chose comme ça !

Bon,  c’est sûr, ça ne fait pas bien sérieux. Pas bien allemand, pour tout dire, mais ça reste un mal pour un bien et même si le comptable fautif est rétrogradé au service courrier, c’est le genre de surprise qui fait toujours plaisir.

Une cagnotte ? Mais dépensons-là !

Mais les Allemands ne sont pas les seuls à avoir du pot. Les Irlandais, eux aussi, viennent de remettre la main sur 3,6 milliards d’euros égarés bêtement. C’est moins impressionnant que la montagne de pognon des Allemands, bien sûr, mais l’Irlande est un petit pays et elle représente un bon 2,6% du PIB du pays instantanément défalqué de la dette nationale, cette tirelire inopinée.

Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, l’ex-tigre celtique est justement en plein boom (relatif) et renoue avec la croissance, voit ses exportations s’accroitre et sa situation générale s’améliorer alors qu’on le donnait pour mort il n’y a pas deux ans…

Notez qu’en réalité, nous aussi, ça nous est déjà arrivé, un truc comme ça. C’était en 2000, Jospin était Premier ministre et la divine surprise avait été causée par un surplus de recettes fiscales de 30 milliards de francs (4,5 milliards d’euros). Rebaptisé « cagnotte » comme au Loto, le flouze avait été prestement reconverti en dépenses nouvelles (le débat gauche-droite c’était «On dépense davantage ou on baisse plutôt les impôts ? ») quand la France était déjà l’un des pays les plus endettés d’Europe et la mode internationale à la baisse des déficits.

Bah, finalement, ça n'est pas plus mal si c'est chez les Allemands qu'elle est dénichée, cette cagnotte-ci. Et le plus beau, c'est qu'on finira toujours par en profiter.

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