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Zone franche

Les articles de cul rédigés par des femmes sur le Web sont-ils moins beaufs que ceux qu’écrivent des hommes dans les magazines ?

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Le cul, c’est un peu le moteur numéro 1 de l’humanité ―  juste après la côte de bœuf. En parler, c’est forcément susciter l’attention et susciter l’attention, c’est extrêmement important pour les sites d’information « sérieux » qui ne vivent que de la publicité. D’où cette avalanche de rubriques sexe un peu partout sur le Web, y compris en des lieux où la rédaction est manifestement plus branchée bonne chère que chair fraiche…

Même Atlantico y songerait, à ouvrir son espace leste (un site dont le rédacteur en chef habite Versailles ! Doux Jésus !). Mais pas Médiapart, dont les lecteurs ne s’intéressent au cul qu’en cas d’angle anti-Sarkozy.

Il y a tout de même quelque chose de spécifique dans ce phénomène : toutes ces rubriques sans exception sont tenues par des nanas dont on pourrait résumer l’argument de base de la manière suivante : « Je suis super cool et rock’n’roll. J’achète des godemichets et je dis bite, mais avec une certaine distance ironique toutefois ».

Oh, je ne voudrais surtout pas cracher dans la soupe ― je tiens moi-même une chronique automobile à quelques clics d’ici et la bagnole est notoirement, juste derrière le cul, un excellent moteur (!) de passions humaines et d’investissements publicitaires ― mais le ton de ces rubriques ne m'en m’interpelle pas moins.

Bon, sur les thèmes proprement-dits, on est en terrain connu : gadgets, visites de clubs échangistes, pratiques extrêmes, bla bla bla... Rien qui n’ait pas déjà été traité des milliers de fois par les canards spécialisés ― du genre que l’on se procure discrètement chez un marchand de journaux aussi éloigné de chez soi que possible en allant chercher son Biactol à la pharmacie.

Mais rédigés par des mecs, en version « print », sans alibi sociologique et avec tout un tas d'illustrations en couleurs, ces articles ne resteraient-ils pas perçus comme le climax de la beaufitude ?

L'honnête homme du troisième millénaire ?

On comprend bien que l’idée générale est d’évoquer les choses du sexe de façon amusante et décomplexée en postulant que l’internaute de base ― honnête homme du troisième millénaire ― est lui-même amusé et décomplexé par les choses du sexe. Mais ce postulat étant hautement improbable, on subodore que les motivations du lecteur restent assez proches de celles de notre jeune utilisateur de Biactol.

Car enfin, tous les couples contemporains sont-ils vraiment équipés de matériel SM ? S'adonnent-ils tous au triolisme avec la voisine du dessous ? Suis-je moi-même ridiculement déconnecté de la vie moderne si je n'ai pas remarqué que la fête des voisins, passé 23 heures, dégénérait en soirée bunga-bunga ?

J’ai beau concéder une certaine naïveté, la lecture de ces papiers donne souvent l’impression que la chroniqueuse, pour toute sa sophistication érotique présumée, n’est guère plus au fait des dernières tendances du bondage et qu’une rubrique bricolage ne lui irait pas plus mal au teint. Mais allez faire de l'audience avec le montage d'une étagère en contreplaqué, de nos jours !

Bon, sur ces considérations, je vous laisse, il faut que j'aille me documenter pour ma chronique auto parce que moi, mon truc, c'est le vélo.

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