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Voter blanc tue (l'élection)
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Blanchir n'est pas jouer

A l'approche de la présidentielle, le débat sur la comptabilisation du vote blanc resurgit. Si des personnalités telles que François Bayrou ont reconnu la nécessité de le prendre en compte lors des dépouillements, le constitutionnaliste Didier Maus adopte une position plus nuancée.

Didier Maus

Didier Maus

Didier Maus est Président émérite de l’association française de droit constitutionnel et ancien maire de Samois-sur-Seine (2014-2020).

 

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Atlantico : La comptabilisation du vote blanc peut-elle être considérée comme une avancée démocratique ?

Didier Maus :Ma principale objection sur cette question est que le vote a l’avantage d’être conçu pour dire quelque chose de positif et pas pour faire apparaître un fait négatif. Quand c’est un vote pour élire un Député, un Maire, un Président de la République, pour choisir un homme et une équipe, ou alors pour un référendum, on est pour ou on est contre. Au contraire, le vote blanc est un vote de refus et non d’acceptation de soutien ou de choix.

Peut-on en déduire que c’est un acte anti-démocratique ?

Je ne minimise pas son message, c’est un vrai phénomène politique. Le nombre de suffrages blancs dans un résultat n’est pas neutre du point de vue de la signification, mais on ne peut pas aller jusqu’à le prendre en compte dans les suffrages exprimés car ce n’est pas une expression du suffrage. L’offre politique dans les élections est très largement suffisante, et comptabiliser le vote blanc inciterait les citoyens à ne pas choisir. D’autre part, les élus doivent bénéficier d’un vrai soutien. Ils doivent pouvoir compter sur une légitimité au niveau de l’électorat.

Que signifie-t-il alors concrètement dans le mécanisme électoral ?

Le vote blanc, s’il est réellement décompté, est une forme d’atténuation ou plus précisément de renoncement au mécanisme électoral. Les citoyens sont autorisés à se réfugier derrière leurs a-priori pour ne pas choisir leurs dirigeants. En effet, s'ils acceptent de participer à l’élection ils n'expriment que leur désintérêt par rapport à ce qui est proposé. Je ne vois pas de raison d’interdire le vote blanc car il n’exprime pas l’indifférence du citoyen comme c'est le cas pour l'abstention, mais il faut le laisser tel qu’il est, c’est-à-dire un suffrage qui est perdu du point de vue de la désignation des élus.

Lisez ici l'interview de Yann Wehrling sur le même sujet :

"Il faut reconnaître le vote blanc pour que les élus cessent de passer l'éponge après de forts taux d'abstention"

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