Voilà comment le Covid a rendu Paris et Londres moins chères. Pour les riches…<!-- --> | Atlantico.fr
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Une photo aérienne prise le 14 juillet 2009 montre la Tour Eiffel et la ville de Paris
Une photo aérienne prise le 14 juillet 2009 montre la Tour Eiffel et la ville de Paris
©LOIC VENANCE / AFP

Impact de la pandémie

Selon un article de Bloomberg, la pandémie de Covid-19 a rendu Paris et Londres moins chères, mais uniquement pour les riches. Comment expliquer cette baisse du coût de la vie dans les grandes villes seulement pour les catégories les plus aisées de la population ?

Charles Reviens

Charles Reviens

Charles Reviens est ancien haut fonctionnaire, spécialiste de la comparaison internationale des politiques publiques.

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Atlantico : Dans une publication, le journal économique américain Bloomberg établit le constat suivant : le Covid a rendu Paris et Londres moins chères, mais uniquement pour les riches. Y-a-t-il une baisse du coût de la vie dans les grandes capitales seulement pour la catégorie aisée de la population ? La comparaison entre les deux villes est-elle totalement pertinente ?

Charles Reviens : L’article mentionné de Bloomberg se focaliser sur les métropoles de Londres et de Paris. Il prend acte de l’impact majeur de l’événement exceptionnel et dramatique de la pandémie covid-19 qui a durement frappé ces deux métropoles comme toutes les autres, principalement le fait que les mesures de distanciation sociale, confinements, fermetures et autres couvre-feux a fait disparaitre en 2020-2021 plusieurs facteurs majeurs d’attraction liés aux métropoles (aménités sociales et culturelles), facteurs plaçant les prix dans les métropoles tout en haut des structures de prix nationales et en croissance forte.

La pandémie a cassé cette dynamique : l’étude de septembre 2021 de Meilleurs Agents constate un repli historique des prix de Paris à hauteur de 1,5% alors que les prix dans toutes les métropoles régionales ont continué à monter, avec en plus un redressement des prix dans le péri-urbain et les zones rurales.

Mais cette baisse très récente ne remet pas en cause pour Paris et Londres des années de hausse structurelle des prix : multiplication ainsi par 2,5 des prix français selon l’INSEE, une évolution beaucoup plus rapide que celle des loyers (+40% également selon l’INSEE).

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Donc en dépit de l’impact majeur de la pandémie, les niveaux de prix, durablement décorrélés des revenus, ne changent pas la donne en rendent en particulier l’accession à la propriété de plus en plus difficile voire impossible dans les zones prisées pour de nombreux ménages.

Le prix de l’immobilier est en légère baisse à Paris et à Londres, mais il reste toujours hors de portée des ménages modestes. Est-ce le principal élément de ce bénéfice en faveur des riches ? La crise a-t-elle accentué cela sur le marché ?

Comme indiqué à la question précédente, l’impact de la pandémie est certes réel mais ne remet pas en cause le phénomène de forte hausse des prix dans les territoires métropolitains couplé à une décorrélation durable entre l’évolution des prix immobiliers et celle des revenus (et accessoirement celle des loyers). Donc l’accession à la propriété est durablement devenue beaucoup plus difficile demeure très difficile dans les territoires métropolitains les plus prisés pour les revenus à revenus moyen et les jeunes. Cela pose un sujet important en matière d’équité sociale car cela donne un avantage non rattrapable aux ménages aisés ou à ceux qui sont déjà propriétaires.

On peut en outre noter que chaque pays dispose de son propre écosystème logement. Le benchmark réalisé par l’OCDE indique que l’écosystème français se caractérise par des niveaux de prix du logement-propriété parmi les plus élevés des membres de l’OCDE et de surcroît l’un de ceux qui a connu les hausses de prix les plus élevées : on est ainsi passé en deux décennies de huit à treize ans d’années de revenu disponible moyen pour acquérir un logement de 100 mètres carré, tandis que l’écosystème allemand a produit une stabilité entre les niveaux de prix immobiliers et les revenus des ménages, autour de neuf fois les revenus.

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Donc l’évolution française n’est pas très favorable, sachant que la France a connu en outre une augmentation substantielle de la part du logement dans le budget des ménages, ce qui semble un revers important des politiques publiques du logement en France, alors que d’autres pays n’ont pas connu d’évolutions comparables.

Le contexte du à la crise sanitaire, confinements, fermetures des lieux de loisirs et de culture, ont-ils, in fine, accéléré la situation pré-crise ?

l’étude de septembre 2021 de Meilleurs Agents prend en compte certains changements liés à la pandémie, notamment l’expérience massive de télétravail peu usité avant notamment sur les évolutions relatives des prix.

Il y a d’abord les équilibres entre les métropoles (Paris et dans une moindre mesure Toulouse ont connu des baisses de prix), mais également les équilibres au sein des métropoles avec une augmentation des prix plus forte en proche banlieue et en grande banlieue.

Les zones côtières et l’Ouest (Bretagne et Normandie) ont vu leur attractivité également beaucoup progresser.

Enfin le choc de télétravail a également conduit à une hausse importante des logements dans le milieu rural, dont les prix retrouvent en 2021 les niveaux de 2008, MeilleursAgents mettant en avant le concept de « résidence semi principale », en quelque sorte une résidence secondaire bien davantage occupée notamment pour le télétravail.

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