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Vers une crise du plastique : la France au pied du mur de son hypocrisie sur le traitement de ses déchets
©SEYLLOU / AFP

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La France est l’un des 5 plus gros exportateurs de déchets plastiques du monde. Le problème c’est qu’on ne sait plus à qui « refourguer » nos poubelles depuis que la Malaisie a suivi le pas de la Chine et de l'Indonésie et les refuse.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Après la Chine, c’est l’Indonésie qui vient d’annoncer en début de semaine qu’elle renvoyait sept conteneurs de déchets plastiques vers la France. Selon les autorités indonésiennes, les cargaisons concernées n'étaient pas conformes aux règles d'importation. 

En 2018, c’est Pékin qui a changé la donne sur le marché mondial. Discrètement mais fermement, les autorités chinoises ont pris la décision de cesser l'importation de déchets plastiques du monde entier. Du coup, le marché mondial du recyclage des déchets s’est plongé en plein chaos. Les pays développés se retrouvent  avec des bateaux plein à craquer à rechercher de nouvelles destinations. 

Depuis, d'énormes quantités de déchets ont été réacheminées vers l'Asie du Sud-Est mais les capacités de recyclage sont limitées. Face à ce fléau, en mai, la Malaisie a déjà prévenu qu’elle restituerait systématiquement à l’expéditeur les résidus plastiques non-recyclables. Début juillet, c’est donc l’Indonésie qui a retourné huit conteneurs en Australie et en avait déjà renvoyé en juin cinq aux États-Unis. Elle attend les autorisations de réexpédier 42 autres conteneurs de déchets vers les États-Unis, l'Australie et l'Allemagne.

Pas facile donc de se débarrasser de ses déchets et la France fait partie des plus gros exportateurs de déchets. Le hit parade des exportateurs de poubelles est lourd d’enseignement. On s’aperçoit que les plus grands donneurs de leçons écologiques de la planète sont aussi ceux qui se débarrassent de leurs poubelles en les envoyant dans les pays émergents qu’ils accusent dans le même temps d’être les plus gros pollueurs du monde. 

Le Japon arrive en tête avec 900 000 tonnes de déchets plastiques en 2018, suivi des Etats-Unis (850 000 tonnes) et de l’Allemagne (750 000 tonnes) juste derrière ce tiercé de tête dans l’ordre, on trouve la Belgique (420 000 tonnes) et la France (400 000 tonnes). 

Derrière ces gros acteurs de la déchèterie, on trouve la Grande Bretagne, Hong Kong, le Mexique, la Pologne et le Canada (qui est l’un des pays industrialisés les plus sobres et les plus en avance dans le traitement des déchets). Mais d’une façon générale, il n’y a pas de mystère. La production de déchets est corrélée sur la population et le PNB ou le niveau de développement industriel.

Deuxième phénomène, les pays qui produisent beaucoup de déchets sont aussi ceux qui s’en débarrassent en les expédiant dans les pays émergents. 

Ceci étant, les pays émergents, sans doute lassés d’être accusés de polluer la planète toute entière par des émissions de CO2, ont décidé d’arrêter de traiter les déchets occidentaux non recyclables pour s’occuper des leurs. 

Le paradoxe dans cette affaire, c’est que les pays occidentaux par pudeur ou par lâcheté, ne parlent pas de ces questions. En Allemagne et dans toute l’Europe du nord, en France aussi, les mouvements écologiques donnent des leçons de savoir vivre, mais se taisent sur la façon dont on se débarrasse de nos déchets. On nous invite à trier, déchets alimentaires et recyclables d’un côté (poubelles noires) et déchets plastiques, emballages non recyclables de l’autre dans les poubelles jaunes. C’est parfait. 

Mais si c’est pour se débarrasser plus facilement des déchets plastiques les plus dangereux en les envoyant en Asie, économiquement c’est peut-être gérable, mais moralement et politiquement, c’est un pur scandale. 

Le boycott de nos déchets par la Chine, la Malaisie et l’Indonésie va peut-être nous obliger à trouver des solutions en interne et accélérer la production d’emballage complètement recyclables. Ils existent, mais coûtent un peu plus cher. C’est au niveau du porte monnaie que ça coince. Comme d’habitude. 

A noter que la France est le cancre en Europe du recyclage et du traitement des emballages plastiques puisque nous ne traitons que 26% du total des déchets produits. 

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