Veolia – Suez vont créer le numéro un mondial de l’eau et signer la fin d’une rivalité vieille de plus d’un siècle <!-- --> | Atlantico.fr
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Veolia Suez entreprises concurrence numéro un leader cac 40
Veolia Suez entreprises concurrence numéro un leader cac 40
©ERIC PIERMONT / AFP

Atlantico Business

Veolia veut s’emparer de Suez, qui était jusqu’à présent contrôlé par Engie. Veolia ambitionne clairement de devenir la référence mondiale en matière de transition écologique.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Tout arrive.  La Générale et la Lyonnaise des Eaux ont mis fin à une rivalité quasi-guerrière qui a duré près d’un siècle pour prendre le contrôle de la distribution d’eau potable aux Français. Ces deux entreprises avaient fini par se partager le territoire et les marchés. Ces deux grandes entreprises au CAC 40 et historiques dans le paysage français, Veolia (ancienne Générale des Eaux) et Suez  (ancienne Lyonnaise des Eaux) pourraient donc ne former plus qu’un seul ensemble. Cela fait des années que l’on parle de leur rapprochement, mais la crise sanitaire a peut-être créé des opportunités à saisir. La France veut maintenant jouer un rôle de premier plan dans la transition écologique et s’en donne les moyens en structurant ses entreprises.

Alors qu’ils ont travaillé sur le dossier, très discrètement pendant tout le mois d’août, les dirigeants de Veolia ont rendu publique leur intention de racheter Suez.

Financièrement, l’offre porte sur 29,9% du capital (une grosse partie de la part d’Engie qui est de 32%), qui ferait de Veolia l’actionnaire le plus important de Suez, pour un montant ferme de 2,9 milliards d’euros, soit 15,50 euros par action. Veolia lancerait par ailleurs une offre publique d’achat vers les autres actionnaires pour accroitre encore cette emprise dans un futur proche.

Le nouveau géant français emploierait 260 000 personnes à travers le monde, pour un chiffre d’affaires espéré à 45 milliards d’euros et une capitalisation boursière à 20 milliards.

L’Etat n’a pas fait de commentaires mais il est évident qu’il a donné son accord, au moins implicite, en tant qu’actionnaire majoritaire d’Engie avec 24% du capital mais 34% des droits de vote, et qu’on sait que l’Etat a pu être un obstacle dans certains autres rapprochements.  Les relations entre Suez et son actionnaire Engie n’étaient pas au beau fixe ces derniers temps, et le président d’Engie, Jean-Pierre Clamadieu avait d’ailleurs évoqué l’hypothèse de se défaire de cette participation jugée trop lourde et sans intérêt stratégique (Engie est distributeur d’énergie, gaz électricité et énergies renouvelables).

Dans un monde urbain, où les tensions d’ordres démographiques, climatiques et aujourd’hui sanitaires se font de plus en plus fortes et dans un contexte de raréfaction des ressources, Veolia pourrait ainsi s’affirmer comme une référence mondiale de la transition écologique. Par ses métiers dans le recyclage et la gestion de l’eau - le métier historique, Veolia va donc être en mesure de répondre à plusieurs défis :

1°Le défi lié à la production d’énergie. La demande d’énergie est amenée à augmenter encore de 30% d’ici 2040, l’offre de Veolia est de maximiser l’efficacité énergétique et produire des réseaux de distributions moins énergivores. Veolia souhaiterait aussi se lancer dans le recyclage de batteries en fin de vie, où les enjeux sont amenés à devenir importants avec le développement de la voiture électrique.

2°Le défi de la production alimentaire, et notamment agricole où Veolia mise sur l’économie circulaire. L’entreprise pense pouvoir valoriser ces engrais, produits à partir de déchets organiques, déchets de la mer ou des eaux usées et lancer de nouveaux produits comme de la nourriture animale produite à base de larves d’insectes.

Compte tenu ces enjeux, une tentative de rapprochement avait déjà eu lieu en 2012, toujours de Veolia sur Suez. A l’époque, les autorités de la concurrence avaient tiqué sur la position dominante qu’aurait eue alors Veolia sur le secteur de l’eau en France. Cette fois, la branche Eau de Suez en France sera cédée pour éviter ce genre de positionnement.

Grâce à cette opération, Veolia va surtout chercher à s’affirmer à l’international dans un secteur où il n’y pas de grand acteur majeur qui s’impose, même si les entreprises chinoisent arrivent à grand pas. Le nouvel ensemble représenterait 5% des parts de marché mondiales. Comme dans d’autres secteurs, l’automobile, le ferroviaire, la taille est devenue l’élément clé pour compter sur la scène internationale :

D’abord pour financer les infrastructures qui demandent des moyens importants.

Ensuite, pour financer la recherche et trouver des innovations de rupture et gagnantes sur le front écologique.

Reste maintenant à trouver le management et mettre en place l’équipe. Ce type d’activité qui se déploie sur les marchés mondiaux demande un leadership très fort pour s’imposer sur la scène internationale et encore plus pour porter la voix de la transition énergétique, pas forcément audible partout. C’est peut-être ce qu’il lui manque à présent.

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