Valls II ou le gouvernement de la marche arrière<!-- --> | Atlantico.fr
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La conversion du Premier ministre sonne faux.
La conversion du Premier ministre sonne faux.
©Reuters

Editorial

Difficile de déceler dans le gouvernement Valls II un véritable changement de cap qui soit susceptible de galvaniser les foules et des premiers signes inquiétants apparaissent quant aux intentions véritables de réformer le pays en profondeur.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Le nouveau gouvernement de Manuel Valls parviendra-t-il à soulever la chape de plomb qui paralyse l’économie française ? L’euphorie qui a marqué le discours au Medef avec l’hymne à l’entreprise a fait long feu. Pour la plupart des Français, la conversion du Premier ministre sonne faux et la confiance est toujours aux abonnés absents. Mais surtout, il fait ses premiers pas dans un climat détestable : les sondages traduisent la poursuite de la descente aux enfers pour les deux têtes de l’exécutif, le livre-brulôt de Valérie Trierweiler, véritable charge contre François Hollande, est plébiscité par l’opinion, alors qu’un  Premier ministre est débarqué neuf jours seulement après son entrée en fonctions parce qu’il ne déclarait pas ses revenus depuis plusieurs années.

Dans ce climat délétère, la voix du Premier ministre passe mal. Il est vrai que l’analyse des propos du chef du gouvernement traduisent un certain flou. Rien à voir par exemple avec le programme des mille jours que vient de lancer son collègue Italien. On ne décèle pas de véritable changement de cap qui soit susceptible de galvaniser les foules. Bien au contraire, des premiers signes inquiétants apparaissent quant aux intentions véritables de réformer le pays en profondeur.  

Ainsi, le gouvernement fait déjà marche arrière en matière de logement, en acceptant que Martine Aubry maintienne l’encadrement des loyers, à l’encontre de ce qui avait été annoncé : les autres grandes villes pourront suivre et ne manqueront pas le faire de façon démagogique, de sorte que la loi Duflot risque de se borner à changer de nom, pour donner le sentiment qu’elle disparaît alors que ses principales dispositions seront maintenues.

Autre exemple : la réforme du travail du dimanche pourrait bien passer à la trappe, le gouvernement renonçant à la réforme par ordonnance qu’il avait annoncée, en raison de l’hostilité des syndicats.

Mais il y a plus grave : le gouvernement s’apprête à déclencher une opération vérité en matière de comptes publics. Le masque va tomber sur les ambitions chimériques proférées depuis le début du septennat et va révéler l’ampleur de ses échecs. Sous prétexte de remettre les pendules à l’heure, c’est la plupart des objectifs de réformes qui seront abandonnés. Finie la perspective de ramener dans un avenir proche à 3% le déficit des finances publiques : il faudra au moins attendre 2017, avec un passage difficile au cours des deux prochaines années, puisque le "trou" pourrait bien égaler cette année celui de 2013 à 4,2%. Et la dette publique va poursuivre inexorablement sa hausse : à plus de 95% du produit intérieur brut, elle se rapproche du niveau psychologique désastreux de 100%.

Le gouvernement parait désemparé devant ce qu’il  appelle la fatalité, liée à la crise et à la petite dépression qui frappe plusieurs pays européens (mais pas la Grande-Bretagne, ni l’Espagne). Il commence même à envisager de revoir à la baisse le programme d’économies de 50 milliards prévus d’ici 2017. Compte tenu de la chute des rentrées fiscales, il est déjà convaincu que l’objectif de 2015 ne pourrait être atteint…qu’avec une augmentation des impôts. La tentation de relever la TVA est déjà ouvertement envisagée par certains membres du parti socialiste, alors que l’overdose fiscale est atteinte depuis longtemps.  

Dans ce contexte, Manuel Valls sait qu’il aura toutes les peines du monde à réduire la dépense publique. Les syndicats sont prêts, un peu partout, à déclencher des grêves, les professions "privilégiées" accusées de vivre sur une rente que le pouvoir veut leur confisquer, sont vent debout et se préparent à des ripostes sévères, qu’il s’agisse des notaires, des pharmaciens ou des opticiens. Partout, l’ambiance est devenue électrique et toute initiative du pouvoir suscite aussitôt le rejet. Le pays est plus bloqué que jamais et nos partenaires européens, médusés, regardent avec tristesse la France s’enfoncer dans une politique du refus au lieu d’accepter les réformes pour vivre avec son siècle.

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