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"Valérie Trierweiler veut être une femme de politique, pas une femme politique"
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Intrigante

La nouvelle première dame de France attise la curiosité des Français et des médias. Accusée d'être "brutale", "intrigante", d'avoir une influence sur son compagnon, la journaliste se défend de tout rôle politique. Mais qui est-elle vraiment ? Les réponses d'une journaliste qui l'a suivie.

Constance Vergara

Constance Vergara

Constance Vergara est journaliste. Elle a travaillé à France Soir, puis Paris Match, Gala et GQ. Elle a publié en mars 2012 Valérie, Carla, Cécilia, Bernadette et les autres, en campagne.

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Atlantico : Le site américain Time écrit sur Valérie Trierweiler qu’elle « a aussi joué un rôle politique dans la campagne présidentielle des socialistes, en se postant au QG de campagne ». Peut-on dire qu’elle est aujourd’hui devenue une femme politique ?

Constance Vergara : Pendant toute la campagne, elle s’en est défendue. Je l’ai observée de près depuis que François Hollande s’est déclaré candidat le 31 mars 2011, j’ai donc vu son évolution. Elle n’a pas occupé de fonction précise au sein de la campagne. Ce bureau qu’on lui a attribué au QG lui a été mis à disposition par François Hollande, car il souhaitait qu’elle ait un endroit où se poser. Ca a été un peu monté en épingle, et dès le départ elle a eu un réflexe de journaliste en se disant que ça allait lui être reproché.

Son seul rôle a été celui d’une spectatrice engagée, qui tout au long de la campagne s’est affirmée. Au départ, c’était seulement la femme amoureuse qui était au premier rang pour soutenir son compagnon dont elle était fière. Au départ, elle n’applaudissait pas, puis elle s’est mise à applaudir, elle a lâché un peu prise, pour finalement ces derniers temps avoir des conseils de plus en plus avisés au point de vue de sa communication. Mais elle n’a jamais souhaité faire de la politique.

Elle est donc restée dans un rôle de communicante ?

Oui, mais de communicante intime. Elle n’a jamais eu un rôle dans les réunions de communication, avec Manuel Valls ou avec son équipe.  Elle ne donnait pas son avis publiquement sur telle ou telle image. Elle a pu le faire, mais dans le cadre intime. Elle a un œil professionnel face au médias, elle m’a toujours dit qu’elle a ce métier dans la peau. Elle a donc eu un regard avisé sur la façon dont les médias traitent François Hollande.

Dans une autre interview pour The Times, elle dit ne pas comprendre que Carla Bruni n’aime pas la politique. Si elle-même adore la politique, comment peut-elle rester à l’écart des décisions ?

Elle adore la politique, elle a choisi d’en faire sa spécialité de journaliste, mais elle m’a toujours dit être la femme du politique, pas la femme politique. Pour elle, il n’y a pas de confusion possible. Les seuls conseils qu’elle donne concernent l’image. Elle est journaliste depuis 20 ans, connait les coulisses des médias par cœur, et sait donc quelle photo sera la bonne, laquelle fera parler, etc. C’est avant tout ce regard qu’elle a pu apporter au sein de la campagne, mais toujours de façon officieuse.

Quand Time dit qu’elle est  « prête à être consultée pour toutes décisions importantes », ils extrapolent ?

C’est complètement faux. Comme dans tout couple, on ne sait pas ce qu’ils se disent le soir dans leur lit. Mais ce n’est pas une intrigante, elle n’a pas une « influence » sur lui… Plutôt un rayonnement, comme beaucoup de femmes ont sur leur mari. Je pense qu’on monte en épingle quelque chose qui n’existe pas. Elle a, comme Danielle Mitterrand, ce côté « fille de gauche », un terme qui renvoi aux résonnances un peu rebelles du « peuple de gauche ». Elle n’a pas sa langue dans sa poche, et dès que quelque chose lui déplait, elle tweete. Ce n’est pas quelqu’un qui fait semblant, qui s’encombre de convenances. Elle est très franche et honnête.

C’est ce qui peut expliquer cette réputation de brutalité qu’on lui donne, mise en exergue notamment par l’affaire Julien Dray, lorsqu'elle l'a rudement empêché de participer au pot de fin de campagne de François Hollande ?

En fait, elle attendait que quelqu’un du staff raccompagne Julien Dray, car il a commis une grosse faute qui aurait pu atteindre François Hollande. Elle savait que qu'il n’avait rien à faire là, comme les autres convives, mais personne n’a eu le courage de lui dire de partir. Elle l’a donc fait. Elle est spontanée. C’est une qualité qui peut être mal interprétée, car elle est trop directe, elle n’aime pas être enfermée dans les protocoles lourds.  

Vous avez cité Danielle Mitterrand, qu'elle prend comme modèle, en l'opposant à Bernadette Chirac. Quelle différence fait-elle entre ces deux premières dames ?

Bernardette Chirac avait, par son éducation, un discours plus policé. Comme Anémone Giscard-d’Estaing, elle avalait les couleuvres et gardait pour elle ses commentaires. Carla Bruni a été présentée comme quelqu’un avec beaucoup de caractère, mais en 4 ans on ne l’a pas entendue rechigner. Elle a appris à policer sa parole. Alors que Valérie Trierweiler, comme Danielle Mitterrand, ne fera jamais semblant. Les Français vont vite apprendre à la connaître : ils sauront qu’elle est cash, que quand elle dit quelque chose, c’est qu’elle le pense.

Cela ne pourrait pas nuire politiquement à François Hollande ?

Non, car elle ne se mêlera pas de politique. Quand elle tweete ou fait part de ses colères, c’est très personnel, ça concerne sa vie privée. Il n’y a jamais eu de commentaire de sa part qui peut se rapprocher d’un contexte politique. Elle n’est pas folle. Elle est directe, mais lorsque ça touche à des émotions personnelles. Elle ne se mêlera jamais de la politique du président, c’est certain.

Outre son tempérament, quelle différence peut-on attendre d’une Valérie Trierweiler première dame ?

C’est la première première dame qui va entrer à l’Elysée tout en étant salariée. Elle est à l’image des trois quarts des Françaises d’aujourd’hui, qui travaillent. Elle est divorcée, elle élève trois enfants… Elle est ancrée dans des problématiques du quotidien. C’est très nouveau, car elle est à l’image de la femme française d’aujourd’hui, alors que Carla Bruni vit dans un hôtel particulier, et les précédentes premières dames n’avaient pas besoin non plus de travailler pour vivre.

Propos recueillis par Morgan Bourven

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