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Une troisième guerre mondiale d’ores et déjà déclarée entre islamo-fascisme et civilisation judéo-chrétienne ? Pour y voir clair derrière la polémique et les outrances
©Reuters

Surenchère

Au-delà du caractère théâtral de la déclaration de Christian Estrosi, qui revient selon de nombreux observateurs à faire le jeu des islamistes, il convient de désigner clairement la menace, afin de mener une politique de lutte efficace contre la spirale terroriste.

Mohamed Chérif Ferjani

Mohamed Chérif Ferjani

Mohamed Chérif Ferjani est professeur à l'Université de Lyon et chercheur au GREMMO. Ses travaux portent notamment sur l’histoire des idées politiques et religieuses dans le monde musulman ainsi que sur les questions de la laïcité et des droits humains dans le monde arabe. Il a publié, entre autres, Le politique et le religieux dans le champ islamique (Fayard, Paris, 2005). Il est signataire de l’Appel à la communauté internationale pour sauver les chrétiens d'Irak.

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Alain Rodier

Alain Rodier

Alain Rodier, ancien officier supérieur au sein des services de renseignement français, est directeur adjoint du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R). Il est particulièrement chargé de suivre le terrorisme d’origine islamique et la criminalité organisée.

Son dernier livre : Face à face Téhéran - Riyad. Vers la guerre ?, Histoire et collections, 2018.

 

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François-Bernard Huyghe

François-Bernard Huyghe

François-Bernard Huyghe, docteur d’État, hdr., est directeur de recherche à l’IRIS, spécialisé dans la communication, la cyberstratégie et l’intelligence économique, derniers livres : « L’art de la guerre idéologique » (le Cerf 2021) et  « Fake news Manip, infox et infodémie en 2021 » (VA éditeurs 2020).

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  • Le député-maire UMP de Nice, Christian Estrosi, a affirmé sur France 3 qu'une "troisième guerre mondiale" était déclarée par "l'islamo-fascisme" à "la civilisation judéo-chrétienne". Selon lui, la France fait face à des "cinquièmes colonnes" islamistes.

  • Des arguments radicaux qui éclipsent la réalité, bien éloignée des conflits mondiaux ayant mobilisé les principales nations du monde. L'argument fait en outre le jeu des djihadistes qui fondent leur argumentaire sur le fait que les Occidentaux mènent une guerre offensive contre les musulmans du monde entier.

  • Au-delà de l'outrance, il convient toutefois de désigner clairement la menace afin de mener une politique de lutte qui soit adaptée à la réalité.

Atlantico :  Quelle résonance les propos de Christian Estrosi ont-ils dans l'opinion ?

François-Bernard Huyghe : Je pense qu'ils auront peu d'impact dans la mesure où Christian Estrosi est dans une stratégie de rhétorique électorale où il espère dépasser Marion Maréchal Le Pen qui, du coup, va presque paraître modérée. La population reste beaucoup plus calme.

Sur le fond, ce sont des termes qui font plutôt sourire. Il y a trois notions mélangées qui n'ont aucun sens. La première, c'est la "cinquième colonne" islamiste. Historiquement la cinquième colonne est une expression utilisée pendant la guerre d'Espagne pour désigner de supposés espions de Franco qui auraient saboté les rangs républicains en travaillant avec quatre colonnes militaires classiques. L'expression "cinquième colonne" est devenue un synonyme d'agent secret, de saboteur. Or, les islamistes, Merah, Kouachi, Coulibaly et autres étaient des gens peu organisés, spontanés, en petits groupes autonomes et certainement pas les agents d'un service secret. Cela n'a donc pas beaucoup de sens.

Deuxième élément. L'islamo-fascisme n'a pas plus de sens. L'islamisme veut instaurer sur terre la loi de Dieu. Le fascisme cherche à instaurer la volonté d'un peuple et de son chef sur un territoire et son empire. Le fascisme est forcément laïc même s'il peut passer des compromis avec telle ou telle Eglise.

La troisième expression qui n'a pas beaucoup de sens, c'est la "troisième guerre mondiale". Les attentats en France, pardon pour le cynisme, prouvent un risque d'attentat islamique relativement faible en termes de victimes. L'impact militaire est relativement limité. Ce terrorisme tue moins que celui d'extrême-gauche par exemple il y a quelques années. On est confronté à un terrorisme interne. Par ailleurs, il y a en Syrie et en Irak une guerre civile ou insurrectionnelle avec l'EI aux mains d'un vrai territoire.

L'expression de troisième guerre mondiale rappelle celle des néo-conservateurs après le 11 septembre, en parlant de la quatrième guerre mondiale. Il y a une guerre de différence pour le coup, dans la mesure où les néo-conservateurs comptaient aussi la guerre froide. Ce genre de terme n'a aucun sens, il répond simplement à une tentative de dramatisation. Ce n'est pas une guerre et elle n'est pas mondiale.

Alain Rodier : M. Estrosi se place dans le combat politique qui, logiquement si l'on en croit les sondages, doit l'opposer à la fin de l'année au FN. Il faut donc comprendre ses propos comme une surenchère destinée à répondre aux peurs qui sont présentes au sein de l'électorat local. Cela dit l'expression "islamo-fasciste" n'est pas de lui mais du Premier ministre. Historiquement, la "cinquième colonne" qu'il évoque provient de la Guerre d'Espagne. Il n'a pas complètement tort dans ce domaine dans la mesure où les terroristes qui sont passés à l'action ces derniers temps étaient Français ou résidents en France et pas des commandos importés de l'extérieur, si l'on excepte le cas de Mehdi Nemmouche, qui était de retour du front syrien.

Quelles vertus cette présentation des choses peut-elle revêtir dans une société si réticente à nommer les choses, à regarder la réalité en face ?

François-Bernard Huyghe : Christian Estrosi prend une posture martiale et essaye de déborder le gouvernement, qui lui-même affirme que l'on fait la guerre au terrorisme. Dans la surenchère verbale, gauche et droite se livrent une grande compétition. Ce n'est pas une guerre mondiale. En revanche, il ne faut pas avoir de pudeur verbale. Nous devons combattre par les armes le djihadisme. Celui-ci a une cause qui est l'idéologie de certains salafistes décidés à mener une guerre sainte. Je suis favorable à l'idée que l'on nomme les choses par leur nom, mais il est inutile d'employer des notions totalement emphatiques et grotesques comme celles-là.

Si ces propos ont le mérite d'énoncer clairement le ressenti d'un nombre grandissant de personnes, résumer ainsi la situation correspond-il à la réalité ? Quels éléments plaident en faveur de cette idée de guerre mondiale ?

Alain Rodier : Si l'on prend l'étendue des théâtres d'opérations menacés par les salafistes-djihadistes d'Al-Qaida "canal historique" et de son "concurrent" Daech, il est vrai que les affrontements sont répandus sur l'ensemble de la planète, mais de là à parler de "Guerre mondiale" en comparaison à celles du XXème siècle, il y a loin, déjà dans le nombre des victimes qui se comptaient alors en millions.

Chérif Ferjani : L'idée d'une "troisième guerre mondiale" par laquelle "l'islamo-fascisme" s'en prendrait à  "la civilisation judéo-chrétienne" n'est pas nouvelle : elle est agitée par les néoconservateurs américains depuis les attentats du 11 septembre 2001 et elle a servi de couverture à l'intervention des États-Unis et de leurs alliés les plus dociles en Afghanistan et en Irak. Elle s'inscrit dans le prolongement de la thèse du "clash des civilisations" prophétisée par S. Huntington et reprise par les adeptes de "la guerre des cultures" et des fanatiques des "identités meurtrières" au Nord comme au Sud, à l'Ouest comme à l'Est, dans les mondes de l'islam comme dans le reste du monde. Le terme "islamo-fascisme", inventé dans ce contexte, mérite qu'on s'y arrête : s'il désigne des musulmans adeptes de conceptions fascistes, comme il y a eu et il y a encore des chrétiens, des juifs, des adeptes d'autres religions ou des athées fascistes, il est incontestablement justifié. Dans ces conditions, il faut aussi parler de "christiano-fascime", de "judéo-fascisme", etc. Sinon, on est en droit de penser que le terme est utilisé, par Estrosi à la suite des néoconservateurs américains et des milieux islamophobes, pour entretenir les peurs  et la haine  à l'égard de l'islam,  des musulmans et de ce qui est présenté comme leur "cinquième colonne" en France, en Europe et en Amérique du Nord à l'assaut de "la culture judéo-chrétienne". On est en droit de considérer que nous avons affaire à une mystification au service d'une idéologie aussi belliqueuse que celle des islamistes les plus fanatiques. Tous les termes mobilisés par Estrosi relèvent en effet du discours belliciste des néoconservateurs américains, de l'extrême droite en Europe comme en Israël. Les islamistes les plus fanatiques puisent dans ce discours les  ingrédients qui alimentent leur propre xénophobie à l'égard de ce qu'ils appellent, comme Estrosi, "l'occident judéo-chrétien", quand bien même leurs principales victimes sont les populations musulmanes cibles de leurs actions criminelles.

En revanche, quels éléments contredisent cette vision ?

François-Bernard Huyghe : La guerre mondiale suppose la guerre entre des nations. Pour l'heure, il n'y a que quelques dizaines de milliers d'irréguliers qui se battent en Iran et en Syrie. Bien entendu, c'est un très grave péril pour la stabilité de la région. Mais, comparer cela à la deuxième guerre mondiale n'a aucun sens. Il y a eu plusieurs dizaines de millions de morts, les nations ont mobilisé leurs ressources pendant des années… Cela a laissé des traces incroyables. La deuxième guerre mondiale est une guerre entre les principales nations du monde.

Ne confondons pas guerre mondiale et le fait que le djihadisme soit une guerre à prétention universaliste en ce sens que les djihadistes espèrent un jour instaurer un califat mondial. Ne confondons pas ce qui se passe dans l'esprit des gens et les réalités géopolitiques.

Alain Rodier : Il ne s'agit pas d'un affrontement entre deux coalitions de différents pays. En réalité, tous les Etats sont menacés par deux sectes (apocalyptique pour Daech) qui tentent d'imposer leur vision de l'islam radical à l'ensemble du monde. Même les dirigeants d'Arabie saoudite sont visés puisque le rêve de ces deux entités est de faire tomber la famille royale (les Saoud).

L'islam radical en général - et l'Etat islamique en particulier - n'est-il d'ailleurs en guerre que contre l'Occident ? N'est-il pas également en guerre contre d'autres formes d'islam, ainsi que contre un pays comme la Chine ?

Alain Rodier : Le salafisme-djihadisme prôné par Daech mais aussi par Al-Qaida "canal historique" que l'on a tendance à oublier mais qui a repris du poil de la bête ces derniers temps, est d'abord dirigé contre les chiites qui sont à leurs yeux des "apostats", c'est-à-dire des traîtres à l'islam tel qu'ils l'entendent. Ensuite, tous les dirigeants des pays musulmans sont, pour eux, des corrompus aux ordres de l'Occident. Les musulmans qui ne partagent pas leur vision de la religion sont aussi leurs ennemis. Enfin, il y a les terres d'islam à reconquérir de l'Andalousie en passant par le Sahel, le Pakistan puis l'Extrême-Orient. Après, mais aussi en parallèle, les "juifs et les croisés" doivent être convertis ou périr.

Chérif Ferjani : Les différentes expressions de l'islam politique - celles qu'on  présente comme modérées parce qu'elles se montrent prêtes à composer avec les Etats-Unis et leurs alliés en Europe ou ailleurs, comme celles qui sont mises au ban de la "communauté internationale" comme terroristes -, entretiennent, auprès de l'opinion musulmane, la haine à l'égard de "l'Occident", mais aussi à l'égard de l'Inde, de la Russie, de la Chine, des pays non musulmans présentés comme des ennemis en guerre contre l'islam. En cela le discours de l'islam politique ne diffère pas de celui de Huntington, présentant l'Occident comme une forteresse assiégée et menacée par les autres civilisations qui lui contestent son hégémonie. Les partisans de la haine et les fauteurs de guerres ont tous le même fonds de commerce. Partout, leurs premières victimes directes, ou indirectes, sont les populations du camp dont ils se réclament qui ne partagent pas leurs visées bellicistes et qui sont jugées, pour cela, comme des "traitres", des "ennemis intérieurs", les pires ennemis par lesquels il faut commencer. C'est pour cette raison que les principales victimes de la terreur islamiste sont les musulmans. Réduire le bellicisme islamiste à sa haine de "l'Occident judéo-chrétien" relève de la mystification idéologique belliciste pour justifier la réédition des guerres contre le terrorisme islamiste qui n'ont fait que l'alimenter et l'amplifier, donnant ainsi raison à Mitterrand, à Chirac et aux adversaires des interventions en Irak ou ailleurs.

L'Etat islamique aurait-il d'ailleurs un intérêt réel à une guerre ouverte ?

Alain Rodier : Daech et Al-Qaida "canal historique" mènent des guerres conventionnelles sur les terrains où ils en ont les possibilités tactiques : Syrie, Irak, Yémen, Nigeria. Là où ces formations sont moins puissantes, elles se livrent à des actions de guérilla : Somalie, Sahel (la Libye est entre les deux), Sinaï. Enfin, partout où cela est possible, des opérations de type terroriste (le plus facile à réaliser) sont déclenchées régulièrement : Caucase, Philippines. En ce qui concerne le monde occidental, seules des actions terroristes ponctuelles sont possibles avec pour objectif de créer des dissensions entre les populations de religion judéo-chrétienne et musulmanes. Ce piège grossier doit être évité à tous prix. La guerre se passe au niveau des idées avant d'être sur le terrain. Tous les excès sont à éviter mais, cela ne veut pas dire qu'il convienne de ne pas nommer les choses. L'idéologie salafiste-djihadiste est et reste l'adversaire à combattre. 

La stratégie de l'EI est principalement centrée sur une guerre insurrectionnelle en Syrie / Irak et gère des villes.

Chérif Ferjani : Ce qu'on appelle "l'Etat islamique", comme Al-Qâ'ida et les autres expressions violentes de l'islam politique, qui, rappelons-le, avaient bénéficié, sinon du soutien, du moins de l'indulgence bienveillante des Etats-Unis et des puissances internationales et régionales qui croyaient les manipuler et tirer profit de leurs actions, n'ont plus rien à perdre. Ils sont dans une sorte de fuite en avant suicidaire qui les rend prêts à tout ! Ils savent qu'ils ont franchi toutes les lignes et qu'ils ne peuvent plus faire marche arrière. C'est en cela et pour cela qu'ils sont dangereux. Mais ils sont loin d'avoir les moyens de déclencher une "troisième guerre mondiale" ; car ils ont perdu jusqu'au soutien de leurs parrains locaux (l'Arabie saoudite, le Qatar, la Turquie d'Erdogan, etc.). Une guerre mondiale suppose l'affrontement de puissances comme la Russie, la Chine, les Etats-Unis, les pays regroupés dans l'Otan, etc. Parler du déclenchement d'une "troisième guerre mondiale" par al-Qâ'ida ou Daech relève encore une fois de la mystification idéologique pour justifier des guerres qu'on n'est même pas capable de mener jusqu'au bout : on intervient pour créer le chaos et on se retire lâchement en laissant les populations locales livrées au désespoir, à la détresse et aux actions criminelles des seigneurs de guerre comme on l'a vu en Irak, en Libye et ailleurs.

François-Bernard Huyghe : La stratégie de l'EI est principalement centrée sur une guerre insurrectionnelle en Syrie, en Irak, débordant en Libye. Ces combattants gèrent des villes et administrent une abominable justice. Ce sont des gens qui se battent pour le territoire.

En outre, ils rallient et dépouillent en quelque sorte Al-Qaida de ses plumes et le remplacent comme mouvement djihadiste phare auprès de Boko-Haram ou de Aqmi par exemple.

Enfin, le troisième objectif est d'atteindre le moral des puissances occidentales par des attentats qui ne leur coûtent pas cher, d'une certaine manière. Il leur suffit de laisser faire des Kouachi, etc. qui prennent leurs propres initiatives. C'est en quelque sorte un bénéfice pur pour les djihadistes. Mais leur objectif prioritaire n'est pas de mener des actions terroristes en Occident.

Qu'est-ce qui permet de dire qu'accréditer cette idée d'une 3ème guerre mondiale déclarée par "l'islamo-fascisme" à "la civilisation judéo-chrétienne" alimente in fine le phénomène ? Comment cette forme de réaction est-elle accueillie dans le monde musulman, y compris chez les modérés ?

François-Bernard Huyghe : C'est rendre un très grand service aux djihadistes que de dire que l'on va mener une guerre mondiale contre eux. Leur argument de recrutement numéro 1, c'est que précisément les Occidentaux mènent une guerre offensive mondiale contre les musulmans. Donc, eux se considèrent en situation de légitime défense. Au fond, c'est donc leur rendre service que de les élever à la dignité d'ennemi principal et de dire que l'on doit mener une guerre mondiale contre eux. Cela me paraît contreproductif à tous points de vue.

Ils peuvent montrer la caricature des hommes politiques occidentaux qui mènent une guerre des civilisations, avec pour but d'écraser l'islam. Cela donne des arguments faciles aux djihadistes pour essayer de convaincre les musulmans que les Occidentaux sont des nouveaux croisés qui les persécutent globalement. Ce n'est pas la peine de donner des arguments aussi faciles à l'adversaire.

Chérif Ferjani : Parler d'une "troisième guerre mondiale" déclarée à "l'Occident judéo-chrétien" par "l'islamo-fascisme" ne peut être perçu dans les mondes de l'islam, ainsi que par tous les partisans de la paix et de l'entente entre les peuples, par delà les fidélités religieuses et les appartenances culturelles, que comme une sorte d'amalgame tendancieuse et dangereuse. Cela ne peut réjouir que les groupes islamistes les plus fanatiques qui peuvent faire fructifier ce genre de déclaration comme un trophée et comme une reconnaissance de leur puissance auprès d'opinions musulmanes en proie à divers sentiments d'impuissance et de frustrations accumulés au fil des défaites et des échecs répétés, dans différents domaines, face à ce qui leur est présenté par les islamistes, et par Estrosi et les adeptes du "clash des civilisations" au Nord, sous l'appellation de "l'Occident judéo-chrétien".

Comment concilier ces deux impératifs : faire en sorte que la société française accepte de voir une certaine réalité en face, et ne pas encourager les islamistes en faisant leur jeu ? Comment prendre au sérieux la nature de la menace qui nous est adressée sans tomber dans la spirale dans laquelle l'Etat islamique trouve un intérêt à nous attirer ?

François-Bernard Huyghe : Il faut avoir un discours très clair. Nous sommes menacés par une poignée de fanatiques et il sera difficile de tous les arrêter même si la police fait assez bien son travail en France. Il s'agit d'une décision de répression de la violence terroriste et fanatique. Il s'agit d'une histoire interne, de police, d'ordre public qui doit être menée par les autorités civiles et qui demande que la population ne s'affole pas et ne donne pas un impact psychologique totalement démesuré à des actions militaires très limitées.

De surcroît, ce n'est pas la première fois qu'il y a de graves attentats terroristes en France. En 1995, des bombes ont explosé dans le RER du fait du GIA algérien. Cette question a été réglée par une répression policière classique et judiciaire. C'est un très grave problème de sécurité intérieure, mais uniquement un problème de sécurité intérieure pour le moment. 

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