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Un ministère apaisé… ou pas : le testament explosif de Gérard Collomb à son successeur
©STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Je suis venu te dire que je m'en vais

A la fin, Gérard Collomb a réalisé qu'il n'y arriverait pas ; que la situation sécuritaire de la France était telle que lui, le ministre, n'aurait pas la force de conduire ses troupes à cette dure bataille. En prime, à Lyon, une amorce de fronde à l'idée de son retour...

Xavier Raufer

Xavier Raufer

Xavier Raufer est un criminologue français, directeur des études au Département de recherches sur les menaces criminelles contemporaines à l'Université Paris II, et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. Dernier en date:  La criminalité organisée dans le chaos mondial : mafias, triades, cartels, clans. Il est directeur d'études, pôle sécurité-défense-criminologie du Conservatoire National des Arts et Métiers. 

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Mais voici l'essentiel : chez les hauts cadres du ministère de l'Intérieur, chez les patrons et chefs syndicalistes de la police, chez les officiers supérieurs de la gendarmerie, la nuit-cauchemar de la victoire française en coupe du monde de foot, le 16 juillet passé, a servi de brutal révélateur ; a ouvert les yeux des plus naïfs partisans du vivre-ensemble. 

Oh bien sûr, le bon peuple est resté dans l'ignorance de ce que fut cette nuit chaotique. Au nom de la "diversité" et de l'"inclusion", les médias-des milliardaires et les radios du "service public" ont, tant qu'ils l'ont pu, préservé le "sacre de l'équipe de France". "Quelques incidents à déplorer...des débordements et dégradations... La fête a mal tourné... Des gestes festifs ont parfois dérivé... " : ce soir là, euphémismes et propos édulcorants ont inondé ces médias.
Mais sur le terrain, une "ambiance bon enfant", vraiment ? A Lyon, Paris, Caen, Marseille, Rouen, Grenoble, Chambéry, Aix-Les-Bains, Nice Vallauris, Menton, Toulouse, Caen, Honfleur, Mulhouse, Strasbourg, Saint-Louis, Nantes, Lille, etc., des bandes déchainées brûlent des voitures par dizaines, "sèment la désolation", transforment les centres de vingt villes en "zones de guerres". Les racailles assaillent les policiers, agressent des filles et frappent celles qui résistent, incendient des boutiques et des commissariats au Cocktail-Molotov. Un magistrat lyonnais dénonce une "véritable guérilla urbaine". 
Des fêtards sont dévalisés ou lynchés dans les rues, des boutiques pillées, du mobilier urbain détruit. Les Champs-Elysées semblent avoir subi un tsunami. En plein tumulte criminel, les pompiers et les Samu passent une nuit d'enfer, leurs véhicules de secours aux victimes parfois hors d'usage. Des journalistes filmant l'émeute sont roués de coup et finissent aux urgences. 
Et le football là dedans ? Les émeutiers s'en balancent, bien sûr : ce sont pour l'essentiel les mêmes qui, au stade, sifflent l'équipe de France et le drapeau français. Pour eux, le plaisir est dans l'émeute, la force de la bande - montrer qui domine le territoire ; d'ineptes sociologues osant encore parler de "violences gratuites", quand la plupart des interpellés sont " déjà connus de la justice pour vols, violences sur dépositaires de l'ordre public, dégradations de véhicules, etc."
Cette nuit là, tous les responsables de la sécurité publique de France - ministre en tête - réalisent que les réformettes genre "police de proximité" vont à l'échec. Regardons la liste des "quartiers de reconquête républicaine de 2018-2019" : en région parisienne, c'est une litanie des pires coupe-gorge défrayant la chronique criminelle depuis des décennies : Sarcelles-Lochères... La Dame-Blanche à Garges-les-Gonesse... Le Luth à Gennevilliers... Les Hauts d'Asnières... Le Gros-Saule à Aulnay... Les Beaudottes à Sevran... La ZSP-Torcy... Le Cours du Luzard à Noisiel... les Merisiers à Trappes... Le Bois-L'Abbé et les Mordacs à Champigny... Les Tarterêts à Corbeil... Paris-La Chapelle... 
Des sites-cauchemar de la "Politique de la Ville", mi-Cours des miracles, mi-Pistes Ho-chi-Minh, d'où l'ordre républicain s'est évanoui depuis parfois un demi-siècle ; où notoirement, des gangs criminels font la loi ; où des policiers et pompiers, attirés dans des embuscades, sont lynchés plus souvent qu'à leur tour.
Or sans moyens massifs, la "police de sécurité du quotidien" du ministère de l'intérieur n'est qu'un risible cache-misère : saupoudrage de policiers, effilochés dans le temps... constant usage du "déshabiller Pierre pour habiller Paul"... Des gadgets high-tech (des tablettes) pour abolir un enracinement criminel de parfois cinquante ans.... 
Ce, quand un récent rapport sénatorial dénonce le profond malaise de forces de sécurité intérieure, démotivées et découragées. Déclassement, dénuement matériel, véhicules et parc immobilier "en état critique" : voilà l'armée de l'Intérieur censée - sans rire -  "construire une société rassemblée et apaisée". Mais le quotidien des flics du terrain, c'est plutôt "une policière tabassée devant sa fille de trois ans par un dealer et son frère" - et une préoccupante vague de suicides.
Coup de grâce : Le 30 septembre, le président Macron donne un entretien d'une page et demie au Journal du Dimanche. "Face à la tempête"... mais pas une seule fois, un seul mot sur la sécurité ou quoi que ce soit d'approchant. Vous êtes ministre de l'Intérieur et votre président oblitère totalement la sécurité comme problème national majeur. Alors vous lâchez la rampe. Et laissez votre successeur - et le président - devant les décombres.

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