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Un long, si long discours de la méthode : Emmanuel Macron s'enferme dans la réforme des institutions et de la gouvernance
©Capture d'écran

Congrès de Versailles

Pour avoir vécu et observé la présidence de François Hollande, Emmanuel Macron a rapidement compris que son prédécesseur s'est brûlé les ailes en s'affichant en "président normal", en opposition avec celle de Nicolas Sarkozy...

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Emmanuel Macron veut rompre avec les deux, "les années immobiles ou avec les années agitées toutes aux résultats également décevants", en imprimant "une transformation résolue et profonde" de la société française, de ses institutions et de ses moeurs politiques, en "finir avec la République inefficace, avec la République du souffle court, des petits calculs, de la routine". Là où ses prédécesseurs se contentaient de faire lire un  message au parlement en, début de mandat, il choisit de venir s'exprimer solennellement et longuement, devant la représentation nationale, comme la Constitution lui en donne désormais la possibilité et il promet de renouveler l'exercice chaque année. Pourquoi pas, mais  le cadre du Château de Versailles choisi pour la taille de son hémicycle pouvant contenir  900 personnes, paraît aujourd'hui  anachronique : on imaginerait mieux le président de l'ère numérique  s'exprimer devant le parterre d'élus réunis dans l'amphithéâtre d'un Palais des congrès connecté. Mais ceci relève de la forme... et Versailles sied à Emmanuel Macron qui se voit en président "jupitérien".Dans ce contexte la mise en garde lancée à ces députés novices n'était pas inutile:" Nous connaissons à présent l’enthousiasme des commencements, mais la gravité des circonstances nous empêche d’en ressentir aucune ivresse. Le terrorisme n’a pas désarmé. La construction européenne est en crise. Nos équilibres financiers sont dégradés, notre dette considérable. L’investissement productif encore faible et le chômage toujours insupportable. La dureté de la vie est là pour tant et tant de nos concitoyens. Mais le peuple français nous a fait connaître ses volontés, et nous en serons les serviteurs. Il y aura de l’imprévu, des oppositions, des moments difficiles, mais nous ne laisserons pas un instant tous ces aléas nous décourager" car il promet rien moins qu'une “véritable révolution". Une transformation pour laquelle cinq ans ne suffiront pas ,cela va de soi dans son esprit et celui de ses proches .Mais nous n'en sommes qu'au début et le Président de la République avait promis de fixer le cap. N'allait-il pas gêner le Premier Ministre à la veille de son discours de politique générale suivi de ce vote de confiance qui va forger la taille de sa majorité ? Apparemment non, car Emmanuel Macron  a choisi  l'interprétation originelle de la fonction présidentielle, à savoir...présider, fixer un cap, celui de "redonner sa place à l'intelligence française", grâce à  la "transformation radicale", mais en se gardant d'avancer le moindre objectif chiffré et surtout les moyens de les atteindre. Cette tâche là est celle du Premier Ministre qui "dirige l’action du Gouvernement de lui donner corps. C’est à lui qu’il incombe d’assurer la cohérence des actions, de conduire les transformations, de rendre les arbitrages et, avec les ministres, de vous les présenter". En clair, avec le gouvernement, il  devra non seulement réduire les déficits, libérer les énergies créatrices d'emplois, autrement dit modifier le code du travail, mais aussi orchestrer le calendrier législatif des indispensables réformes qu'elles soient économiques ou institutionnelles. D'ailleurs Edouard Philippe en est averti :"  La France est un pays qui résiste aussi longtemps qu’il est possible de ne pas réformer, un pays qui se cabre quand on lui parle mal,... quand on ne lui explique pas, quand on ne le respecte pas, quand on ne parle pas à sa dignité et à son intelligence. Alors, vous passerez des jours, des nuits, nous passerons sans doute des jours et des nuits dans des sujets qui font le quotidien de nos concitoyens et qui sont chacune et chacun importants". Ces  sujets, ce sont dans un  premier temps, la réforme institutionnelle, qui devra être menée d'ici un  an, la fin de l'état d'urgence, la suppression de la cour de Justice de la République. Si aujourd'hui  Emmanuel Macron à la satisfaction d'avoir fait entrer "la grande diversité française, sociale, professionnelle, géographique, de genre et d’origine, d’âge et d’expériences, de croyances et d’engagements" au Parlement, les méthodes de celui-ci ne sont plus adaptées. La grande réforme (-moins d'élus, plus de moyens, l'introduction d'une dose de proportionnelle) est lancée. Car, prévient le Chef de l'Etat, en invitant les élus,-susceptibles d'être impressionnés par les ors de la République hérités de la monarchie, à rester proches des préoccupations des Français: "Vous êtes ici tous et toutes les dépositaires de ce désir de changement qui nous est interdit de trahir". Et il l'assortit de ce qui peut apparaître comme une menace voilée de recourir au référendum en cas de blocage, car les "Français (-ce vieux peuple politique),avaient fini par s’exaspérer devant l’espérance confisquée". Voilà les principes (-déjà connus), posés à nouveau , prêts à l'application. On attend maintenant de voir comment un premier ministre et des ministres en charge de l'économie issus de la droite vont réussir à faire voter des mesures économiques d'essence libérale à une majorité d'élus d'En Marche venant de la Gauche...

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