UMP & Internet : je t’aime, moi non plus<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
UMP & Internet : 
je t’aime, moi non plus
©

Un univers impitoyable

La campagne présidentielle se jouera-t-elle sur Internet ? Une chose est sure, les jeunes UMP ont encore des progrès à faire. Extraits de "UMP, ton univers impitoyable" (1/2).

Jean-Baptiste Marteau et Neila Latrous

Jean-Baptiste Marteau et Neila Latrous

Jean-Baptiste Marteau est journaliste à LCI, présentateur des matinales week-end.

Neila Latrous est journaliste à TF1 et LCI. Elle présente une chronique sur "Les lectures politiques" dans LCI Matin week-end.

Voir la bio »

Leur téléphone sonne. Combien sont-ils ce soir-là à recevoir le fameux SMS ? 5 000 ? 10 000 ? Peut-être plus ? L’UMP a vu les choses en grand. François Hollande est l’invité du journal de 20 heures de France 2. C’est l’occasion de démontrer la force de frappe du parti sur Internet. Le texte enjoint les militants de se connecter sur Twitter pour commenter l’intervention du candidat PS. Commenter, ou plutôt critiquer, tourner en dérision, moquer, contredire.

Prouver que les propositions du numéro un socialiste ne tiennent pas la route. Un appel à la mobilisation virtuelle. La consigne est claire : il faut commenter massivement l’interview de François Hollande. Un « livetweet » sur commande un peu particulier. Quelque part dans les Yvelines, entre Rambouillet et Versailles, le message tombe entre de mauvaises mains. Une des militantes de Copé a oublié son téléphone chez un ami de gauche. Lequel s’empresse de l’appeler sur sa ligne fixe : « Dis donc, tu viens de recevoir un texto de l’UMP. Tu sais quoi ? Ton parti veut que tu commentes sur Twitter l’interview de notre champion. Et que tu utilises comme nom de code : Flamby. C’est ridicule ! »

Ridicule, c’est le terme qui revient le plus quand les mots « Internet » et « UMP » sont accolés. La communication de la droite sur le Web a beaucoup décliné depuis l’élection de Nicolas
Sarkozy. Pourtant, un an avant la dernière présidentielle, le ministre de l’Intérieur était désigné candidat le plus « webophile », devant Ségolène Royal par un panel du Journal du Net. « En 2007, on avait fait une très bonne campagne », confirme Arnaud Dassier, l’un des artisans de la communication online à l’époque. Alors que s’est-il passé depuis ? Le parti a-t-il perdu son savoir-faire ?

#Flamby, donc. Avec un dièse. C’est ce symbole qui permet sur Twitter de désigner ce dont on parle. Cela s’appelle pompeusement un « hashtag ». Un « mot-clic » d’après la traduction de francophiles québécois. Flamby, une attaque sur le physique, l’ancien physique même du candidat du PS puisque le député de Corrèze a fondu ces derniers mois. Une qualification peu glorieuse, donnée il y a plus de dix ans par les Guignols de l’Info. Une attaque aussi sur son indécision chronique, sa mollesse, une légende forgée durant ses dix années à la tête de la maison socialiste. Ses camarades du parti ne l’avaient-ils pas surnommé « le grand méchant mou » ? Il faut montrer qu’Hollande n’est pas l’homme de la situation. L’angle d’attaque de l’UMP reste malgré tout décalé. Pas à la hauteur de l’interview, réalisée au lendemain d’un accord européen qui promet de sauver l’euro. « La commande » de l’UMP fuite rapidement sur la Toile. En quelques minutes, la manœuvre fait rire des milliers d’internautes. La contre-attaque PS s’organise.

Ce sera mot clé contre mot clé. #Flamby contre #UMPathetique. Une fois de plus, la droite plante totalement l’une de ses initiatives sur la Toile. Gêné, le parti se défend mollement. La cellule Internet explique que le PS a bien réussi des opérations semblables. À la différence près que les opérations socialistes ont eu un autre écho. Mieux préparées en amont, elles ont « pris » dans la tweetosphère et sur les autres réseaux sociaux. La mobilisation de l’UMP, elle, a fait « flop ». Une anecdote parmi d’autres, qui illustre la difficulté du parti avec le Web.

La majorité veut se rassurer à l’approche des élections : il n’y a pas de raison d’avoir perdu son savoir-faire sur Internet. Le parti fera beaucoup mieux lors de la campagne présidentielle, assure le chef d’orchestre de la communication élyséenne, Franck Louvrier. Le conseiller du président ne veut pas retomber dans certains travers. Dans son petit bureau donnant sur la cour d’honneur du Palais, celui qui accompagne Nicolas Sarkozy dans ses moindres déplacements depuis près de dix ans est calme. Il sait comme tout le monde que la bataille sera rude. Mais aussi qu’elle se jouera sur Internet. Le constat est clair : « On n’a pas perdu la main sur le Web, c’est juste qu’on ne l’a pas prise pour l’instant. On ne peut pas commencer, sinon on va considérer qu’on est en campagne. » Alors la riposte est déjà prête. Elle se travaille depuis des mois. « Il n’y a qu’à regarder les effectifs de mon service de comm pour comprendre », nous explique Louvrier1. « Depuis 2007, je suis passé d’un collaborateur pour gérer le Web, à une douzaine aujourd’hui. »

_______________________________

Extraits deUMP, ton univers impitoyable, Flammarion (18 janvier 2012)

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !