UMP : comment Sarkozy et Le Maire ont utilisé la question du nom du parti pour verrouiller la composition du nouveau bureau politique<!-- --> | Atlantico.fr
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Nicolas Sarkozy et Bruno Le Maire.
Nicolas Sarkozy et Bruno Le Maire.
©Reuters

Une polémique peut en cacher une autre

Derrière la polémique sur le changement de nom du parti, se jouera ce soir mardi 5 mai le renouvellement du bureau politique. Bruno Le Maire aurait déjà obtenu la présence de 20 de ses proches, comme Delphine Bürkli ou Laure de La Raudière.

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand, journaliste politique à Atlantico, suit la vie politique française depuis 1999 pour le quotidien France-Soir, puis pour le magazine VSD, participant à de nombreux déplacements avec Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, François Bayrou ou encore Ségolène Royal.

Son dernier livre, Chronique d'une revanche annoncéeraconte de quelle manière Nicolas Sarkozy prépare son retour depuis 2012 (Editions Du Moment, 2014).

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C’est l’histoire d’un rideau de fumée qui a mal tourné. Un rideau de fumée comme Nicolas Sarkozy les affectionne pourtant, dense, compact, impénétrable. Un bon gros nuage prompt à masquer le haut de la montagne et à perdre  les randonneurs amateurs. Durant 5 ans à l’Elysée, l’ancien président a usé et abusé de ces subterfuges de communication qui consistent  à lancer une polémique pour en faire oublier une autre. De retour à l’UMP, il renoue avec les vieilles habitudes, le débat autour du futur nom de l’UMP ressemble fort  à ces artefacts visant à occulter les vrais enjeux.

 Républicains, pas républicains? Et si le cœur du débat n’était pas là. Et si la polémique autour du futur nom de l’UMP n’avait servi qu’à en masquer une autre ? La clé du pouvoir se trouverait-elle ailleurs? Bien cachée entre les mots de Nathalie Kosciusko-Morizet qui expliquait, dimanche, qu’outre le futur nom de l’UMP, les militants seraient, lors d’un vote électronique les 28 et 29 mai, invités à se prononcer sur deux autres questions bien plus importantes : les statuts, et surtout, le principe d’une liste unique pour le bureau politique.

Le Bureau politique, c’est l’instance la plus importante d’un parti. C’est devant elle que se prennent la plupart des décisions comme le sarkothon en juillet 2013. Ce sont les membres du BP qui, en mai 2014, forcent  Jean-François Copé à la démission. Or l’actuel BP ne compte pas autant de sarkozystes que Nicolas Sarkozy le souhaiterait. En effet, le bureau actuel a été élu par le conseil national en janvier 2014 date à laquelle Nicolas Sarkozy se tenait encore en retrait de la vie du parti. Trois listes s’affrontaient alors, l’une présentée par François Fillon, l’autre par Jean-François Copé et la dernière soutenue par Alain Juppé, Bruno Le Maire et Xavier Bertrand.

Et c’est bien cet affrontement que le nouveau président de l’UMP aimerait éviter. Au nom de l’unité, il a ainsi proposé à ses adversaires de constituer une liste unique représentant toutes les grandes familles du parti. L’avantage est double : éviter une nouvelle campagne interne qui pourrait à nouveau voir se déchirer la famille mais surtout garder la haute main sur ces nominations. Fillon, Juppé, Le Maire proposent… Sarko dispose. Ce qui n’est pas du goût de tout le monde et surtout pas des futurs candidats à la primaires qui ont plus que d’autres besoin de relais solides et nombreux au sein du BP.  Bruno Le Maire a ainsi expliqué à Nicolas Sarkozy lors d’un déjeuner le 9 avril : « le bureau politique doit être le reflet des élections internes sinon je présenterai ma propre liste » et de réclamer, magnanime, non pas 29%, ce qui correspondrait à son score de novembre, mais 20% des membres. Les deux hommes se sont, à nouveau, parlé ce week-end et se seraient mis d’accord. Une liste de 20 noms a été transmise par Jérôme Grand d’Esnon, l’un des conseillers de Bruno Le Maire, à Frédéric Péchenard le directeur général de l’UMP. Parmi eux, ceux de Thierry Solère, de Franck Riester, de Laure de la Raudière, de Delphine Bürkly et Antoine Herth.Un accord passé sur le dos des fillonistes et des Juppéistes qui verraient alors leur nombre réduit à la portion congrue. « Ils n’avaient qu’à se présenter aux élections internes », explique en cœur les proches de Le Maire et ceux de Nicolas Sarkozy afin de minimiser le poids des deux autres.  Et c’est ainsi que le rideau de fumée sarkozyste c’est retourné contre lui. C’est ainsi que les proches du maire de Bordeaux et ceux de l’ancien premier ministre se sont mis à violement critiquer le choix du futur nom de l’UMP. Le temps, pour l’un comme pour l’autre, de récupérer quelques postes avant de faire marche arrière et de déclarer pour Juppé : « Le changement de nom du parti. J’en comprends le besoin. Le nouveau nom qui devrait être proposé : « Les Républicains » ne soulève pas d’objection de ma part » et pour Fillon : « Les Républicains? Je n'y vois pas d'inconvénients. D'une certaine façon, ça permettra de dire au Premier ministre que la République, c'est aussi la droite et le centre ». "Ils ont obtenu des postes, murmure-t-on à l'UMP, c'est pour ça qu'ils se sont calmés". Mais dans l'entourage d'Alain Juppé, on n'a pas totalement déposé les armes. Si une mauvaise surprise intervenait aujourd'hui, il serait toujours temps de voter contre le principe d'une liste unique, explique-t-on en subtance. Nicolas Sarkozy va donc devoir faire de la place, peut-être au détriment de ses proches qui pourraient donc payer au prix fort son dernier rideau de fumée. Mais l'important n'est-ce pas de garder la haute main sur la composition du futur bureau politique?

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