Tu t'es vu quand t'as bu… du jus (de fruits) ? Les raisons pour lesquelles vous ne devriez pas en abuser<!-- --> | Atlantico.fr
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Le jus d’orange est au top des ventes de boissons sans sucre ajouté.
Le jus d’orange est au top des ventes de boissons sans sucre ajouté.
©Reuters

Faux amis

Quoi de meilleur qu’un bon jus de fruits ? Symbole de la santé, de l’équilibre nutritionnel, il est devenu en moins de 20 années l’étalon-nutritionnel du petit-déjeuner sain et équilibré, celui dont personne de sensé et d’intelligent ne saurait se passer. Comment le jus de fruit est devenu... un filon en or !

Béatrice  de Reynal

Béatrice de Reynal

Béatrice de Reynal est nutritionniste Très gourmande, elle ne jette l'opprobre sur aucun aliment et tente de faire partager ses idées de nutrition inspirante. Elle est par ailleurs l'auteur du blog "MiamMiam".

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Le jus d’orange est devenu incontournable des buffets de petit-déjeuner des hôtels, des cantines, des bistrots. Sans jus, point de salut. Ainsi, le jus d’orange est au top des ventes de boissons sans sucre ajouté car – selon la loi – le "pur jus de fruit" ne peut contenir que le jus du fruit nommé, et rien d’autre, ni sucre, ni arôme, ni conservateur... pas même de vitamine C ajoutée.

Même le PNNS a adoubé cette boisson, considérant qu’elle faisait bien partie des "5 fruits et légumes par jour". Ce que les nutritionnistes lui concèdent bien volontiers, mettant en garde toutefois les paresseux qui se disent "je bois le litre et fais le plein des 5 a day". Erreur, car le jus ne contient plus les précieuses fibres et il en faut !

Chacun pressant chez soi ce qu’il fallait d’oranges pour avoir la précieuse vitamine C qui, si on écoutait la rumeur, avait une durée de vie très limitée puisqu’elle se détruisait presque à mesure que vous pressiez les fruits... Erreur encore. Dans les « pur jus d’orange » vendus au rayon ambiant, et dont les bouteilles ont été stérilisées à la chaleur, donc, il y a encore suffisamment de vitamine C pour couvrir plus que la moitié de vos besoins quotidiens avec seulement l’équivalent d’un verre à dent !

Etait-ce de la propagande des fabricants de centrifugeuses ? De coûteux pressoirs à fruits ?

Le phénomène des centrifugeuses a permis aux consommateurs de se priver de l’essentiel (fibres, vitamines) pour se gaver du reste – l’eau et le sucre des fruits et légumes. L’objectif complètement loupé était la désintoxication à l'époque. Cette ère du "Juicing" correspond toujours à une demande pour nettoyer le corps, le faire fondre, le purger. En l’occurrence, c’est la raison et le discernement qui ont fondu. Lourd tribu !

Et puis, puisque le consommateur se lasse vite des bonnes choses, il a fallu proposer du jus de mandarine, de citron, de pamplemousse, d’ananas... Puis, plus rare, pour ceux qui aiment partager des expériences inédites, du jus de haricot vert, de brocoli... Puis même, du jus de gazon.

Une limite a été dépassée là, preuve que le ridicule n’aura jamais tué personne. Les "bars à jus" ont tenté de conquérir les centre-ville de big cities comme la grosse pomme, Paris et London city. Le prix a effet placebo.

En effet, pour le consommateur, si le jus de fruits a des effets nutritionnels bénéfiques (vitamine C), les jus de légumes improbables au look  marécageux ont des vertus quasi mystiques : le jus de gazon détoxifie, purifie, vous absout de tous vos pêchers alimentaires et éthyliques, entre autres.

Un shot de breuvage vert au goût d’ensilage et hop ! Au paradis des gens minces, sveltes et chastes.

En parallèle, des petits malins ont cherché à faire rêver et à séduire les buveurs de rêves en proposant des "smoothies". Rien que le nom est magique et fait envie. Un smoothie ("douceur" en anglais), c’est le velours du palais et de l’estomac quand tant de gens disent mal supporter le jus d’orange au saut du lit, acidité oblige.

Idéaliser le jus et le transcender à travers ces recettes ultra modernes, dans des emballages très sexy, est une étude de cas pour étudier comment le marketing a réussi a réinventer le produit de base du petit-déjeuner.

C’est devenu une tendance majeure du mode de vie : smoothie d’ananas et acérola, d’eau de coco et cranberry.... L’exotisme se marie avec la suavité de la banane, du raisin ou de la crème de coco...

La réalité est toute autre : ces préparations si bien réussies d’un point de vue marketing (si tentantes) et organoleptiques (si douces), cachent une recette où domine le jus de pomme ou de raisin, au mieux, le jus d’orange, dans lesquels sont posées quelques gouttelettes de fruit-nommé-qui-fait-vendre.  Arnaque à tous les étages.

On vous vend du jus de pomme au prix du jus d’ananas. Bravo.

Plus grave, ces boissons "à base de fruits" qui cachent une teneur en sirop de glucose importante. Apport calorique de 50 à 80 Calories pour 100 ml. Autant vous dire que la canette de 33 ml vous coûtera 250 Calories, soit autant qu’une portion de frites chez un fat-foodeur quelconque. Même sans aucune graisse ajoutée, ces boissons "aux fruits" n’apportent rien d’intéressant pour le corps et son équilibre. Le fait de les consommer en dehors des repas aggrave leur cas !

Qui croire et que choisir ?

A l’évidence, manger la totalité du fruit a des avantages nutritionnels. Mais prendre une portion quotidienne de fruit sous forme de "pur jus" reste un très bon plan pour la santé. Ne vous fiez pas aux modes alimentaires et ne cédez point aux sirènes nutritionnelles qui voudraient vous faire croire au père Noël avant l’heure. Pour en être sûr : lisez les étiquettes. Ce qui compte dans un jus de fruit, c’est qu’il contienne 100 % de jus de fruits.

A votre santé !

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