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Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la masturbation
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Plaisir individuel

Au début du siècle, la masturbation était encore un sujet tabou. Le Dr Forel dévoile le sexe de nos ancêtres, loin de la morale de son temps. Un siècle plus tard, son best-seller invite encore à poursuivre l'exploration des choses du sexe. Extrait de "La question sexuelle exposée aux adultes cultivés" (1/2).

Dr Auguste Forel

Dr Auguste Forel

Auguste Forel est né en 1848 et mort en 1931. Médecin suisse, il fut professeur de psychiatrie à l’université de Zurich. En 1921, il fait partie des fondateurs de la Ligue mondiale pour la réforme sexuelle, rendue célèbre alors par ses tapageuses campagnes pour l’avortement, la contraception, l’égalité politique de la gemme, la prévention de la prostitution ou encore la stérilisation des malades mentaux, dont on sait la sombre destinée.

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Si l’homme ne peut satisfaire naturellement l’appétit sexuel qui s’impose à lui avec une puissance croissante et par des érections toujours plus fréquentes, cet appétit, lorsqu’il est fort, provoque des rêves érotiques et finalement des pollutions ou éjaculations nocturnes, à moins qu’une excitation artificielle du gland ne vienne provoquer pendant la veille des sensations voluptueuses et finalement l’émission de la semence accompagnée d’orgasme. C’est ce dernier phénomène qu’on appelle masturbation.

L’homme se masturbe en frottant sa verge dans la main ou contre un objet mou. Dans ce dernier cas surtout, l’image érotique de femmes nues ou d’organes sexuels féminins s’associe à l’onanisme. On peut appeler ce genre de masturbation masturbation compensatrice, parce qu’elle ne repose pas sur une anomalie de l’appétit, mais ne sert qu’à satisfaire par compensation un besoin naturel.

[…]

Quoique déprimante pour celui dont la volonté est ainsi vaincue par une excitation qu’il ne peut maîtriser, c’est la forme relativement la moins dangereuse de l’onanisme. Tout au plus conduit-elle à un certain épuisement nerveux et mental par l’abus qui en est aisément fait, vu la facilité de se procurer ainsi l’orgasme vénérien.

Ici comme ailleurs, on confond trop souvent l’effet avec la cause. Parce que les hommes dont la volonté est faible s’adonnent facilement à l’onanisme, on s’imagine que c’est ce dernier qui est cause de la faiblesse de la volonté. Nous devons cependant déclarer ici qu’on a exagéré d’une façon incroyable les effets d’une masturbation modérée chez l’adulte.

Il faut une excitabilité sexuelle pathologique pour provoquer chez la femme spontanément des rêves voluptueux ou la masturbation. C’est pour la même raison qu’on ne peut parler chez elle de masturbation compensatrice proprement dite. L’onanisme n’est cependant pas rare chez la femme, tout en étant bien moins fréquent que chez l’homme.

La femme se masturbe par frottement du clitoris avec le doigt ou en introduisant des objets arrondis plus ou moins durs et lisses dans le vagin, et en imitant à leur aide les mouvements du coït, souvent aussi en frottant simplement l’une contre l’autre les deux cuisses croisées et pressées.

Certains onanistes viennent s’accuser eux-mêmes en gémissant, et d’un air profondément navré, d’avoir gâché et détruit leur existence par leur mauvaise habitude. À première vue, leur nombre paraît considérable. Ils s’épuisent en jérémiades devant le médecin et leurs connaissances, se tordent les bras de désespoir et supplient tout le monde de venir à leur secours. Ils se considèrent comme de pauvres pécheurs dont la vie a été ruinée, soit par leur propre faute, soit par celle d’autres personnes.

[…]

Les plus onanistes n’ont nullement l’aspect classique que leur prête la tradition. Ce ne sont pas des figures pâles, terrifiées et gémissantes, mais bien plutôt des individus lubriques qui se transforment volontiers en don Juan insolents. Ils peuvent être tout aussi courageux, adroits et forts que d’autres, et être disposés à tous les mauvais tours et à toutes les folies. Il n’est donc pas vrai, comme on le dit si souvent, qu’il soit possible de reconnaître au visage et à la manière d’être d’un individu s’il a des habitudes de masturbation.

Les femmes qui se masturbent gardent, en général, le secret complet sur leur mauvaise habitude et s’en montrent d’ordinaire fort peu affectées. L’onanisme ne leur fait cependant guère moins de mal qu’aux hommes. Elles n’ont pas, il est vrai, de pertes séminales, mais, par contre, la répétition et l’intensité de l’irritation nerveuse sont plutôt plus fortes que chez l’homme, et c’est ce qui les épuise le plus. Il est, malgré tout, assez curieux d’observer que les femmes qui se masturbent en ont, en général, moins de honte que les hommes et s’en montrent moins déprimées.

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Extrait de "La question sexuelle exposée aux adultes cultivés", Editions Autrement (novembre 2012)

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