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Le ministre des Finances a déclaré en substance que les propos et les positions de Jean-François Copé lui rappelaient fâcheusement les ligues fascisantes de 1934.
Le ministre des Finances a déclaré en substance que les propos et les positions de Jean-François Copé lui rappelaient fâcheusement les ligues fascisantes de 1934.
©Reuters

Vérité, vérité chérie…

Quand on est estampillé de ce côté-là, on jouit de libertés qui sont refusées à d’autres. "C'est pô juste", comme dirait Titeuf.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Qui a dit qu’il y avait des liens de causalité évidents entre les vagues successives d’immigration et la délinquance ? Qui a dit que fermer les yeux sur cette réalité était, au mieux, contre-productif, au pire, une imbécillité ? Cherchez un peu. Marine Le Pen ? Henri Guaino ? Copé ? Fillon ? Un spécialiste des banlieues très marqué à droite ? Non, vous n’y êtes pas.

Il s’agit d’Alain Bauer, un criminologue connu et adoubé. Et joliment orné du ruban rose qui décore ceux qui ont le droit de tout dire, y compris, dans ce cas précis, la vérité. Il a été pendant plusieurs années grand maître du GOF (Grand Orient de France) qui a fourni à la gauche nombre de ses meilleurs cadres. Ce qui lui permet de dire, de façon intelligemment argumentée, la même chose que ce qui a valu au pauvre Zemmour d’être condamné pour incitation à la haine raciale. Il est vrai que Bauer s’est exprimé dans un magazine blasphématoire nommé Valeurs actuelles. Peut-être va-t-on lui enlever son ruban rose…

À gauche donc, on peut donc dire des choses intelligentes sans être voué aux gémonies. On peut aussi énoncer des énormités sans s’attirer ni foudres ni excommunication. C’est Michel Sapin, ministre des Finances, qui s’en est chargé sans que personne ne s’en émeuve. Pour ceux qui ignoreraient qui il est, il convient de rappeler qu’il est l’auteur d’une phrase célèbre vantant la pudeur du président de la République : "C’est mon ami depuis trente ans. Et jamais nous n’avons parlé d’histoires de filles." Ce sujet s’étant dernièrement enrichi, Hollande aura enfin des choses pas tristes à raconter à Sapin.

Pour revenir à l’essentiel, le ministre des Finances a déclaré en substance que les propos et les positions de Jean-François Copé lui rappelaient fâcheusement les ligues fascisantes de 1934. Imaginer le patron de l’UMP – dont le père s’appelait Copelovici – en train de défiler en criant : "Mort aux Juifs !" ou : "À bas les métèques !" est pour le moins burlesque. L’imaginer aussi donnant l’assaut au palais Bourbon pour jeter les députés pourris à la Seine constitue un sommet dans le domaine du grotesque. Mais ça ne prête pas qu’à rire, c’est également injurieux et dégueulasse. Mais Michel Sapin est de gauche, et personne n’a rien dit.

Supposons (mais supposons seulement car la droite avec tous ses défauts est relativement bien élevée) que Jean-François Copé ait estimé que les propos de Michel Sapin évoquaient pour lui les procès du bien-aimé camarade Staline. Supposons encore que ce brave Copé ait proféré quelque chose du genre : "Les socialistes avec leurs projets tordus veulent transformer la France en goulag", que n’aurait-on pas entendu ! Mais restons positifs, félicitons-nous de l’existence de deux gauches. Et qu’il nous soit permis de préférer celle de Bauer à celle de Sapin.

A lire du même auteur : Le gauchisme, maladie sénile du communisme, Benoît Rayski, (Atlantico éditions), 2013. Vous pouvez acheter ce livre sur Atlantico Editions.

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