Tous des Gaulois ? Même moi ? Et pourquoi pas !<!-- --> | Atlantico.fr
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Le village gaulois emblématique, celui qui résiste vaillamment aux assauts des légions de Babaorum et d'Aquarium, est dessiné par un Italien, scénarisé par un ashkénaze d'Argentine et inspiré par la vie dans les shtetls d'Europe centrale.
Le village gaulois emblématique, celui qui résiste vaillamment aux assauts des légions de Babaorum et d'Aquarium, est dessiné par un Italien, scénarisé par un ashkénaze d'Argentine et inspiré par la vie dans les shtetls d'Europe centrale.
©Allociné / Jean-Marie Leroy

Les nouvelles aventures d'Astérix

Gaston Monnerville, premier président noir du sénat, n'avait pas de problème à faire remonter sa filiation jusqu'à Astérix et Obélix. Était-il moins malin que les néo-allergiques au « roman national » ?

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Nicolas Sarkozy dit beaucoup de conneries, la cause est entendue, mais il ne dit pas que des conneries. Et ce n'est pas parce qu'il a stratégiquement décidé de déborder le FN sur sa droite pour mieux récupérer l'ancien électorat communiste en 2017 que chacune de ses assertions doit nous renvoyer aux désormais proverbiales « heures les plus sombres ».

Le buzz négatif du jour, donc, s'alimente à cette idée lancée à Franconville (la doublement bien nommée vu le contexte) selon laquelle tout nouveau français deviendrait automatiquement l'arrière petit-fils honoraire de Vercingétorix. On ne s'étendra pas trop longuement sur l'inanité de la levée de boucliers (arvernes) immédiatement déclenchée (« Quoi, tous des Gaulois ? C'est absurde, les Gaulois n'ont pas vraiment existé et ma grand tante est arrivée du Guatemala après avoir changé à La Motte-Piquet-Grenelle... Comment pourrais-je donc être Gaulois ? »), n'importe qui d'un peu raisonnable étant capable de comprendre le concept fédérateur d'un « roman national ».

Bien sûr, que tous les Français ne sont pas génétiquement des Gaulois ! Pas plus que les Américains ne sont tous des cow-boys ou des débarqués du Mayflower. Le « roman national », c'est la mythologie qui donne un sens aux grands pays d'immigration comme la France et les États-Unis et fabrique des citoyens dont on se fiche des origines, de la couleur et de la religion. Le « roman national », c'est le contraire du racisme (du moins lorsqu'il ne puise pas ses sources dans la trilogie du Ring mais c'est une autre histoire).

D'ailleurs, on le sait peu, mais le village gaulois emblématique, celui qui résiste vaillamment aux assauts des légions de Babaorum et d'Aquarium, est dessiné par un Italien, scénarisé par un ashkénaze d'Argentine et inspiré par la vie dans les shtetls d'Europe centrale. Tous des Gaulois, on vous dit.

Et sans remonter jusqu'à Charles Péguy, Ernest Renan ou Marc Bloch (Bloch ? Pas très franc, ça...), on se permettra de suggérer le visionnage d'une vieille émission de télé au cours de laquelle Gaston Monnerville, guyanais de naissance et premier président noir du Sénat  (noir ? Pas très celte, ça...), explique à Bernard Pivot en quoi la gauloisitude (voilà que je fais ma Ségolène) touche précisément à l'universalisme et à une vraie vision de l'égalité :

« On nous faisait dire « les Gaulois nos ancêtres » (…) et il suffisait de regarder autour de nous pour bien savoir que ni nous ni nos pères ni nos mères n'étaient des Gaulois, c'est à dire des gens aux cheveux blonds et aux yeux bleus (…). Mais 1848 apportait, non seulement aux citoyens français mais aussi aux citoyens qu'il créait outre mer, ce qu'il croyait apporter de mieux, c'est à dire la culture française ».

Quel sarkozyste éhonté, ce Gaston ! Je me demande s'il se présentera aussi à la primaire LR...

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