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Terrorisme : pourquoi un Guantanamo français serait la solution la plus démocratique
©Reuters

Cuba libre

Ils sont bien amusants ces gens "de gauche" qui voient dans un Guantanamo français un glissement vers la dictature. Une fois de plus, le déni et la complaisance sont les deux œillères d’une pensée débile où le fait majoritaire est contesté au nom de la démocratie.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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Combattre Guantanamo ou défendre l’indéfendable

Quelle est la raison pour laquelle la création d’un camp de rétention administrative pour les fichés S au titre de l’islamisme est combattue aujourd’hui ? Parce qu’elle constituerait une concession aux idées de droite. Cet argument, nous en trouvons un exemple dans le délétère Slate qui écrit :

Là tout de suite, j’ai envie d’être peinarde au quotidien. Et si nous nous étions complètement plantés ? C’est un texte compliqué à écrire parce que j’aimerais tellement être droite (!) dans les bottes de mes convictions si vous saviez… J’aimerais dire que je ne me pose pas de questions, j’aimerais affirmer que je ne m’interroge pas sur le fameux angélisme de gauche. Mais la réalité c’est que je me surprends à penser l’espace de quelques secondes que tous ces types qu’on avait plus ou moins repéré, il faudrait les coller dans un camp pour les empêcher de nuire.

La pauvre imbécile qui écrit ce texte, pseudonymée Catnatt (je suis de gauche, je donne des leçons de liberté, mais je n’ai quand même pas le courage de dévoiler mon nom), nous explique en substance qu’être de gauche, c’est ne pas penser court, ni expéditif, ni radical (bref être compliqué, alors que l’homme de droite ne se pose pas de questions, c’est bien connu), et qu’au titre de la complication il faut défendre l’indéfendable, même si ses convictions lui commandent le contraire.

Et, second argument (tenu par les gens qui se posent des questions, les autres ne s’en posant pas), on ne peut pas priver les islamistes de liberté, parce que ce serait renier nos valeurs. Mais on le concède :

Combien de gens vont mourir ? Il serait illusoire de penser qu’il n’y aura pas d’autres morts, pas d’autres attentats. Est-ce que je vais perdre des gens que j’aime au détour d’une boîte, d’un café ? Tout ça tourne en boucle dans ma tête et j’envisage des solutions radicales, anti-démocratiques quelques secondes.

On notera une fois de plus l’égoïsme profond des grands défenseurs de la "solidarité", valeur de gauche bien connue. J’ai une priorité : c’est ma bonne conscience. Une priorité seconde : des amis pourraient mourir. Une priorité tierce : des "gens" vont mourir. Au nom de la solidarité, je m’intéresse d’abord à moi, puis aux gens que j’aime, puis aux autres.

>>>> A lire aussi : La France doit-elle se résoudre à aller au bout de la logique de la guerre contre le terrorisme (et à quel prix pour notre Etat de droit) ?

La dictature, c’est maintenant

Il faut peut-être expliquer à cette sombre idiote de Catnatt un facteur qu’elle a oublié : pour préserver la "démocratie" face aux fichés S, c’est l’ensemble de la population française qui a sombré dans la dictature. Mais il est tellement plus simple de l’ignorer !

Tellement plus simple de ne pas voir que la loi sur le renseignement a balayé le respect de la vie privée, le respect du contradictoire dans le domaine judiciaire, et replongé la France dans un état de non-droit qu’elle devrait combattre, et cela pour tous les Français… aux seules fins de ménager la susceptibilité de quelques milliers de terroristes potentiels.

Tellement plus simple de ne pas voir que, pour protéger la liberté de tueurs fascistes en série, l’état d’urgence a donné d’énormes coups de couteaux dans le pacte démocratique de tous les Français, et d’abord dans celui dont les honnêtes gens peuvent se revendiquer.

Tellement plus simple de ne pas voir que ce qu’on appelle démocratie est en réalité un triomphe de la pensée unique où les institutions officielles expriment quotidiennement leur préférence pour le mensonge et le passage en force contre la majorité des Français.

Alors le sujet, Mme Catnatt, qui se pose à nous, n’est pas de choisir entre la démocratie et la sécurité, mais bien de choisir entre la violation des droits de tous les Français pour sauver ceux de quelques terroristes, ou la violation des droits de quelques terroristes pour sauver ceux de tous les Français.

Pour ma part, j’ai choisi mon camp !

Cet article a été publié dans sa version originale sur le site d'Eric Verhaeghe, et est disponible ici

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