Syrie : Ayrault diffuse ses preuves, Bachar al-Assad met en garde la France et les Etats-Unis<!-- --> | Atlantico.fr
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Bachar el Assad lors de son entretien au Figaro.
Bachar el Assad lors de son entretien au Figaro.
©Reuters

Attention danger

Les politiques continuent de se déchirer sur la marche à suivre concernant une intervention militaire.

Les jours se suivent et se ressemblent lorsqu'il s'agit des discussions sur l'intervention militaire en Syrie. Comme annoncé, le gouvernement français a déclassifié hier, lundi 2 septembre, une note de de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) et la Direction du renseignement militaire (DRM). Celle-ci est formelle : l'attaque du 21 août a été perpétrée par le régime de Bachar Al-Assad et son clan, les "seuls habilités à donner l'ordre d'utiliser des armes chimiques". Selon le document, il s'agissait en effet d'une "attaque massive et coordonnée dont les rebelles n'ont pas les moyens".

Le ministère de la Défense a, de son côté, mis en ligne six vidéos "expertisées" et "authentifiées",montrant les symptômes résultant de l'attaque chimique. On y découvre des corps inanimés ou saisis de convulsions, y compris d'enfants, qui attestent selon les services de Jean-Yves Le Drian de l'utilisation d'agents chimiques contre les populations civiles. Dans une interview au Figaro, Bachar al-Assad a nié l'utilisation d'armes chimiques. "Supposons que notre armée souhaite utiliser des armes de destruction massive: est-il possible qu'elle le fasse dans une zone où elle se trouve elle-même et où des soldats ont été blessés par ces armes, comme l'ont constaté les inspecteurs des Nations unies en leur rendant visite à l'hôpital où ils sont soignés? Où est la logique?", s'interroge-t-il.

Syrie Synthese Nationale de Renseignement Declassifie 02-09-2013

Dans le même temps, The Independent révèle que le gouvernement britannique a autorisé en janvier 2012 une entreprise à livrer à la Syrie du fluorure de sodium et de potassium, deux substances pouvant servir à créer des agents neurotoxiques similaires au gaz sarin. Dans une lettre datant d'il y a six mois, le ministre du Commerce, Vince Cable affirmait que "ces agents étaient destinés à une utilisation civile". Mais les services de renseignement occidentaux soupçonnant depuis longtemps le régime syrien d'utiliser des entreprisesfantômes pour justifier l'importation de composants pouvant être utilisés dans des armes, l'Union européenne avait fini par interdire leur exportation vers la Syrie en juin 2012. Une mesure qui n'a visiblement pas empêché le pays de s'en procurer, Bachar al-Assad laissant planer le doute - "Je ne dis nullement que l'armée syrienne possède ou non de telles armes".

Alors que Barack Obama a réussi à convaincre John McCain de l'intérêt d'une intervention militaire - le républicain estime désormais qu'il serait "catastrophique" que le président américain obtienne un rejet d'une résolution autorisant l'usage de la force en Syrie -, les politiques français continuent de tergiverser sur la méthode à suivre. Si Christian Jacob (UMP) "n'imagine pas que le président de la République puisse s'affranchir d'une résolution des Nations-Unies", Bruno Le Maire estime qu'il est "inévitable et nécessaire qu'il y ait un vote du Parlement français". 

Mais le président de la République lui-même pourrait ne pas avoir tranché sur l'éventualité de demander un vote du Parlement. Selon Camille Langlade, journaliste sur iTélé, François Hollande ne songerait à appeler un vote que s'il est sûr de le gagner. Une hésitation qui tranche avec la détermination affichée par Jean-Marc Ayrault. Le premier ministre a réaffirmé la "détermination" de la France à intervenir. Une position qui semble ne pas convenir au vice-président du Front national, Florian Philippot. "Nous sommes devenus les toutous des Etats-Unis", estime-t-il.

Face aux hésitations de l'Occident, Bachar al-Assad prévient : "Le Moyen-Orient est un baril de poudre, et le feu s'en approche aujourd'hui (…) Quiconque contribue au renforcement financier et militaire des terroristes est l'ennemi du peuple syrien. Quiconque œuvre contre les intérêts de la Syrie et de ses citoyens est un ennemi. Le peuple français n'est pas notre ennemi, mais la politique de son État est hostile au peuple syrien. Dans la mesure où la politique de l'État français est hostile au peuple syrien, cet État sera son ennemi."

Et il met en garde la France. Pour lui, elle sera l'ennemie de la Syrie si elle participe à une intervention contre le régime de Damas. "Quiconque oeuvre contre les intérêts de la Syrie et de ses citoyens est un ennemi", dit le dirigeant syrien dans un entretien paru ce mardi dans le Figaro.

"Le peuple français n'est pas notre ennemi mais la politique de son État est hostile au peuple syrien. Dans la mesure où la politique de l'État français est hostile au peuple syrien, cet État sera son ennemi. Cette hostilité prendra fin lorsque l'État français changera de politique. Il y aura des répercussions, négatives bien entendu, sur les intérêts de la France."

Bachar al Assad ne nie pas que son armée possède des armes chimiques mais dément les avoir utilisées. "Supposons que notre armée souhaite utiliser des armes de destruction massive : est-il possible qu'elle le fasse dans une zone où elle se trouve elle-même et où des soldats ont été blessés par ces armes comme l'ont constaté les inspecteurs des Nations unies en leur rendant visite à l'hôpital où ils sont soignés? Où est la logique?", dit-il. "Toutes les accusations se fondent sur les allégations des terroristes et sur des images vidéo arbitraires diffusées sur internet", ajoute-t-il. Bachar al Assad reste donc très déterminé à défendre son pays et ses intérêts. 

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