Suicide mode d'emploi : Alain Juppé veut-­il faire élire Marine Le Pen ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
Suicide mode d'emploi : Alain Juppé veut-­il faire élire Marine Le Pen ?
©REUTERS/Regis Duvignau

Et on va où la ?

D’ici 2017 bien des choses peuvent changer. Mais le scénario apparemment improbable n'est pas pour autant à exclure.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

Voir la bio »

Les sondages sont – précaution nécessaire pour tous les commentateurs – une photographie de  l'opinion au moment même où ils sont réalisés. A l'heure qu'il est donc ils font d’Alain Juppé l'homme politique le plus populaire de France. A l'heure qu'il est ils sélectionnent Marine Le Pen pour le deuxième tour de l’élection présidentielle. A l'heure qu'il est ils éliminent François Hollande de cette compétition, distancé qu'il serait par la candidate du FN et par celui de l'UMP quel qu'il soit.

Que se passerait-il si l'ancien Premier ministre était choisi lors des primaires pour porter les couleurs du parti dont Nicolas Sarkozy est le président ? Pour le comprendre il convient de regarder de près la stratégie – que l'on suppose sincère – d’Alain Juppé. Depuis de longs mois il tape sans discontinuer sur le FN et sur Nicolas Sarkozy, son rival, supposé avoir un faible pour l'idéologie frontiste. Ça lui assure un certain capital de sympathie dans l'opinion, des sympathisants de gauche se portant amoureusement vers lui.

Là où les choses se gâtent c'est quand on regarde les sondages de plus près. Le dernier en date (Ifop - Paris Match) précise en effet que 62% des sympathisants UMP (contre 38%) lui préfèrent Nicolas Sarkozy. Comment voteraient-ils dans l’hypothèse d'un second tour Juppé-Marine Le Pen ? En politique la passion existe. Et elle peut parfois prendre la forme d'un ressentiment dévastateur.

Le ressentiment, Alain Juppé connaît bien. Il a dû beaucoup souffrir de n'avoir été que le ministre des Affaires étrangères de Nicolas Sarkozy. Travailler sous la férule d'un imposteur (qui avait trahi Chirac au bénéfice de Balladur) devait en effet lui paraître très pénible. Alors que c'est lui, Alain Juppé, qui se voyait en seul héritier légitime de Jacques Chirac. Ça ne se pardonne pas...

Humainement - et un homme politique est aussi un être humain – il veut sa revanche, sa vengeance. Comment, lui, si intelligent et si réfléchi, accepterait-il une deuxième présidence d'un agité de première ? Ce faisant – et doté par le ressentiment – il prépare peut-être son propre suicide.

Les sondages montrent en effet une très forte radicalisation de l’électorat de droite. Nicolas Sarkozy, tacticien intuitif, prend cette donnée en compte : «  Marine Le Pen est un symptôme, pas une solution ». Alain Juppé n'en a cure. Il compte sur Bayrou. Or il devrait s'en méfier. Le patron du Modem a déjà trahi une fois en appelant à voter Hollande en 2012. Traître un jour, traître toujours...

Les électeurs UMP ne sont pas prêts à pardonner à Juppé ce genre d'alliance. Chez eux non plus le ressentiment n'est pas absent. Dans un face à face Juppé - Marine Le Pen on peut penser qu'ils seraient nombreux à voter pour cette dernière. Et encore plus nombreux à aller, le jour du scrutin, se promener à la campagne. Et qui serait élu alors ? Peut-être pas Alain Juppé.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !