Specialized S-Works Venge ViAS : le vélo star du Tour de France 2015, c’est déjà lui<!-- --> | Atlantico.fr
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Le vélo Specialized S-Works Venge ViAS, utilisé par l'équipe Tinkoff pendant le Tour de France 2015.
Le vélo Specialized S-Works Venge ViAS, utilisé par l'équipe Tinkoff pendant le Tour de France 2015.
©S-Works Venge ViAS

Fend la bise

La course à la technologie dans le sport fait rage et le cyclisme ne fait pas exception. Le vélo Specialized S-Works Venge ViAS que chevauche l'équipe Tinkoff pendant le Tour de France 2015 promet des performances très intéressantes sur le papier. Reste à vérifier les capacités de cet engin sur la route.

Jean-Pierre de Mondenard

Jean-Pierre de Mondenard

Jean-Pierre de Mondenard est un médecin du sport français. 

Il a exercé à l'Institut national des sports de 1974 à 1979 et suivi en tant que médecin la plupart des grandes épreuves cyclistes, notamment le Tour de France à trois reprises de 1973 à 1975 où il était en charge des contrôles anti-dopage.

Il est l'auteur d'une quarantaine d'ouvrages de médecine du sport dont six sur le dopage sportif. Il est l'auteur du livre : Tour de France : tous dopé ? (Editions Hugo doc, 2011) ainsi que de "Dopage dans le football, la loi du silence", éd. Gawsewitch, 2010, "33 vainqueurs du Tour de France face au dopage", éd. Hugo-Sport, 2011, "Histoires extraordinaires des géants de la route", éd. Hugo-Sport, 2012, "Les Grandes Premières du Tour de France", éd. Hugo-Sport, 2013

 

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Le cyclisme est une question de jambes et de volonté, mais pas que… Le matériel a son importance et la recherche dans ce domaine est digne de ce qui est pratiqué dans la Formule 1. Travail sur les matériaux, tests poussés en soufflerie, tout est bon pour faire des vélos des champions des bêtes de course. Le S-Works Venge ViAS utilisé sur le Tour de France 2015 par l’équipe d’Alberto Contador promet des performances exceptionnelles qui donneraient un avantage certain aux coureurs qui luttent contre l’asphalte et leurs concurrents.

Atlantico : Le vélo S-Works Venge ViAS qui équipe la Team-Tinkoff-Saxo sur le Tour de France est l’objet de toutes les attentions dans le petit monde du cyclisme en raison de ses performances a priori très intéressantes dues à son aérodynamisme (120 secondes de gagnées sur 40 kilomètres par rapport à l’ancien modèle).  A-t-on affaire à une révolution technique en la matière ?

Jean-Pierre de Mondenard : Si les informations en termes de performances sont exactes (et les raisons de douter de certains chiffres donnés sont réelles), j’imagine que les autres équipes ne vont pas se laisser faire surtout que l’impact du Tour de France est énorme. Les équipes ne peuvent pas passer à côté d’une épreuve aussi médiatique à cause d’un matériel largement dépassé par la concurrence. Si cela fonctionne, je suis très étonné que les autres équipes n’essaient pas d’avoir le même matériel.

Le guidon de triathlète apporte 2 % d’amélioration par kilomètre ce qui est considérable. Lorsque Greg Lemond a battu Laurent Fignon en 1989, il utilisait ce tout nouveau type de guidon, « le guidon qui gagne » comme je l’avais écrit le lendemain dans Le Figaro. Sans ce guidon, Fignon aurait gagné le Tour de France. Aujourd’hui, nous sommes dans le même ordre d’idée si l’on en croit les données fournies par la marque. Cela représente 10 minutes de gagnées sur une étape de 200 kilomètres.

Les innovations technologiques ne risquent-elles pas de tuer le cyclisme ?

Tant que le vélo ressemble à un vélo classique cela n’est pas gênant. Mais si la machine s’éloigne de la silhouette d’un vélo, les innovations techniques peuvent alors poser problème. La force du Tour de France est que les gens peuvent s’identifier aux coureurs qui pédalent. Si les vélos ressemblent à tout sauf un vélo, l’identification aux athlètes est impossible. Le vélo d’un champion coûte dix milles euros ou plus, mais il reste très proche dans la forme à ce que la plupart des gens sont en mesure de s’offrir.

La course au record du monde de l’heure qui a longtemps été laissée de côté n’est-elle pas une simple course à la meilleure machine comme on a pu le voir dans la natation avec les combinaisons intégrales ?

C’est une course à la meilleure machine en effet. En 2000 les instances ont décidé de ne pas homologuer tous les recordman de l’heure qui avaient battu les meilleurs temps de l’épreuve sur des vélos futuristes (Rominger, Hindurain, Boardman, etc.). En 2014, l’Union cycliste internationale (UCI) a finalement autorisé l’utilisation du guidon de triathlète et c’est ainsi que l’Allemand Jens Voigt a battu un record vieux de 2005. En autorisant les vélos avec le guidon de triathlon, les coureurs bénéficient de quatre appuis. Cela permet de diminuer la surface frontale et la pénétration dans l’air. Le vrai  étalonnage du record du monde de l’heure s’est fait en juin dernier avec Bradley Wiggins qui a roulé à 54,526 km/h. Ce record devrait rester longtemps entre 54 km/h et 55 km/h. Le record ne sera pas atomisé sauf si de nouvelles conditions sont décidées par l’UCI. Si on ajoute d’autres éléments tout est possible, il faut bien regarder qui roule avec quel matériel et voir si tout cela est comparable.

Plusieurs polémiques concernant l’utilisation de vélos électriques ont secoué le peloton ces dernières années.  L’utilisation de telles machines en compétition officielle relève-t-elle d’un mythe ?

Je pense qu’il faut s’inquiéter. Tous ceux qui se dopent utilisent les mêmes produits, c’est pourquoi le vélo électrique peut apporter un plus et tant que vous n’êtes pas pris, cela peut se faire. L’hypothèse de l’utilisation du vélo électrique sur le Tour de France ne doit pas être rejetée en bloc. Le doute est permis. La triche est consubstantielle à l’homme. L’être humain cherche à tricher pour gagner surtout dans notre société actuelle. C’est l’encadrement familial ou autre qui va vous faire adopter un comportement plus social. Malheureusement, la compétition exacerbe l’envie d’être sur le podium et donc reconnu. Tous les moyens sont bons dont y compris peut-être le vélo électrique. L’UCI doit être plus drastique dans les contrôles afin de s’assurer de l’équité de tous. 

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