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Des combattants kurdes.
Des combattants kurdes.
©Reuters

L’ère du vide

Il faut parfois s’effacer devant un texte quand il dit ce qu’on pense mieux qu’on ne saurait le dire. Voici donc ce texte, et en tout cas, ses passages essentiels.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

Voir la bio »

Fabrice Hadjadj est philosophe. Il a prononcé une allocution (reproduite par le Figaro) à la Fondation de Gasperi devant les ministres italiens de l’Intérieur et des Affaires Etrangères, le Président de la Communauté Juive de Rome, le Vice-Président des Communautés Islamiques de la Ville. Plus une imprécation qu’une allocution. Fabrice Hadjadj est un imprécateur. Et nous avons besoins d’imprécateurs. Des Bossuet, pas des abbés Sieyès ("et qu’avez-vous fait pendant la Terreur ? J’ai vécu !").

Il commence par citer Philippe Muray, un autre imprécateur :

Chers djihadistes, craignez la colère du consommateur, du touriste, du vacancier descendant de son camping-car ! Vous nous imaginez vautrés dans des plaisirs et des loisirs qui nous ont ramollis ? Eh bien nous lutterons comme des lions pour protéger notre ramollissement. Nous nous battrons pour tout, pour les mots qui n’ont plus de sens, et pour la vie qui va avec.

Puis Fabrice Hadjadj reprend la parole :

Et l’on peut ajouter aujourd’hui : nous nous battrons spécialement pour Charlie Hebdo, journal hier moribond, et qui n’avait aucun esprit critique – puisque critiquer, c’est discerner, et que Charlie mettait dans le même sac les djihadistes, les rabbins, les flics, les catholiques, les Français moyens – mais nous en ferons justement l’emblème de la confusion et du néant qui nous animent !

Et la voix du philosophe se fait plus forte. Face au fanatisme islamique, nous n’avons, dit-il, que notre fanatisme à opposer : celui du confort et du supermarché.

Les islamistes savent que les utopies humanistes qui s’étaient substituées à la foi religieuse se sont effondrées. En sorte qu’on peut se demander avec raison si l’Islam ne serait pas le terme dialectique d’une Europe techno-libérale qui a rejeté ses racines gréco-latines et ses ailes juive et chrétienne.

Et il entrevoit une fin de l’Histoire possible : "Dieu (Allah) + le capitalisme + les houris de harem + les souris d’ordinateur".

En conclusion, Fabrice Hadjadj interpelle avec colère son auditoire.

Vous êtes romains, mais avez-vous des raisons fortes pour que Saint Pierre ne connaisse pas le même sort que Sainte Sophie ? Vous êtes italiens, mais êtes-vous capables de vous battre pour la Divine Comédie, ou bien en aurez-vous honte, parce qu’au chant XXVIII de son Enfer, Dante ose mettre Mahomet dans la neuvième bolge du huitième cercle (la fosse des schismatiques et des semeurs de trouble) ?

Tout est dit. Nous avons perdu toute raison d’être, tout sens de la vie et de la dignité. Qui voudrait mourir pour protéger cette vie là ? Pour quoi mourir ? Combien de Français sont allés rejoindre les courageux combattants kurdes de Kobané qui se battent pour notre liberté et la leur ? Mais il s’est trouvé des centaines de Français pour s’enrôler chez les djihadistes coupeurs de têtes. Combien de Français sont prêts à mourir pour la France ? Mais c’est où, la France ? Combien de Français accepteraient de se faire trouer la peau pour l’Occident ? Mais c’est quoi, l’Occident amputé de son corps gréco-latin et de ses ailes juive et chrétienne ?

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