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La classe politique a tort de ne pas prendre au sérieux le jugement de la Commission de Bruxelles sur le budget.
La classe politique a tort de ne pas prendre au sérieux le jugement de la Commission de Bruxelles sur le budget.
©Reuters

L'Édito de Jean-Marc Sylvestre

La classe politique a tort de ne pas prendre au sérieux le jugement de la Commission de Bruxelles sur le budget. Hormis l’humiliation, la France risque le dépôt de bilan. La mécanique est très simple à comprendre.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Théoriquement, c’est mercredi que Paris doit présenter à Bruxelles son projet de loi de Finances et on sait déjà que ce projet ne correspond pas aux normes d’équilibre édictées par la Commission. En fait, Paris a du mal à présenter un déficit qu'il faudrait raboter de 8 milliards d’euros : soit en augmentant les recettes fiscales, soit en diminuant les dépenses.

C’est pourquoi Manuel Valls et Emmanuel Macron expliquent partout qu’ils vont engager des réformes de structures, sur le modèle social et sur le droit du travail. Personne ne sait si ces réformes seront mises en œuvre, l’important c’est que la Commission et les marchés le croient. Ce n’est pas gagné. Si la Commission de Bruxelles rejette le projet de budget, elle a toute une palette de réactions et de sanctions. Les risques encourus par Paris sont multiples.

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Bruxelles peut nous infliger une amende. Cette amende est calculée au prorata du dépassement et du PIB. Cette sanction, qui pourrait atteindre 5 ou 6 milliards d’euros, serait complètement stupide. C’est comme si on condamnait quelqu’un à payer une forte somme parce qu'il ne peut pas payer sa dette. Le problème français serait pire. Bruxelles peut à nouveau nous accorder un délai pour ajuster nos comptes mais nous mettre sous surveillance. Ça ne serait pas très glorieux pour nous mais ça faciliterait les choses. Enfin Bruxelles peut nous aider à construire un nouveau budget pour raboter un déficit excessif.

En résumé, tout cela est gérable. Le problème c’est qu’une sanction de Bruxelles aura un autre impact sur les conditions d’emprunt qui nous sont faites, les taux d’intérêt augmenteront.

Actuellement, la France emprunte à des taux ridiculement bas. Lundi, la France a même emprunté 8 milliards d’euros à des taux négatifs (-0,33% en moyenne). Et depuis deux mois, les financiers internationaux prêtent de l’argent à des taux négatifs. Ça veut dire qu’ils paient pour placer leur argent en France. Incroyable ! Alors que l’on emprunte toujours plus, nos frais financiers diminuent, pourquoi se gêner ?

La vraie question serait de savoir pourquoi les investisseurs internationaux paient pour placer leur argent en France alors que la situation économique est exécrable.

Ils le font parce qu’ils considèrent que la France est encore un des pays au monde parmi les plus sécurisés pour les placements. Donc placer son argent à Paris c’est le protéger et le mettre à l’abri. Pourquoi serait-t-il à l’abri ? Tout simplement parce que la France est encore une grande puissance économique, qu’elle est protégée par son appartenance à la zone euro et par sa proximité avec l’Allemagne. C’est l’Allemagne et la zone euro qui nous permettent d’avoir des taux aussi bas.

Mais il y a une autre raison. Les investisseurs considèrent que la France est un pays où les contribuables sont très sérieux. Ils considèrent aussi qu‘il existe en France une capacité à réduire les dépenses. Il y a de la marge. C’est exactement ce que dit Bruxelles et que Paris refuse d’entendre.

Si Paris se fait retoquer son budget, cela voudra dire que tous les arguments précédents tombent. Cela voudra dire que les investisseurs prennent un risque en plaçant leur argent à Paris. Et si les préteurs prennent un risque, ils le feront payer par une hausse des taux d’intérêt.

Une hausse des taux et c’est la fin du modèle français. Si Manuel Valls et Emmanuel Macron font autant de contorsions pour convaincre Bruxelles qu’ils peuvent faire des réformes, c’est pour protéger leur trésorerie et éviter un dépôt de bilan.

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